Au terme d’un déplacement de 4 jours au Somaliland, j’ai fait une conférence de presse depuis l’aéroport pour exprimer ma gratitude.
Je salue Abdul Rahman Yassin Mohammed, ambassadeur du Somaliland en France, qui a organisé ce voyage et m’a accompagné tout au long de mes rendez-vous.
Victor Hugo a dit : “Ceux qui vivent sont ceux qui luttent”.
Depuis 33 ans, le Somaliland est une démocratie indépendante, non reconnue par les nations unies.
À l’image du divorce entre la République tchèque et la Slovaquie, Mogadiscio devrait prendre l’exemple de Prague et formaliser cette séparation de fait pour repartir d’un bon pied.
Longue vie à l’amitié entre la France et le Somaliland.
Longue vie à la République du Somaliland.
avec Abdul Rahman Yassin Mohammed, ambassadeur du Somaliland en France
Premier déplacement au Somaliland, pays côtier du golfe d’Aden, entre Djibouti, l’Éthiopie et la Somalie.
Colonie britannique depuis 1888, le Somaliland devient indépendant le 26 juin 1960 et est reconnu par plus d’une trentaine d’États. Cinq jours plus tard, le Somaliland s’unît au territoire qui s’affranchît de la tutelle italienne.
Suite à un coup d’état militaire marxiste-léniniste de Mohamed Siad Barre, soutenu par l’Union soviétique en 1969, le Somaliland se révoltera face à la dictature et fera l’objet d’une féroce répression. Hargeisa est bombardée. 70 000 personnes meurent, dont 50 000 civils, soit 5% des habitants. La ville se vide et près d’un million de personnes se réfugie en Éthiopie et partout dans le monde.
En 1991, Mohamed Siad Barre est renversé et le Somaliland déclare son indépendance en retrouvant ses frontières reconnues en 1960. Dix ans plus tard, en mai 2001, l’indépendance est entérinée par un référendum qui remporte 97,1% de oui.
Mais la communauté internationale ne reconnaît toujours pas le Somaliland.
Pourtant ce pays est devenu une démocratie exemplaire pour le continent africain.
En venant au Somaliland, je souhaite promouvoir son modèle de société démocratique qui conforte le développement humain.
Je remercie Abdul Rahman Yassin Mohammed, ambassadeur du Somaliland en France, d’avoir organisé ce voyage et de m’avoir accompagné tout au long de mes rendez-vous.
Diplomatie parlementaire
Président de la République
Très honoré d’avoir eu un entretien privilégié avec le Président de la République du Somaliland, Muse Bihi Abdi, en présence du vice-ministre des Affaires étrangères de la République du Somaliland, Abdul Nasser Omar, et Abdul Rahman Yassin Mohammed, ambassadeur du Somaliland en France.
Le président a salué l’action de la France en faveur de la liberté et considéré qu’elle a un rôle majeur à jouer pour faciliter le dialogue entre la Somalie et le Somaliland.
La France a une expertise dans la région suite à son travail avec les Britanniques lors de l’établissement des frontières.
Le président a également souhaité que la France contribue directement au Somaliland Dévelopment Fund (SDF), à l’image de ce que font d’autres pays de l’Union européenne, et s’engage pour consolider l’essor de cette jeune démocratie.
Pour marquer l’attachement de la France à la démarche de son pays, j’ai rappelé au président Bihi que le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, cher au Somaliland, avait été inspiré par Jean-Jacques Rousseau et la philosophie des Lumières. +d’images
Ministère de l’intérieur
Le ministre de l’Intérieur JSL Maxamed Kaahin Ahmed, m’a accueilli dans son bureau, en présence de l’ambassadeur du Somaliland en France M. Abdirahman Yasin et des dirigeants du ministère, Abdullahi Ahmed Caarshe, directeur des médias et des relations publiques au ministère de l’Intérieur.
Le Somaliland est reconnu comme un pays stable et paisible, où les élections ont obtenu un satisfecit de la communauté internationale, qui avait dépêché 150 observateurs.
Le ministère de l’intérieur a 3 forces :
– Police
– Immigration
– Garde-côtes
Depuis l’indépendance du Somaliland en 1991, aucun acte de piraterie maritime n’a été constaté au départ de ses côtes, à la différence de son voisin la Somalie.
