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Sénat – Réunion des chefs de poste consulaires

Ce 28 juin, à l’occasion de la réunion à Paris des consuls généraux et consuls de France, j’ai eu le plaisir d’accueillir pour un moment convivial les chefs de poste consulaires que j’ai pu rencontrer ces derniers mois.

Nos échanges, très enrichissants, m’ont permis de faire un tour du monde en accéléré du fonctionnement du réseau consulaire, de ses vicissitudes et ses points d’amélioration attendus, tout comme de pointer d’une année sur l’autre, certaines avancées qui permettent à nos postes de gagner en efficience et en sérénité.

Je remercie cordialement nos diplomates qui m’ont fait l’honneur de répondre mon invitation :

Laurent BESSOU, consul de France à Vientiane–Laos
Bruno CLERC, consul général de France à Alger–Algérie
Philippe COLLIN, consul général de France à Abidjan–Côte d’Ivoire
Dominique DOUDET, consul général de France à Douala–Cameroun
Sandrine LELONG MOTTA, consule générale de France à Rabat–Maroc
Samer MELKI, consul général de France à Londres–Royaume-Uni
Gilbert PERROT, consul de France Doha–Qatar
François PUGEAUT, consul général de France à Annaba–Algérie
Jean-Louis ROTH, consul général de France à Antananarivo–Madagascar
Ludovic ROUSSEAU, consul général de France à Varsovie–Pologne
Patrick SOUTIF, vice-consul de France au Luxembourg

L’HEBDO DES INDÉPENDANTS N°212 – 13 avril 2023

Lire : l’HEBDO DES INDÉPENDANTS n°212 – 13 avril 2023Logo HebdoLettre bleu - Rond75

Sommaire :

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER & AFFAIRES ÉTRANGÈRES
. Réflexions sur la représentation politique des Français établis hors de France
. Législatives partielles : fin du vote par Internet
. Une chance au tirage
. L’autre chambre du Parlement
. Résidence fiscale hors de France : quid de l’IFI ?

LE CLUB DES INDÉPENDANTS
. Marie-Christine HARITÇALDE, membre de la commission nationale STAFE, conseillère à l’AFE, présidente du conseil consulaire au Chili (Évolution des critères STAFE).
. Patrick BOURBON, président du conseil consulaire à Chicago (Administration fiscale des non-résidents).
. Radya RAHAL, conseillère à l’AFE, présidente du conseil consulaire à Alger (Campagne des bourses 2023/24).

LE BLOG D’OLIVIER CADIC
. Consultations sur l’enseignement français à l’étranger (lettre à Olivier BECHT)
. Taïwan. Tribune saluée par ministère des Affaires étrangères
. AFD Madagascar
. En circonscription à MADAGASCAR (1/2) – Antananarivo (2-6 avril 2023)
Accueilli par Arnaud GUILLOIS, ambassadeur de France et Jean-Louis ROTH, consul général
. En circonscription à MADAGASCAR (2/2) – Nosy Be (3-5 avril 2023)
Accompagné par Arnaud GUILLOIS, ambassadeur de France et Patrick BOSDURE, conseiller de coopération et d’action culturelle

FRANCE
Actualités : Politique & Société

BRÈVES D’AILLEURS

Découvrir l’InfoLettre n°212

En circonscription à Madagascar (1/2) – Antananarivo (2-6 avril 2023)

Communauté française

Ambassade

Retour pour mon 4ème déplacement à Madagascar pour participer à la réunion régionale des Conseillers du commerce extérieur de l’Océan Indien.

J’ai retrouvé Arnaud Guillois, ambassadeur de France à Madagascar, après avoir eu l’opportunité de le connaître dans son précédent poste à Djibouti.

Nous avons débuté ma mission de cinq jours par une réunion de cadrage avec les chefs de service de l’ambassade, le consul général et le directeur de l’AFD.

Nous avons évoqué les aspects de notre relation bilatérale qui se révèle excellente dans de nombreux domaines, comme l’aide au développement, l’enseignement francophone ou la relation économique.

Je me suis réjoui d’observer que le représentant malgache à l’ONU avait voté, comme les démocraties, lors des deux derniers votes pour condamner l’agression russe contre l’Ukraine.

Ce pays est l’un des dix moins riches au monde. Avec 80 à 85% de l’économie qui est informelle, Madagascar est confronté à de vrais défis. Sa population, dont 50% de la population est âgée de moins de 15 ans, a triplé en trente ans. 82% des 30 millions de malgaches vivent avec moins de 2$ par jour, dont la principale préoccupation est de trouver de quoi se nourrir…

C’est dans un contexte économique et social préoccupant que les élections présidentielles se tiendront en novembre 2023. Selon les institutions, le Président de la République Andry Rajoelina devra démissionner deux mois avant le premier tour de l’élection, soit début septembre, s’il souhaite se représenter pour un second mandat, comme beaucoup d’observateurs s’y attendent.

