Retour à Oran, sept ans après ma première visite. Il faut saluer la promotion de la ville, dont la visibilité sur la scène internationale a été accrue par de grands événements, qu’Alexis Andres, consul général de France à Oran, a qualifié de grandes réussites.
La délégation conduite par notre Président de la République a permis d’encourager le développement de la coopération entre la France et l’Oranie, comme nous l’avons évoqué avec le Wali d’Oran, Said Saayoud.
En plus de ses atouts économiques, comme ses ports maritimes, la ville, qui abrite la maison natale du couturier Yves Saint-Laurent, possède un potentiel touristique considérable.
Diplomatie parlementaire
Rencontre avec le Wali d’Oran, Said Saayoud, en présence du maire d’Oran, et d’une importante délégation de dignitaires locaux.
Un long entretien a permis un échange approfondi et stimulant quant aux différents projets de développement d’Oran qui vient d’accueillir les Jeux méditerranéens et a reçu Emmanuel Macron, Président de la République.
Le Wali a décrit un tourisme dynamique, puisque la ville de 2,5 millions d’habitants a accueilli 18 millions de visiteurs cet été.
Said Saayoud a évoqué la réouverture de l’usine Renault, puis la venue de Stellantis en 2023, saluant la réforme historique de la disposition 49_51, permettant aux investisseurs d’agir désormais seuls en Algérie. Il a passé en revue les divers avantages fiscaux pour favoriser les investissements dans le pays qui n’est pas touché par la crise énergétique, liée à l’invasion russe en Ukraine.
Le Wali s’est félicité du fait que l’Algérie soit une porte vers l’Afrique, avec le développement du trafic maritime qui est naturellement destinée à l’accompagner en raison de ses trois ports. J’ai convenu que les trois ports de la ville d’Oran sont des atouts considérables. Ils vont se révéler d’autant plus lorsque la rocade sera mise en service dans les prochaines semaines. Les camions pourront éviter le passage au travers de la ville pour se rendre au port.
Après avoir chaleureusement remercié le Wali pour son accueil, fait de multiples attentions et de marques de considération, j’ai également exprimé ma gratitude pour sa disponibilité afin de trouver une solution qui permette aux élèves de l’annexe du Liad d’Oran de poursuivre leur scolarité jusqu’à la classe de terminale et pouvoir augmenter la capacité d’accueil.
Comme l’a rappelé Ahmed Henni, président du conseil consulaire, les capacités d’accueil des enfants à Oran sont le corollaire du développement économique.
Diplomatie économique
Développement économique – Tourisme
Afin de me permettre de prendre la mesure du potentiel de la ville concernant le tourisme, le consul général de France à Oran a organisé deux séquences :
> Dîner au restaurant « Villa Saint Tropez », dirigé par un compatriote en présence des conseillers des Français de l’étranger, des personnalités oranaises : journaliste, ancien député actuellement président de la chambre des notaires, architecte, responsable de la chambre de commerce, entrepreneurs.
J’ai été très heureux de rencontrer Abdou Benabbou, Me Benounnane et son épouse, Amal Seddiki, Sarah Belkacem, Rachid Ait Habib, accompagné d’Ahmed et Tema Henni, Mehdi Belatreche, Robert Mateo.
> Visite de la ville en compagnie d’architectes qui ont préparé un circuit Art déco
Le clou a été la découverte de la maison natale du couturier Yves Saint-Laurent, dont la restauration a été financée par un compatriote.
Communauté française
Alexis Andres, consul général de France à Oran, nous a présenté les différents services du poste à la délégation.
Le traitement des demandes de visa est décomposé en plusieurs phases, de la quittance et la pré-instruction des dossiers, en passant par l’instruction dont sont chargés les agents titulaires du Quai et la délivrance.
Le flux de demandes suit une hausse progressive, jusqu’à atteindre en moyenne 350 dossiers à traiter par jour.
Différentes étapes de contrôle sont observées, de la vérification des éléments matériels (réservation d’un vol AR, hébergement, antécédents des demandes de visa précédentes, interrogation de la banque de données des pays Shenghen qui permet de savoir si un autre pays a déjà opposé un refus dans les trois mois précédents).
