Premier déplacement à Brasilia, SEM Emmanuel Lenain m’a fait l’honneur de bien vouloir m’accueillir à mon arrivée et d’organiser une première séquence de travail à l’ambassade avec son équipe pour faire un tour d’horizon de la relation bilatérale.
Ce retour au Brésil était destiné à me permettre de participer au Congrès latino-américain des professeurs de français et premier Congrès panaméricain des professeurs de français.
« Je ferai en cinq années le progrès de cinquante », a dit J.K. (Joscelino Kubitschek), promoteur de cette ville construite en 1000 jours et inaugurée en 1960, qui se distingue par l’architecture moderne réalisée par Oscar Niemeyer.
Belle opportunité pour moi de découvrir la capitale fédérale et les rouages institutionnels de ce pays-continent qui avance à pas de géants.
L’agro-business pèse 153 milliards de dollars à l’exportation, dont la première part est aspirée par la Chine. Avec une croissance de 21% de la récolte au premier semestre 2023, le lobby agricole fait croître encore son influence.
Je remercie l’ambassadeur et son équipe pour l’organisation des multiples rendez-vous afin de me permettre d’accomplir ma mission, et Ana Fabia Ferraz Martins, présidente du conseil consulaire et conseillère des Français de l’étranger de la circonscription de Sao Paulo, qui m’a accompagné à chacune des étapes. +d’images
Francophonie
XVIII Sedifrale – Congrès pan-américain des professeurs de français de la FIPF
La Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) est une organisation internationale non gouvernementale qui rassemble 80.000 enseignants dans le monde au travers de 256 associations dans 118 pays.
À l’invitation de Cynthia Eid, présidente de la FIPF et d’Hélène Ducret, attachée de coopération éducative pour le Brésil, j’ai participé au lancement du premier congrès panaméricain des professeurs de français qui a réuni plus de 700 participants.
Lors de son intervention, Emmanuel Lenain, ambassadeur de France au Brésil, a rappelé que les 320 millions de locuteurs français devraient s’élever à 750 millions en 2050. Kinshasa serait la première capitale de la francophonie avec 17 millions d’habitants.
Les associations des professeurs de français rassemblent les enseignants du primaire à l’université. Le tissu associatif des professeurs de français des Amériques joue un rôle de tout premier plan. Ils sont les partenaires privilégiés des services de coopération et d’action culturelle (SCAC) de nos ambassades.
Dans un second temps, afin d’évaluer quel type de soutien institutionnel et de partenariat je pourrais apporter à la FIPF, j’ai eu un échange privilégié avec sa présidente, accompagnée de son secrétaire général Diego Fonseca, en présence de Fabienne Ricordel, directrice internationale du CNED, de Serge Borg, attaché de coopération pour le français, et Ana Fábia Ferraz Martins, CFDE au Brésil (Sao Paulo). +d’images
Intervention au Congrès de la FIPF
Le 23 novembre, j’ai eu l’honneur d’intervenir à l’occasion de la 5ème journée mondiale des professeurs de français, lors du congrès pan-américain des professeurs de français.
Cette opportunité m’a permis d’expliquer comment la diplomatie parlementaire pouvait constituer un soutien à l’action des professeurs de français à l’étranger.
J’ai rappelé l’objectif fixé par Emmanuel Macron de doubler le nombre d’élèves dans le réseau des écoles françaises à l’étranger. Pour y parvenir, la création de nouveaux établissements scolaires est un impératif. Le Brésil est une priorité. Ce pays ne compte que trois lycées français homologués (Brasilia, Rio et Sao Paulo). L’objectif d’ouvrir au moins trois nouveaux établissements (Curitiba, Belo Horizonte, Recife) est devenu un impératif politique pour le poste.
J’ai partagé l’innovation du « Pass Éducation langue française », qui sera introduite en 2024 par Olivier Becht, ministre du Commerce extérieur et des Français de l’étranger. Cette initiative est destinée à toucher un public d’enfants français à l’étranger qui ne sont pas dans le réseau AEFE pour leur permettre de parler français en s’appuyant sur le CNED pour accompagner les acteurs de l’enseignement du français (Alliances françaises, FLAM, Instituts français…).
C’est particulièrement important sur un continent où on évalue à deux tiers les enfants français, nés sur ce sol, qui ne parlent pas français.