Consulat

Jean-Louis Roth, consul général (à droite de l’image), a organisé une rencontre avec les chefs de service du consulat pour me permettre d’échanger sur leur activité.

Si le registre consulaire recense 16 800 français inscrits à Madagascar, l’équipe estime que leur nombre est plutôt situé entre 28 000 et 55 000, si on examine le nombre de CNI ou de passeport demandés.

Les élections 2022 ont mobilisé la totalité des effectifs du consulat, ce qui a entraîné 380 jours de récupération pour les 46 agents du poste.

Le ministère reconnait que le consulat de Madagascar affiche un déficit de 6 postes pour répondre à la demande. Et cela se paie en délai : En 2010, il fallait 3 à 6 semaines pour transcrire un acte. Il faut désormais compter de 3 à 6 mois.

Le service social voit passer les dossiers de 2 500 boursiers pour un budget de 6M euros. Le Centre médico social (CMS), financé par le MEAE, reçoit l’ensemble des personnes adressées par le service social.

Nous avons également longuement évoqué les lourdeurs administratives des certificats de nationalité française (CNF) qui pèsent sur le consulat.

Merci aux participants pour leur enthousiasme et la qualité de cet échange passionnant qui s’est terminé à… 0h15 !

Réception

Clap de fin de ce 4ème déplacement à Madagascar à l’occasion d’une réception organisée par Arnaud Guillois à la Résidence, en présence de représentants de notre communauté.

Parmi eux, Jean-Daniel Chaoui, conseiller des Français de l’étranger et Marie-Paule Fraslin, épouse de Jean-Hervé Fraslin, président du conseil consulaire, retenu en France dans le prolongement de la session de l’AFE.

Ce déplacement aura compté 25 séquences. Les échanges de la soirée ont porté sur les actions de mémoire et les initiatives à soutenir sur l’île.

J’ai rendu hommage au leadership de notre ambassadeur, à la qualité de notre équipe du consulat, à l’élan de l’enseignement français à l’étranger dans ce pays et au dynamisme des représentants du monde économique observé à Nosy-Be.

Merci à toutes et à tous pour leur formidable engagement en faveur de la relation bilatérale.

Diplomatie parlementaire

Premier ministre

Privilège de rencontrer pour la troisième fois le Premier ministre de Madagascar, Christian Ntsay, en compagnie de l’ambassadeur Arnaud Guillois et du premier conseiller.

Cela m’a permis de lui rappeler mes visites avec Véronique Voulant-Aneini, ambassadrice à Madagascar à l’époque, et de lui renouveler ma reconnaissance pour son intervention en 2018, qui avait mis un terme à la spirale d’assassinats et d’enlèvements de compatriotes.

Nous avons pu longuement échanger sur de nombreux sujets tant la relation est dense et ancienne entre nos deux pays.

Le Premier ministre a accueilli avec bienveillance le témoignage des compatriotes confrontés à des professionnels de la contestation infondée de propriété, car des Malgaches lui ont pointé ces mêmes difficultés. Il est apparu déterminé à garantir la sécurité juridique des investissements. +d’images

Sénat

Accompagné par notre ambassadeur Arnaud Guillois, j’ai été reçu au Sénat par les sénateurs MM Hugues Mahonjo, Tahana Andrianandrasana et Mino Seramila Avizara.

Nous avons évoqué la visite du président du Sénat malgache accompagné de trois de ses collègues, dont le doyen et le questeur, à Paris au palais du Luxembourg, parallèlement à notre rencontre. Le président Gérard Larcher leur a rendu hommage à la tribune en indiquant que le Sénat français entretient d’excellents rapports de confiance et d’amitié avec celui de Madagascar et souhaite les renforcer.

Nous avons échangé sur les initiatives de notre groupe d’amitié bilatéral, présidé par Nassimah Dindar, sénatrice de la Réunion, et souhaité le renforcement de la coopération décentralisée pour faire ruisseler dans tout le pays l’aide au développement apportée par la France.

Je remercie mes collègues pour la chaleur de leur accueil. +d’images

Diplomatie économique

AFD – Inauguration du parcours touristique

En compagnie d’Arnaud Guillois, ambassadeur, j’ai pris part à la cérémonie d’inauguration du parcours touristique de la Haute Ville, en présence du ministre de l’Aménagement du territoire et des Services fonciers, Pierre Holder Ramaholimasy, du maire de la capitale, Naina Andriantsitohaina et du chargé d’affaires de la délégation de l’Union européenne.