La mise en place de France visa est attendue dans quelques mois. Elle permettra de sécuriser davantage le document par l’instauration d’un QR code, la France étant l’un des derniers pays de l’espace Shenghen à signer encore ses visas.
La répartition des dossiers entre les différents agents chargés de la pré-instruction est délibérément le fruit du hasard.
La dématérialisation de la procédure de demande de visa n’est pas, selon les agents interrogés, une évolution souhaitable dans la perspective de la lutte contre la fraude.
En cas de doute, un visa retour est octroyé. Il impose au demandeur de se manifester auprès du poste à l’échéance du visa. En cas de refus d’un visa, les motifs ne sont pas détaillés. Le consulat général encourage les demandeurs qui souhaitent une prise en compte d’éléments particuliers de faire un recours circonstancié.
Un agent dédié est chargé du traitement des demandes d’état civil comme des demandes de CNF. Un autre est chargé du traitement des demandes des capacités à mariage et des auditions des futurs mariés.
Sur environ 500 demandes, à peine 50 sont refusées. C’est le parquet qui dispose du dernier mot.
J’ai pu constater une ambiance de travail enthousiaste des agents du consulat, dont un nombre important est là depuis sa réouverture depuis 2007.
Alexis Andrès, consul général de France à Oran, m’a reçu à la Résidence de France avec les élus des FDE en présence d’Eric Carro, consul adjoint, et de son épouse, de Romain de Tarlé, directeur de l’Institut français et du père Modeste du diocèse d’Oran.
Nous avons eu l’occasion d’évoquer la difficulté d’entretenir les liens avec la communauté française et celle d’encourager la transmission du français en son sein.
Ahmed Henni, président du conseil consulaire et également président de l’UFE, a fait part des difficultés d’animer la vie de la communauté française dans le cadre d’une association.
Mehdi Belatreche, conseiller des Français de l’étranger, a insisté sur la difficulté d’entretenir le sentiment d’appartenance au sein d’une communauté souvent mal à l’aise avec le français. L’action des Instituts pour diffuser la culture française, en dehors même des grandes villes de l’Oranie, a été expliquée et saluée.
Le consul général a souligné ses efforts pour nouer des liens hors les murs du consulat, afin de promouvoir la France partout dans cette grande circonscription consulaire. Il a invité les élus à une collaboration pour leur permettre de jouer leur rôle d’animation de la communauté française.
Enfin, la nécessité de lever les blocages à l’investissement en Algérie, qu’il s’agisse de la mise en oeuvre des réformes du sponsoring, des avantages fiscaux comme des transferts d’argent ont été abordés.
Nous avons pu faire le point sur les entretiens menés jusqu’alors et les avancées qui pourraient être obtenues, notamment en matière de scolarité et d’enseignement du français, en particulier à destination des Français en Oranie.
Enseignement
Lycée International Alexandre Dumas (Liad)
Visite de l’annexe du Liad d’Alger suivi d’une rencontre avec les parents d’élèves du Liad en seconde, en compagnie d’Alexis Andres, consul général de France à Oran, Ahmed Henni, pdt du conseil consulaire d’Oran, Mehdi Belatreche, conseiller des FDE et Robert Mateo, représentant de Yolande Mateo, conseillère des FDE
Lors de ma venue à Oran en 2015, en compagnie de Bernard Emié, ambassadeur de France à cette époque, l’école française d’Oran n’était qu’un projet.
C’est désormais une réalité.
De la primaire à la seconde, le LIAD est l’annexe du Lycée international Alexandre Dumas d’Alger et accueille aujourd’hui 238 élèves à Oran. Il affiche complet.
Accueillis par M. Tandjaoui, coordonnateur du collège, nous avons visité le site en l’absence d’élève pour cause de vacances scolaires.