Le Somaliland joue un rôle déterminant dans la stabilité de l’Afrique orientale.
La présence des Shebabs est avérée en Somalie où la situation se détériore, en particulier au Putland. L’organisation terroriste combat côte à côte avec des leaders traditionnels d’un clan qui est présent en Somalie, au Somaliland et en Éthiopie.
Les Shebabs ont réussi à s’établir à Las Anod, au sud-est du Somaliland pour en faire un nouveau repaire, en usant de malices. C’est un de leurs objectifs de longue date. Les Shebabs ont, par le passé, visé des élus de cette localité du Somaliland pour les éliminer. Le Somaliland demande l’assistance de la France pour la formation de ses unités anti-terroristes.
J’ai salué l’action du ministère qui offre des conditions de sécurité et de tranquillité pour la population du pays, comme j’ai pu l’observer.
J’ai également exprimé ma solidarité avec leur démarche de recherche d’un cessez-le-feu à Las Anod et ai assuré le ministre de ma détermination à mobiliser la France pour les aider à lutter contre cette organisation terroriste maléfique. +d’images
Ministère des Affaires étrangères
Rencontre avec le vice-ministre des Affaires étrangères de la République du Somaliland Son Excellence Abdul Nasser Omar, en présence d’Abdul Rahman Yassin Mohammed, ambassadeur du Somaliland en France.
Nous avons discuté des moyens de renforcer notre relation bilatérale.
Le Somaliland remercie les pays qui s’investissent pour contribuer à son développement, comme les Émirats Arabes Unis, Taiwan, l’Éthiopie, ou plus modestement la Turquie et Djibouti.
De leur côté, les pays européens comme les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède contribuent directement au travers du fonds de développement du Somaliland (SDF).
Les États Unis appuient aussi le développement du Somaliland grâce à US Aid. Une convention est en cours de négociation pour qu’un bureau de représentation américain ouvre, à l’image de celui de Taiwan ou de la Turquie.
Parlement
Un point presse a suivi mon arrivée.
J’ai été accueilli à l’aéroport par un représentant de chaque chambre : Salah Mohamed Diriyé, membre de la chambre des Représentants, et Abdiqadir Mohamed Hassan, président de la commission des Affaires étrangères de la chambre des Anciens, en présence d’Abdul Rahman Yassin Mohammed, ambassadeur du Somaliland en France.
Entretien à la chambre des Anciens avec Saleimàn Mohamoud Aden, président ; Said Jama Ali, vice-président ; et Abdiqadir Mohamed Hassan, président de la commission Affaires étrangères, qui m’a accueilli la veille à l’aéroport.
Le Président m’a chaleureusement remercié de ma visite et pour ma contribution à faire progresser la notoriété du Somaliland dans le monde.
“Nous vous devons une information. Nous sommes indépendants depuis 33 ans. Même si la communauté internationale ferme les yeux sur nous… le Somaliland est bien vivant.” Force est de constater qu’il n’est pas si fréquent de voir un pays africain avec une démocratie si active marquée par des alternances politiques.
Le président de la commission des Affaires étrangères m’a remercié pour l’accueil fait l’an dernier à leur délégation au Sénat. Il sollicite le soutien du groupe d’amitié pour favoriser des actions de formation pour améliorer le fonctionnement de la chambre des Anciens.
Lors de la conférence de presse finale, j’ai déclaré que si le Somaliland et la Somalie s’étaient unis en 1960, quelques jours après leurs indépendances respectives, le Somaliland s’est séparé de la Somalie depuis 33 ans.
Le Somaliland a connu des élections régulières, dispose de solides institutions, d’une armée, de forces de sécurité, d’une sécurité sociale…
C’est un pays qui progresse. Le temps est sans doute venu pour que la communauté internationale reconnaisse cette séparation et prononce le divorce. +d’images
Média – Interview sur Saab
À l’issue de l’entretien à la chambre des Anciens, j’ai donné une interview à de nombreux médias locaux.
“Il est maintenant temps pour la communauté internationale de voir le Somaliland comme un pays libre avec des élections libres !”