L’inauguration de ce parcours touristique, mis en place en partenariat avec l’Office régional du tourisme d’Antananarivo, s’inscrit dans le cadre du Projet Lalankely III de l’AFD, avec des financements de l’Union européenne.

Lalankely est un programme de désenclavement et d’assainissement des quartiers prioritaires de la commune urbaine Antananarivo, lancé en 2011.

Dans mon discours, j’ai rappelé le cadre de ma mission de contrôle de l’action de notre gouvernement qui me conduit à évaluer le résultat des projets financés par l’AFD. J’ai donc salué les résultats remarquables de l’AFD à Madagascar, représenté par Yves Guicquéro, directeur, qui met en œuvre notre devise de fraternité à l’étranger. J’ai félicité les autorités malgaches d’avoir mené ce projet, véritable réussite urbanistique qui sert le développement de Madagascar et améliore la qualité de vie des habitants.

Lors de la visite, j’ai pu constater les sourires des habitants qui profitaient des points d’eau et des lavoirs flambants neufs. Une partie des habitants nous a accompagné dans notre déambulation et une dame âgée m’a lancé un « merci » dans un large sourire en me voyant passer.

Dons, prêts, crédits délégués, l’AFD a apporté 400 millions d’euros à Madagascar dont 90 millions d’euros pour la seule année 2022. Dans son discours, l’ambassadeur a annoncé le lancement d’un projet Lalankely IV. +d’images

Enseignement

Réseau d’enseignement français

Échange avec les représentants d’écoles locales homologuées, organisé au LIFT (Lycée Français De Tananarive) par Nolwenn Bodo, conseillère adjointe de coopération et d’action culturelle, pour me permettre d’évaluer leurs besoins et leurs projets de développement.

J’ai retrouvé Jacky Radavidra et Sylvia Razafionivelo de l’École Clairefontaine, que j’avais visitée début 2017. Disposant déjà de 5 sites à Tananarive (1595 élèves) et un site à Fort Dauphin (385 élèves), un nouveau bâtiment a été construit pour un collège-lycée de 420 élèves.

L’école Bird est dirigée par une entreprise familiale représentée par Maher Andrianiaina. La croissance exceptionnelle de Bird a fait suite à l’acquisition par cette famille des parts des parents d’élèves qui rechignaient à hypothéquer leurs biens pour acheter un nouveau site pour l’école. Ouvert en 2020, ce second site a permis de passer de 450 (2016) à 1950 élèves (2023). Un troisième site est attendu pour 2024 avec un objectif de croissance de 800 nouveaux élèves.

Le College de France (Ratovona Harisoamampiandra) compte 1500 élèves sur 3 sites et a acquis un nouveau site qui lui permet d’envisager d’accueillir 250 élèves supplémentaires par an à partir de septembre 2023.

L’école Peter Pan (Bienvenue Randrenjatovo) – 822 élèves ; l’école de l’Alliance française (Lalaina Andriamanantsoa) – 699 élèves et l’école de la Francophonie (Yann Toudic) – 600 élèves faisaient également partie du tour de table.

Dominique Lantiez, proviseure du LIFT, a souligné l’importance et le bon fonctionnement de la charte entre les écoles pour ne pas se faire concurrence sur le recrutement des enseignants.

L’importance de l’Institut régional de formation (IRF) va se révéler crucial pour accompagner la formation des enseignements. Il m’a été recommandé de ne pas réserver cette formation aux écoles homologuées.

J’ai tenu compte du souci exprimé par certaines écoles qui subissent des pressions extérieures susceptibles de retarder leur développement. Je leur ai promis d’en informer le gouvernement malgache.

Lycée Français De Tananarive (LFT)

Retour au LFT, que j’avais visité début janvier 2017 (compte-rendu), en compagnie de Nolwenn Bodo, conseillère adjointe de coopération et d’action culturelle (compte-rendu)

Nous avons été accueillis par Dominique Lantiez, proviseure (au centre), qui m’a fait visiter l’établissement et apprécier les nombreuses améliorations apportées ces sept dernières années.

Le collège et le lycée, regroupés sur ce site d’Ambatobe, comptent 1550 élèves sur l’année en cours, tandis que les 4 autres sites accueillant des écoles primaires totalisent près de 1100 élèves.

À noter que le LFT propose également une section professionnelle du baccalauréat répartie en deux filières : STMG (Sciences et Technologies du Management et de la Gestion) et AGOrA (Assistance à la gestion des organisations et de leurs activités).

