104ème pays traversé depuis le début de mon élection au Sénat, j’ai eu le plaisir de retrouver Antoine Anfré, ambassadeur de France au Rwanda, après l’avoir connu comme Premier conseiller à Londres, dix ans plus tôt.
Jeune diplomate, Antoine Anfré avait tenté de changer la position diplomatique de la France en lançant l’alerte sur le processus qui allait créer les conditions d’un génocide ethnique au Rwanda intervenu en trois ans plus tard en 1994.
La venue d’Emmanuel Macron à Kigali en mai 2021 a créé les conditions qui ont permis de remettre notre relation bilatérale sur les bons rails. Le mois suivant, la nomination d’Antoine Anfré au poste d’ambassadeur de France au Rwanda et accrédité par le gouvernement rwandais a ouvert une phase de normalisation de nos rapports diplomatiques.
Diplomatie parlementaire
Entretien avec le président du Sénat Augustin Iyamuremye et les vice-présidentes Nyirasafari Espérance et Dr Mukabaramba Alvera, en présence de l’ambassadeur de France Antoine Anfré.
Nous avons échangé sur les relations bilatérales, la diplomatie parlementaire et la situation en Ukraine.
Comme je l’ai confié à mes interlocuteurs, j’ai été très intéressé par la culture de consensus qui a été mise en place au Rwanda au niveau politique.
C’est une grande leçon, et je pense que pour améliorer la façon de faire la politique en France, nous devrions nous inspirer du Rwanda.
Le président du Sénat a rappelé les bonnes relations de son parlement avec celui de la France et l’importance des groupes d’amitié respectifs entre parlementaires du Rwanda et ceux de la France, qui facilitent la diplomatie parlementaire. +d’images
Diplomatie économique
Soucieux de consolider les relations entre les entrepreneurs français au Rwanda, l’ambassadeur Antoine Anfré a organisé un déjeuner au restaurant français l’Epicurien en présence de Quentin Dussart, attaché économique de l’ambassade de France.
Il a réuni les futurs membres des conseillers du commerce extérieur de la France qui vont nous permettre d’avoir une nouvelle section.
Parmi eux se trouvaient :
– Iris Becquart, Candidate CCEF – Directrice pays AGS Movers
– Salim Salif, Candidat CCEF – PDG de Noah Gas
– Sophie Tchatchoua, Candidate CCEF – Directrice pays de Canal +
– Damien Duffossé, Candidat CCEF – Directeur pays EGIS
– Benjamin Proffit, Candidat CCEF – représentant pays PublicisLive
– Ronan Masseron, Directeur pays TotalEnergies, en remplacement du candidat CCEF Marc Renauld en déplacement en France
La très forte réactivité du pays lui permet de compenser sa taille modeste qui ne compte qu’1,2 million d’habitants.
À titre d’exemple, Kigali va devenir le hub de l’activité de Canal box sur la région.
75% de Kigali est couvert par la fibre optique. C’est un investissement assuré à 100% par Vivendi.
Canal+ Rwanda affiche également de grandes ambitions et compte déjà un foyer électrifié sur 5, abonné à Canal+. La chaine a créé 400 emplois directs et indirects.
Parti en 2008, Total Energies revient en force pour investir dans l’énergie renouvelable et dans les forêts.
Très réconfortant de participer à cet entretien et confiant dans la capacité de progresser de ces entreprises qui ont toutes des projets passionnants. +d’images
Communauté française
Antoine Anfré a souhaité que je visite l’ambassade de France au Rwanda et que j’échange avec les équipes de l’ambassade en dehors de sa présence pour que la parole de ses collaborateurs soit plus libre.
L’ambassade est désormais installée dans les anciens locaux de la délégation de l’Union européenne.
L’équipe de l’ambassade m’a décrit l’enchainement qui a conduit au génocide des Tutsi en 1994 et l’histoire pesante de ce poste.
En 2011, le rappel par Alain Juppé de l’ambassadeur Laurent Contini après ses déclarations concernant les responsabilités dans le génocide de 1994 avait créé un coup de froid énorme dans la relation bilatérale.
Cela s’est dégradé encore en 2014 sous François Hollande. Pendant 6 ans, la France n’a plus eu d’ambassadeur au Rwanda. La venue d’Emmanuel Macron à Kigali en mai 2021 et sa reconnaissance de la « responsabilité accablante » de la France dans le génocide a tout changé.
Le mois suivant, Antoine Anfré était nommé ambassadeur. Ses collaborateurs ne cachent pas leur profond respect pour lui.
Dès 1991, Antoine Anfré alors en poste en Ouganda, avait décrit, dans une note, le processus qui allait créer les conditions d’un génocide ethnique au Rwanda. Sa recommandation de changer la politique de la France dans la région lui avait valu d’être mis à l’écart au ministère des Affaires étrangères.
Du 7 avril 1994 au 4 juillet 1994, environ 1.047.000 Tutsi sont morts pendant le génocide.
Parmi eux, 17 agents recrutés locaux tutsis de l’ambassade, de l’Institut Français et de l’AFD, ont été assassinés.
Une plaque est apposée à l’ambassade en leur mémoire et en souvenir de toutes les victimes.
Nous nous sommes réunis en compagnie d’Antoine Anfré pour une photo devant la plaque afin de leur rendre hommage. +d’images
Éducation
Visite de l’école francophone Antoine de Saint-Exupéry (EFASE) avec Francine Umuraza, directrice administrative et financière.
Cette école homologuée jusqu’à la 3eme accueille 624 élèves, dont seulement 3% de français.
L’école sera conventionnée à partir de septembre 2022 avec l’AEFE.
