Troisième étape de mon périple de deux semaines en Afrique. Merci à Jules-Armand Aniambossou, ambassadeur de France en Ouganda pour son accueil et sa capacité à créer de la dynamique collective, à l’image de son collègue de promotion à l’ENA, un certain… Emmanuel Macron.
Merci également à toute l’équipe du poste pour sa totale implication afin d’assurer la réussite de ma mission.
Je suis reparti déterminé à accompagner la démarche collective, entreprise par l’ambassadeur, pour créer une chambre de commerce Franco-ougandaise au plus tôt.
Diplomatie parlementaire
Parlement
Mon passage au parlement ougandais a été marqué par deux rencontres en compagnie de Jules-Armand Aniambossou, ambassadeur de France en Ouganda., après avoir visité leur hémicycle qui rappelle le parlement britannique.
Anita Annet Among, Présidente (speaker) du Parlement ougandais a été élue à ce poste le 25/3/2022, en remplacement de Jacob Oulanyah, décédé le 20/3 dernier aux États-Unis.
Élue députée représentant les femmes du district de Bukedea, nous avons évoqué les opportunités de développement de nos relations économiques offertes par le lancement du projet d’exploitation des réserves pétrolières du lac Albert.
Nous avons également évoqué les questions environnementales et les conséquences du réchauffement climatique.
Enfin, nous avons parlé des formidables possibilités du pays « où tout pousse » dans le domaine agroalimentaire.
Mathias Mpuuga, chef de l’opposition au Parlement, nommé le 28 mai 2021 par son parti, la National Unity Platform (NUP), dirigé par Bobi Wine.
6 partis d’opposition sont représentés au parlement réunissant 57 députés.
J’ai regretté que certains d’entre eux reprennent des propos insidieux à l’égard de la France relevant du narratif russe.
Concernant les remarques sur l’exploitation pétrolière, j’ai rappelé que Total Énergies est soumis à des règles déontologiques très strictes, ce qui n’est pas le cas d’autres pays qui nous font concurrence et dont les pratiques ne sont pas aussi scrupuleuses.
J’ai enfin constaté que la presse ougandaise ne se prive pas de critiquer ouvertement le pouvoir, ce qui n’est pas le cas en Russie.
Les réponses patientes et argumentées de notre ambassadeur face aux questions de l’opposition m’ont paru très convaincantes et démontrent que la France parle à tout le monde, en respectant chacun. +d’images
Ministère des Affaires étrangères
Déjeuner avec le directeur politique du ministère des Affaires étrangères ougandais, Arthur Kafeero, ainsi que le colonel John Bosco Asinguza.
Intéressant échange avec un diplomate chevronné, qui a officié à l’ONU pour représenter son pays et m’a permis d’appréhender l’évolution d’un pays issu d’une idéologie politique socialiste vers le libéralisme économique.
À l’international, l’Ouganda cherche à exporter la stabilité politique vers les pays voisins comme la Somalie, le Soudan ou encore l’est de la RDC.
Arthur Kafeero est convaincu que la sécurité et la stabilité dans la région sont bonnes pour l’Ouganda et les affaires.
La volonté de l’Ouganda est de se donner les moyens de ses ambitions pacifiques.
Le directeur politique m’a suggéré d’intégrer l’Ouganda dans les réflexions sur le bassin du Nil qui prend sa source dans ce pays lors d’une prochaine conférence sur l’hydrodiplomatie.
L’échange avec le colonel John Bosco Asinguza m’a permis de bénéficier de son retour d’expérience sur notre coopération en matière de formation.
Diplomatie économique
CCEF – Club d’affaires
Lors de la préparation de ce déplacement, nous avions convenu avec l’ambassadeur Jules-Armand Aniambossou, de nous fixer pour objectif de créer une chambre de commerce Franco-ougandaise afin de consolider le développement de notre relation bilatérale.
L’ambassadeur a organisé deux réunions à la Résidence de France pour nous permettre d’avancer dans cette réflexion, en présence de la conseillère économique Suzanne Prada (DG Trésor).
1 – Une réunion avec la section des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) qui compte 11 membres, présidée par Laurent-Charles Nicolas (Egis).
Le lancement du projet d’exploitation des réserves pétrolières du lac Albert, confié à Total Énergies (15 Mds $) va bénéficier à l’économie locale.
L’Ouganda qui importe le pétrole deviendra exportateur et cette ressource atteindra 15 à 20% de son PIB.