Cet établissement en gestion directe (EGD) de l’AEFE dispose également d’un internat, ouvert 7 jours sur 7, fréquenté par 170 à 190 lycéens venant de provinces éloignées.

Le LFT est également porteur de l’Institut régional de formation (IRF), créé au 1er janvier 2023, qui organise la formation des personnels enseignants et non enseignants de la zone Océan indien (Comores, Seychelles, Maurice et Madagascar). +d’images

Fraternité

Messe du Père Pedro

Pour mon premier dimanche à Madagascar, sur la colline de Manantenasoa, à une dizaine de kilomètres du centre-ville d’Antananarivo, j’ai assisté à la messe des Rameaux du père Pedro, aux côtés de Jean-Louis Roth, consul général.

En entrant dans l’église, quelques minutes avant l’office, j’ai frayé mon chemin au milieu d’une foule compacte, dans une atmosphère enthousiaste que je n’avais connue que dans une enceinte sportive ou pour un concert.

Une foule de 10 000 personnes était entassée dans un édifice à l’aspect sommaire pour assister à une messe comme nulle part ailleurs. Seule une grande croix dressée près du père Pedro rappelle que l’enceinte est sacrée.

En français ou en malgache pour être compris de tous, le père Pedro dit une messe, pareille à nulle autre, émaillée d’appels répétés à la paix ou de prières pour une justice sociale.

Comme dans un stade, l’assistance entoure le prêtre qui s’adresse de manière circulaire aux fidèles pour mieux les rassembler, dans une unité bienveillante, et transmettre sa foi. Les adultes comme les enfants, majoritairement présents, participent avec entrain à l’office, dont chaque séquence a sa chorégraphie. L’invitation au recueillement se fait sous l’air du film « Mission ».

À l’issue de la cérémonie, le père Pedro égrène le nom de personnalités et les nationalités présentes dans l’assistance pour les remercier de leur participation. Puis, il quitte l’enceinte en premier, en tendant les mains vers le ciel comme pour rendre grâce à Dieu de la joie partagée qu’il a provoquée.

J’ai alors regardé ma montre en réalisant que c’était surement la messe la plus longue que j’ai eue à suivre dans ma vie, mais assurément, c’est celle qui m’a parue la plus courte. Le consul m’a confié : « je n’ai pas vu l’heure passer ». Je lui ai alors répondu dans un sourire : « Non, vous n’avez pas vu les deux heures passer !». +d’images

Akamasoa, l’association du père Pedro

À l’issue de la messe des Rameaux, alors que je venais le saluer, le Père Pedro nous a invités à rester pour partager son déjeuner.

J’étais convié avec Jean-Louis Roth, consul général, Marie-Paule Fraslin et Philippe Durst, soutiens de l’association Akamasoa (« les bons amis » en malgache) et deux jeunes compatriotes, respectivement médecin et infirmière, venus trois semaines depuis la Réunion pour apporter leur concours bénévole à la population locale.

C’est un immense privilège de pouvoir échanger avec une telle personnalité qui a voué sa vie au service des plus démunis. Quand il est arrivé la première fois sur l’ile en 1970, Madagascar comptait 6 millions d’habitants, dont 30% de pauvres. La population a quintuplé pour atteindre plus de 30 millions de personnes en 2023, dont 83% sont pauvres se désespère le prêtre.

Autour de nous, des enfants partageaient notre repas. Tous souriants, venaient tour à tour chercher le réconfort de sa main posée sur leur tête comme celui d’un père que souvent ils ont perdu.

Je n’oublierai jamais cette petite fille que le Père Pedro avait trouvé, autrefois, bébé abandonné sur la décharge. Les cicatrices dessinées sur son visage, au sourire radieux, rappellent qu’il l’a sauvé des rats qui commençaient à la dévorer.

Il a rendu leur dignité aux plus défavorisés, des centaines de milliers de personnes, en leur permettant d’accéder à de la nourriture, un logement, un travail, une éducation.

Ses résultats exceptionnels lui ont valu d’être proposé à six reprises pour une nomination au Prix Nobel de la Paix.

Après l’avoir quitté, je lui ai adressé ce message : Mon Père, je vous remercie pour la joie et le bonheur que vous apportez à chaque instant autour de vous. Cette messe des Rameaux constitue pour moi un moment inoubliable. L’inoubliable est ce qu’il vous reste quand vous laissez tout derrière vous. C’est l’inoubliable qui vous porte alors pour prendre votre envol.
Fidèlement ! +d’images

Pour soutenir l’action du Père Pedro en France : https://perepedro.fr