J’ai évoqué l’évolution de l’Anefe pour accompagner cet élan en s’ouvrant à toutes les écoles qui enseignent en français dans le monde. Ma conclusion a porté sur l’importance du rôle des professeurs français à l’étranger pour défendre la francophonie.
Cela justifie l’action que j’ai engagée pour convaincre mes collègues parlementaires brésiliens de renoncer au projet de loi qui rendrait l’apprentissage de l’espagnol obligatoire, en seconde langue, dans les écoles publiques brésiliennes.
Cela relèguerait toutes les autres langues, dont le français, à une hypothétique troisième langue et un funeste destin.
On comprend pourquoi les professeurs de français sont inquiets face à cette perspective. La liberté est d’avoir le choix, ai-je rappelé. En supprimant le choix pour une seconde langue, on renonce à la liberté pour les élèves de l’école publique brésilienne, qui ne sont que 18% à apprendre une autre langue que l’anglais.
Merci à Hélène Ducret, attachée de coopération éducative pour le Brésil, Cynthia Eid, présidente de la FIPF et Serge Borg, attaché de coopération pour le français, pour la confiance qu’ils m’ont témoignée. +d’images
Professeurs brésiliens de français
À l’invitation de Denise Damasco, présidente du comité d’organisation du congrès, et de Pedro Magaliange, président de l’association des professeurs de français au Brésil, j’ai participé à un déjeuner consacré à leurs priorités.
Il nous est apparu déterminant de poursuivre nos actions en matière de coopération décentralisée entre les 27 secrétariats d’État à l’éducation du Brésil et notre ministère de l’Éducation et de la Jeunesse, à travers nos différentes académies (réflexion sur l’évaluation, éducation aux médias, etc.) et notamment avec la Guyane et l’État d’Amapà.
Par ailleurs, ils ont exprimé leurs préoccupations de faire respecter les engagements en matière de plurilinguisme au Brésil. Ils m’ont demandé d’user de mon influence pour convaincre mes collègues brésiliens de renoncer à la suppression de l’enseignement du français dans les établissements scolaires public, avec l’imposition de l’espagnol en seconde langue obligatoire après l’anglais. +d’images
Intervention à l’Alliance française de Brasilia, à l’occasion de la Journée du réseau des Alliances françaises du Brésil, présidé par Katia Chalita.
Accueilli à mon arrivée par Serge Borg, j’ai visité cette superbe AF de Brasilia en compagnie d’Ana Fabia Ferraz Martins, conseillère des FDE et de François Legué, conseiller de coopération et d’action culturelle.
Malraux avait baptisé Brasilia, “la ville de l’espoir” en posant la première pierre de l’Alliance française, alors même que la ville n’était pas encore sortie de terre.
Très heureux d’avoir retrouvé plusieurs présidents et directeurs que j’avais accueillis au Sénat en juillet dernier ou visités lors de mon précédent passage à Curitiba, Iguazu et Rio, cette année.
Depuis la pandémie, une chute importante des effectifs a été constatée avec une évolution dans le comportement des apprenants, qui rechignent désormais à se déplacer.
Nous avons échangé sur la nécessité de faire évoluer leur modèle économique et sur les progrès de leur offre de formation en ligne pour relever le défi. +d’images
Diplomatie parlementaire
Entretien avec des membres du groupe d’amitié Brésil-France à la Chambre des députés, présidé par Vinicius De Carvalho (Republicanos-SP).
Le président a réactivé le groupe pour le dynamiser. Il compte désormais 30 membres. 5 d’entre eux se sont rendus disponibles pour l’échange. Deux députés étaient francophones : Luiz Philippe de Orleans e Bragança (SP) et Julio Lopes (Rio), auxquels se sont joints Paulo Fernando (DF) et Zacharias Calil (GO).
Nous avons échangé sur de nombreux sujets de relations internationales, mais aussi sur la santé à distance, la lutte contre le trafic de stupéfiants et le crime organisé, l’éducation et l’énergie nucléaire.