Total Énergie apparaît comme la locomotive pour entraîner d’autres entreprises françaises. Elles ont les atouts pour accompagner le développement de plusieurs secteurs prioritaires identifiés par les autorités.
L’objectif du pays est une industrialisation par la création de valeur ajoutée dans l’agriculture, le tourisme, l’industrie minière et pétrolière…
2 – Une réunion/cocktail avec le board du club d’affaires de Kampala
Avant de reprendre l’avion, j’ai annoncé mon total soutien à la démarche du club d’affaires qui vise à se transformer à terme en chambre de commerce bilatérale.
Le club d’affaires élira prochainement son président qui conduira ce projet.
De nombreuses opportunités d’affaires existent dans des domaines d’excellence de l’offre française : santé, éducation, énergie, environnement, agriculture, sécurité, infrastructures…. +d’images
Enseignement
École Française de Kampala (EFK)
Visite de l’École française des grands lacs créée en 1968. Dirigée par Christophe Raucher, elle accueille 219 élèves en 2022 : 70 en maternelle, 100 en primaire, 43 au collège et 7 au lycée.
Conventionnée avec l’AEFE depuis 1991, la classe de seconde est en cours d’homologation, l’école est en partenariat pour la 1ère et la terminale.
Lorsque les cours se finissent, les élèves peinent à quitter les lieux. Skateboard dans les couloirs et rires en toutes circonstances font de cette école un endroit de camaraderie où il fait bon vivre ensemble.
Le retour prévu de familles françaises expatriées parties pour cause de pandémie et l’inscription croissante d’enfants ougandais (27% des effectifs) permettent d’envisager l’avenir avec espoir, même si le contexte éducatif est particulièrement concurrentiel à Kampala.
Pour faire face à la concurrence et rester attractif, un programme de rénovation et d’extension des locaux est nécessaire.
J’ai suggéré que l’EFK développe un plan avec un objectif d’atteindre 400 élèves d’ici à 2030 pour mobiliser la communauté d’affaires, afin de participer à l’élan créé par l’ambassadeur. +d’images
Culture
Alliance Française de Kampala (AFK)
Rencontre avec l’Alliance française de Kampala créée en 1956, où j’ai retrouvé son directeur Patrick Gilles, précédemment en poste à Canberra.
J’ai visité les locaux, médiathèque, roof top, salles de classe et la salle de concert créée pour mettre en valeur la création ougandaise.
Le studio de la web radio francophone « Bonjour Kampala » hébergé à l’AFK, tout comme l’espace Campus France, participent à animer l’AFK.
Lors de l’échange avec des représentants ougandais des industries culturelles et créatives, j’ai apprécié leur regard positif sur la culture française et leur détermination à réinventer l’art africain.
Cette génération inspirée, avide de surprendre par ses créations, incarne un nouveau souffle qui pourrait surprendre agréablement. Je me réjouis de constater que la France accompagne leur démarche. +d’images
Environnement
Le jour de mon arrivée, après avoir été accueilli à la Résidence par notre ambassadeur de France en Ouganda, j’ai suivi sa suggestion de faire un tour sur le lac Victoria où 3000 Îles sont habitées.
La beauté des paysages et la diversité d’oiseaux qui ont choisi les multiples îlots pour en faire leur refuge attire la construction de resort haut de gamme.
70% de la population ougandaise vit sur les bords du lac. La montée de 1,35 mètres du niveau des eaux, liée au réchauffement climatique, affecte les habitants. Certains ont été contraints d’abandonner leur maison.
Autre aspect préoccupant, la pollution du lac est le résultat de plusieurs facteurs.
La pluie nettoie les sols agricoles et draine les produits chimiques dans le lac. Les détergents utilisés pour laver le linge directement dans le lac, le lavage des voitures, voire le rejet direct des huiles de vidange viennent également nourrir les algues vertes qui affectent la qualité de l’eau et alimentent la pression sur l’écosystème.
En voyant les pêcheurs, jeter leurs filets depuis leurs frêles esquifs selon une technique ancestrale, ou ceux qui draguent le sable pour venir créer des plages artificielles et sont à la merci de la moindre vaguelette susceptible de les renverser, on comprend pourquoi 5000 personnes perdent leur vie chaque année dans le cadre de ces activités.
Les mesures votées récemment par le parlement ougandais, exigeant le port de gilets de sauvetage peinent à être appliquées.
Cette visite m’aura permis de mettre l’accent sur l’importance d’engager une politique ambitieuse en matière d’assainissement pour accompagner l’important développement démographique du pays.
La France peut apporter une expertise utile à l’Ouganda dans ce domaine. +d’images