Interview diffusée par Saab TV
Ambassade de Taïwan
L’ouverture de l’ambassade de Taiwan au Somaliland en août 2020, accompagnée d’un accord de coopération entre les deux pays, a constitué une nouvelle étape dans le développement du Somaliland.
Allen Chenhwa Lou, ambassadeur de Taiwan au Somaliland, m’a accueilli avec son équipe dans la représentation officielle.
80% de l’aide en masques parvenue au Somaliland pendant la Covid, provenait de Taiwan, qui aussi a offert 150 000 doses de vaccins.
Un programme de coopération multiforme a été développé. L’assistance au développement dans le domaine de la sécurité alimentaire a permis d’améliorer la production de fruits et légumes. Une ferme modèle a été lancée en 2021.
Taiwan apporte également son savoir-faire pour améliorer le système de santé, digitaliser l’administration et développer sa cybersécurité.
Enfin, Taïwan participe aux différentes opportunités de développer l’économie du Somaliland, en contribuant à l’exploitation des ressources situées dans le sous-sol. +d’images
Communauté française
Les Amis de la France
J’ai partagé ma dernière soirée au Somaliland avec l’association des Amis de la France présidée par Saïd Carton.
J’y ai rencontré plusieurs franco-somalilandais comme lui, dont des jeunes femmes qui font preuve d’un grand tempérament et travaillent en toute indépendance pour des entreprises situées dans le golfe.
Les échanges m’ont marqué. Chacun a partagé sa région de naissance dans l’Hexagone et un attachement à la France indissociablement lié au Somaliland.
Les binationaux ne choisissent pas entre les deux patries qu’ils incarnent. La chanteuse et propriétaire du centre, MmeZahra Ahmed, dont le nom de scène est Sahra Halgan, en est le meilleur exemple. Engagée à 16 ans comme infirmière, dans la guerre d’indépendance du Somaliland, avant d’être réfugiée politique en France, elle illustre le courage d’un peuple qui a lutté pour les valeurs enseignées par les philosophes des Lumières.
Je suis également ravi d’avoir échangé avec Mme Halimo Youssouf, responsable du Centre Linguistique Française de l’université de Edna Adan qui fait vivre la francophonie au Somaliland.
De nombreux Somalilandais francophones ont grandi à Djibouti. Tous les participants suggèrent que les formalités administratives françaises puissent se faire à Djibouti plutôt qu’à Nairobi et que le passeport somalilandais soit reconnu par la France.
Merci à tous les participants pour cette soirée inoubliable. +d’images
Culture
Centre culturel
Présentation du centre culturel de Hargeisa par le Dr Jama Musse Jama, directeur général du Redsea Cultural Foundation (RCF), qui est également conseiller du président de la République pour les affaires internationales.
Le RCF a ouvert le centre culturel en août 2014 afin d’offrir un espace créatif à la jeunesse.
Le succès du centre doit beaucoup à la Foire internationale du livre de Hargeisa qui a attiré 11000 visiteurs en 2022 sur 6 jours. La prochaine foire ouvrira le 22 juillet 2023, sous le thème de la résilience avec le Maroc, en invité d’honneur.
Dr Jama suggère à RFI d’ouvrir une antenne au Somaliland. +d’images
Campagne de sensibilisation contre l’émigration illégale
Depuis plusieurs années, le Somaliland a développé des campagnes de sensibilisation pour dissuader sa jeunesse de s’engager sur le chemin de l’émigration illégale.
La lutte contre les passeurs a donné lieu à des arrestations au Somaliland.
J’ai observé 3 toiles au centre culturel qui décrivent l’engrenage de l’horreur des réseaux d’émigration illégale. Elles sont destinées à décourager les candidats pour éviter des drames :
. La première décrit l’illusion d’une vie facile en occident, présentée au travers des médias. Les passeurs font miroiter des facilités pour concrétiser le projet d’émigration chez les jeunes.
. Le second tableau illustre les bateaux surchargés qui sont le cercueil de nombreux migrants.
. Le dernier représente une jeune femme enchaînée et enceinte, victime de la traite des passeurs qui la livrent à la prostitution. Ils font ensuite du chantage envers ses parents en les menaçant de vendre un de ses reins pour que ces derniers paient une rançon, afin de la libérer. +d’images