La visite guidée de la Chambre des députés qui a précédé l’entretien m’a permis de découvrir un fonctionnement très étonnant où les citoyens peuvent entrer dans l’hémicycle ou dans les salles de commission pendant les débats. Je suis resté pantois en observant que la commission chargée de la lutte contre le crime organisé était librement accessible au public…
Dans les couloirs, j’ai eu l’opportunité de discuter également avec la députée Maria Rosas (SP) des effets de notre loi sur la parité pour élever le nombre de femmes élues au Parlement. +d’images
Sénat
Accompagné successivement par Cynthia Ohayon, conseillère politique et cheffe de cabinet de l’ambassadeur, et d’Olivier Fontan, ministre conseiller, je me suis rendu par deux fois au Sénat pour des entretiens
. avec le sénateur Nelson Trad Filho (Parti social-démocrate, Mato Grosso do Sul), membre de la commission Relations extérieures et Défense du Sénat (et ancien président de la Commission) ;
. avec le sénateur Cid Gomes, (Parti démocratique travailliste, Céara), vice-président de la commission Relations extérieures et Défense du Sénat ;
Chacun d’entre eux a mentionné l’importance de signer l’accord Mercosur avec l’UE.
Nous avons également discuté de l’inquiétant projet de loi prévoyant l’obligation de l’apprentissage de l’espagnol en seconde langue dans les écoles publiques, ce qui porterait un coup fatal au plurilinguisme et à l’apprentissage du français au Brésil.
Le sénateur Nelsinho Trad m’a fait l’honneur de signaler ma présence et celle d’Ana Fabia Ferraz Martins, conseillère des FDE, lors de la séance plénière dans l’hémicycle, retransmise en direct à la télévision. +d’images
Ministère des Affaires étrangères
Entretien privilégié avec l’ambassadrice Maria Luisa Escorel de Moraes, directrice générale pour l’Europe et l’Amérique du Nord à l’Itamaraty, avec Olivier Fontan, premier conseiller et d’Ana Fabia Ferraz Martins, conseillère des FDE.
Durant 90 minutes, notre discussion a couvert de très nombreux sujets, tant l’actualité internationale est riche. Cet échange nous a permis de confronter nos perceptions et nos observations sur les menaces qui pèsent sur le monde.
La relation chaleureuse entre les présidents Macron et Lula donne un coup d’accélérateur à la relation bilatérale, dont nous nous sommes réjouis.
Le président de la République est attendu au Brésil lors du premier semestre 2024.
Je remercie Marcus Marinho, chef de la division Europe du Nord, et son adjoint, Ricardo Nogueira, pour tout le temps qu’ils m’ont consacré afin de me faire visiter le palais de l’Itamaraty, lieu des réceptions officielles du président du Brésil. +d’images
Conversation avec le capitaine de vaisseau Matthieu Dejour, attaché de Défense à l’ambassade, pour me permettre d’apprécier l’organisation de l’armée brésilienne.
Le livre blanc de la Défense permet d’évaluer l’effort consacré par le pays pour assurer sa sécurité. Nous avons évoqué l’avancement du programme de fabrication des 4 sous-marins, dont le premier est déjà opérationnel.
La bonne coopération militaire régionale entre la Guyane et le Brésil fait également partie de nos satisfactions.
Diplomatie économique
Échange autour des enjeux de la diplomatie économique au Brésil avec le chef du service économique régional, Sébastien Andrieux.
Si la France est le premier employeur étranger du Brésil, elle est également le troisième investisseur direct étranger (IDE) derrière les États Unis et l’Espagne.
L’UE étant le premier IDE au Brésil, l’intérêt est fort de signer l’accord du Mercosur. D’autant que le Brésil se place en situation de dépendance à l’égard de la Chine vers laquelle elle exporte 30% de ses produits agricoles, dont 70% de son soja.
1143 filiales d’entreprises françaises sont présentes au Brésil, dont 39 sociétés du CAC40.
Rencontre inoubliable avec des boulangers français de Brasilia, à “l’Amour du pain” de Serge Segura, arrivé à Brasilia en 1996.
Plusieurs d’entre eux ont été incités à venir s’établir dans la capitale fédérale par Daniel Briand, qualifié de pionnier par ses pairs, mais qui n’a rien perdu de son enthousiasme pour nous faire découvrir ses macarons faits avec de la poudre de cajou ou sa glace à la vanille cultivée par ses soins.
Après avoir travaillé pour Daniel, certains ont pris leur envol et ont ouvert leur commerce, à l’image de Guillaume Petitgas, qui emploie 85 salariés et diffuse son pain au travers d’une boutique et de trois dépôts de pain.
