Je suis intervenu dans l’hémicycle, ce jour, dans le cadre du bilan de la loi du 11 février 2005, dite loi Handicap. Cette loi prévoyait à dix ans une accessibilité généralisée dans tous les domaines de la vie sociale (éducation, emploi, cadre bâti, transports…).

Nous sommes en 2015 et encore loin des objectifs prévus.

J’ai exprimé à Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, l’indignation légitime des associations contre la décision du gouvernement de repousser les échéances de 3 à 9 ans, selon les cas.

Le report des échéances est grave à double titre.

D’abord, on ne sanctionne pas les mauvais citoyens, acteurs publics et privés, mais on les encourage. Ceux qui ont fait des efforts pour se mettre aux normes en respectant les délais, se demandent bien pourquoi.

Ensuite, cette légèreté du gouvernement irrite les personnes en situation de handicap, lassées des promesses jamais tenues. J’ai rappelé les propos d’Edouard Braine, ancien consul général à Londres, tétraplégique, qui déclarait : « Depuis Londres, j’avais estimé notre retard sur les Britanniques à 35 ans (…) Mon estimation était hélas optimiste, car, si les obligations d’accessibilité prévues dans notre loi étaient remises en cause, notre handicap par rapport aux Anglais dépasserait alors 50 ans ! »

VIDEO du discours à la tribune du Sénat le 12 mars 2015 au sujet de la “loi Handicap” de 2005.

TEXTE du discours (Discours Olivier Cadic Bilan Loi 11fev2005 Handicap):

« Dix ans après le vote de la loi du 11 février 2005, bilan et perspectives pour les personnes en situation de handicap » – Intervention de Sénateur Olivier CADIC – Jeudi 12 mars 2015
Monsieur le Président, Madame la Ministre, Mes chers collègues,
Seulement 15% des personnes handicapées le sont de naissance ou avant l’âge de 16 ans.
Qui parmi nous peut se prétendre à l’abri d’un coup du sort ?
Faut-il être personnellement affecté pour changer de regard ?
« Nous sommes tous handicapés » clame Théodore Zeldin historien et sociologue britannique.
« Nous sommes tous handicapés, dit-il, parce que chacun d’entre nous a ses faiblesses et celui qui n’en a pas conscience est le plus handicapé de tous! »
Lorsqu’elle fut votée la loi du 11 février 2005 signait une avancée législative considérable, notamment sur le terrain de l’accessibilité, dont je parlerai en premier lieu.
J’évoquerai ensuite beaucoup plus brièvement 4 autres points clés de cette loi, à savoir la création des maisons départementales des personnes handicapées, le droit à compensation des conséquences du handicap, l’accès à la scolarisation et l’insertion professionnelle.
Qu’est-ce que l’accessibilité ? En France, il faut croire que c’est un rêve…
Je veux citer Philippe Croizon, amputé des 4 membres. Il oeuvre aux côtés de l’APF, Association des paralysés de France. Il nous dit : « Je rêve que la personne en situation de handicap dise : je vais au cinéma, je vais faire mes courses, je vais prendre le métro, je travaille grâce aux compétences acquises pendant ma formation scolaire ». Lire la suite