75 élèves au lycée suivent le CNED. À partir de septembre 2022, le lycée commencera la 2nde sans le CNED pour pouvoir être homologué.
Depuis l’homologation en 2019 , jusqu’en CM2, l’école a observé que les parents ne retirent plus leurs enfants à partir de le 6eme pour les mettre en école britannique.
La construction d’un lycée sur une partie du terrain disponible est prévue. Il est envisagé de faire croître les effectifs jusqu’à 750 élèves d’ici à 5 ans.
Les frais de scolarité sont environ 50% en dessous des tarifs des autres écoles internationales.
La grande majorité des bacheliers se rend en France pour les études supérieures, car ils sont orientés sur Parcoursup –
Aucun ne reste au Rwanda. Des exceptions vont au Canada ou aux US
L’annonce de la convention avec l’AEFE a créé de l’attrait et incite à l’optimisme pour le futur de cette école. +d’images
Culture
Visite du Centre Culturel Francophone inauguré par le président Macron lors de sa visite en mai 2021.
Echange avec le directeur délégué du centre Johan-Hilel Hamel sur l’activité du centre et sur les coopérations culturelles France-Rwanda.
Plateforme d’échanges et de dialogue destiné à proposer plusieurs sessions annuelles de cours de français, divers événements culturels et également un accompagnement pour intégrer une université française, le centre culturel francophone offre un cadre idéal.
Cette visite a été suivie d’un entretien avec Marie-France Brière et Dominique Besnehard, organisateurs du festival du film francophone d’Angoulême qui prévoit de faire du Rwanda, le prochain pays à l’honneur du festival. +d’images
En conclusion d’une journée à l’agenda très dense, j’ai participé au cocktail à la Résidence de France organisé par l’ambassadeur à l’occasion de la visite au Rwanda des directeurs du festival du film francophone d’Angoulème, Marie-France Brière et Dominique Besnehard, en présence de la communauté culturelle de Kigali.
Dans son allocution, Dominique Besnehard a confié que c’était le Président de la République qui lui avait suggéré de choisir le Rwanda comme pays partenaire pour le prochain festival prévu en août 2022.
Suggestion pertinente, car le producteur-acteur de cinéma a témoigné qu’il s’était senti « sale » en découvrant l’horreur du génocide des Tutsi à Kigali et avait réalisé que la distance ne lui avait pas permis, comme à nos compatriotes, de mesurer notre implication morale dans cette tragédie.
Bouleversé par la visite du mémorial de Gisozi, j’ai partagé également mes observations sur mon déplacement récent en Ukraine. Les destructions massives et les témoignages ahurissants sur les crimes commis par l’armée russe sur la population ukrainienne démontrent que la barbarie humaine s’exerce à l’heure où nous parlons.
Cela rend le message de paix porté par les Rwandais d’autant plus pertinent pour dépasser les haines et les rancoeurs lorsque le conflit aura cessé.
J’ai salué l’action de notre ambassadeur qui, il y a plus de 30 ans, avait lancé l’alerte sur le massacre qui pourrait résulter du discours de haine que certains entretenaient alors au Rwanda. +d’images
Devoir de mémoire
Visite du mémorial de Gisozi en présence d’Antoine Anfré, ambassadeur de France au Rwanda.
J’ai déposé une gerbe, en sa compagnie, à la mémoire des victimes du génocide des Tutsi, devant la stèle où reposent les restes de plus de 250 000 personnes.
Le site comprend trois expositions permanentes. Il permet d’appréhender le génocide de 1994, dans le contexte historique du Rwanda.
Le mémorial des enfants, leurs photos, les détails intimes sur leurs plats ou leurs jeux favoris, leurs derniers mots et la manière dont ils ont été tués, constitue assurément un des moments les plus éprouvants de la visite.
L’exposition sur l’histoire du génocide dans le monde constitue également une source de réflexion importante.
À l’issue de cette visite, j’ai laissé le message suivant sur le livre de témoignage :
« Chers amis,
Par delà l’émotion qui nous submerge en découvrant les horreurs de ce génocide, je suis admiratif de la capacité du Rwanda à faire preuve d’une humanité exceptionnelle pour créer les conditions d’une réconciliation nationale porteuse d’espoir d’un avenir meilleur.
Je ressors de cette visite bouleversé mais également déterminé à porter le message de paix que vous lancez à travers la planète. » +d’images
Environnement
Protection des gorilles des montagnes
Un tourisme destiné à sauver les gorilles des montagnes de l’extinction
En m’envolant depuis Entebbe vers Kigali, je me souviens qu’en décembre 1989, je prenais exactement le même vol pour aller voir les gorilles des montagnes.
Ces gorilles se déplacent dans un territoire restreint le long de la frontière du Rwanda avec la République du Congo et l’Ouganda.
Il m’avait fallu aller ensuite en République du Congo (à l’époque Zaïre) par la route pour aller à leur contact dans le parc des Virunga.
Souvenir inoubliable !
Espèce très menacée, il faut désormais compter plus de 1000$ par personne, pour observer les gorilles pendant une heure, dans des conditions très encadrées.
Ce tourisme a sauvé les gorilles de l’extinction.
Grâce aux efforts de conservation menés, la situation s’améliore peu à peu.
37 ans après, le nom de son assassin n’est toujours pas établi, mais le travail de protection des gorilles entamé par Diane Fossey a été poursuivi avec succès.
D’après le WWF, les trois pays abritant le gorille et leurs partenaires doivent continuer à travailler pour préserver le massif des Virungas afin de mettre cette précieuse espèce à l’abri. +d’images