Laurence Mourot est à la tête de la production de la boulangerie “La Panière”. Sa fille Julia l’a rejoint. Après des études de biologie, elle a préféré se former à la pâtisserie par passion.
Fabien Heller, pâtissier, devenu consultant pour des pâtisseries dans tout le Brésil ou Lionel Ortega, chef cuisinier, qui s’est tourné vers l’écriture de livres de cuisine et les cours en ligne, tous deux ont su rebondir après s’être cassés les dents une première fois face à la complexité de la gestion d’un commerce au Brésil.
De son côté, Alexandre Desvignes, charcutier, produit des rillettes, des terrines de campagne à partir d’animaux qu’il élève et les diffuse dans les boutiques de Serge Segura.
Camaraderie, solidarité, estime, respect mutuel, humilité, ces entrepreneurs des métiers de bouche sont animés par des valeurs humaines qui m’ont épaté. Merci à eux pour l’énergie positive qu’ils m’ont insufflée et à l’ambassade pour leur brillante idée de me faire rencontrer ces talentueux compatriotes. +d’images
Communauté française
Entretien avec Geraldine Auffrais, consule et Valérie Riera Castro, consule adjointe de la section consulaire de Brasilia, qui compte 1600 compatriotes inscrits.
Nous avons évoqué la question des familles françaises qui ne parlent pas notre langue dans leurs relations avec le consulat.
L’équipe consulaire de Brasilia doit également gérer les visas pour le Brésil. Si les Brésiliens n’ont pas besoin de visas courts séjours pour venir dans l’Hexagone, ils doivent en demander un pour aller en Guyane. Nos homologues brésiliens ne manquent pas une occasion pour nous expliquer qu’il conviendrait désormais de revoir cette disposition inopérante dans notre approche de la relation transfrontalière.
Cela pose un problème de distance pour les frontaliers qui doivent se rendre à Brasilia pour obtenir leur visa. Personne n’a d’argent parmi ce public concerné pour venir demander un visa à Brasilia, déplore la consule.
Un jour, alors que cette dernière appelait une frontalière de la Guyane pour lui apprendre que son visa était refusé et qu’elle tenait son passeport à disposition, la Brésilienne lui a répondu : “Pas grave, je suis allée en France et en suis déjà revenue !” Comment tenir une frontière avec des visas quand il suffit d’une pirogue pour passer d’une rive à l’autre dans la jungle amazonienne ? +d’images
Enseignement
Lycée Français François Mitterrand
Visite du lycée français en compagnie de SEM Emmanuel Lenain, ambassadeur de France au Brésil, et d’Ana Fabia Ferraz Martins, conseillère des FDE.
Lors de la réunion de travail, le proviseur et Daniela Botini, présidente de l’Association des parents d’élèves m’ont présenté leur projet 2030 qui anticipe la création progressive d’une troisième division par niveau à partir de 2023, qui a vu la création d’une troisième petite section de maternelle.
Ce projet autofinancé permettra de passer de 735 (dont 20% de Français) à 900 élèves en 2030. Des travaux d’agrandissement sont en cours, à cet effet. Ils devraient être terminés au premier trimestre 2024.
L’établissement refuse actuellement 10 élèves par niveau en primaire, soit environ 50 par an par manque de place.
Le lycée François Mitterrand est le seul établissement français de Brasilia face à 7 établissements anglo-saxons. +d’images
Entretien avec le conseiller de coopération et d’action culturelle (COCAC), François Legué, à l’ambassade de France suivi d’un échange organisé par Hélène Ducret, avec les COCAC, attaché de coopération éducative (ACE) et attaché de coopération éducative pour le Français (ACPF) des Amériques présents à la conférence des professeurs de français.
Le réseau d’écoles françaises du Brésil va perdre un site avec la fermeture attendue de l’école primaire de Natal dans deux semaines.
Une mission de l’AEFE constituée de deux personnes du service SADRE va se rendre dans plusieurs villes comme Curitiba, Belo Horizonte, Fortaleza… pour évaluer l’opportunité d’ouvrir de nouvelles écoles.
Nous avons échangé sur l’objectif du président de la République de doubler le nombre d’élèves dans les écoles françaises à l’étranger.
J’ai recueilli leurs idées pour faire réussir le Pass Éducation langue française prévu à partir de 2024 par le ministre Olivier Becht. +d’images