Saisi par Ahmed Henni de la détresse des familles dont les enfants ne pouvaient plus être scolarisés à Oran après la 3e, j’étais intervenu auprès de l’ambassadeur François Gouyette pour le sensibiliser afin de convaincre l’AEFE d’étendre la scolarité à la classe de seconde.
L’annonce de l’ouverture d’une classe de seconde avait été accueillie par un immense soulagement par les parents d’élèves. L’action concertée de ces derniers, des conseillers des Français de l’étranger et de l’ambassadeur François Gouyette a porté ses fruits.
14 élèves ont ainsi pu bénéficier de l’ouverture d’une classe de seconde lors de la dernière rentrée de septembre, ce qui était mon objectif prioritaire pour la circonscription.
J’ai eu le plaisir de rencontrer l’association des parents d’élèves dont le bureau a été récemment élu, à la faveur de mon passage à l’Institut français d’Oran.
Des femmes remarquables et très engagées ont expliqué leur soulagement lors de l’annonce d’une classe de seconde cette année, les solutions pour scolariser leurs enfants à Alger n’étant pas adaptées. Elles ont pu exprimer leurs inquiétudes quant à l’absence de structure locale pour les classes de première et terminale.
J’ai évoqué avec elles les différentes possibilités, appelant à la définition d’un plan École à Oran, qui réunirait l’ensemble des acteurs concernés y compris les écoles bénéficiant du label France Éducation.
Une revue des différentes alternatives pouvant permettre la scolarisation des élèves jusqu’en classe de Terminale doit être faite afin d’offrir un choix aux parents concernés début 2023 et éventuellement d’attirer des enfants algériens soucieux d’un enseignement francophone de qualité pour préparer leur entrée dans des universités algériennes qui proposent un enseignement francophone.
Il est également nécessaire de concrétiser le développement de l’annexe du Liad afin de contribuer à l’accomplissement de l’objectif du Président de la République de doublement des objectifs d’ici à 2030.
Une extension du site du Liad apparait possible à Oran.
L’expertise du consul général Alexis Andres qui a occupé dans le passé les fonctions de conseiller culturel pour l’Algérie et le soutien indéfectible des élus aux combats des parents d’élèves constituent de formidables ressources.
Je suis reparti confiant dans leur capacité à poursuivre les progrès observés ces dernières années. +d’images
Culture
Accueillis par Romain de Tarlé, directeur, nous avons visité l’Institut Français Oran.
L’espace Campus France, qui permet aux futurs étudiants souhaitant poursuivre leur formation dans l’enseignement supérieur en France, traite plus de 3000 dossiers par an.
Plus de 700 dossiers sont acceptés chaque année.
L’Algérie est le 3ème pays d’origine pour le nombre d’étudiants étrangers dans notre enseignement supérieur.
L’objectif de l’IF est de proposer des ateliers aux demandeurs, dont le niveau de maîtrise du français est inégal, afin de leur permettre de présenter des dossiers de meilleure qualité.
L’activité de l’IF est marquée par un bon dynamisme s’agissant des cours de français, en raison de sa capacité à proposer de nouveaux créneaux. On observe une forte progression de la demande chez les enfants.
La visite de la Médiathèque a été l’occasion de constater l’enthousiasme de ses deux responsables, qui s’efforcent d’offrir un espace de lecture et de travail au grand public.
Cet espace accueille par exemple des rencontres littéraires.
Le stock d’ouvrages a été adapté en 2012 en direction de cette cible et est régulièrement renouvelé. Ainsi, 450 ouvrages ont été acquis au Salon international du Livre d’Alger. Le fond est accessible en ligne via un catalogue numérisé. Avec les apprenants du français qui bénéficient de la gratuité, la Médiathèque peut se prévaloir de 4000 adhérents.
Le dynamisme des Médiathèques est notamment à mettre au crédit d’un réseau bien animé, qui permet aux responsables de bénéficier d’échanges et de formations. +d’images
Visite de Santa Cruz avec Monseigneur Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger.
Il y a plus de 7 ans, je m’étais rendu sur le chantier du sanctuaire de Santa Cruz dont l’état me paraissait si alors délabré que j’imaginais qu’il faudrait plus d’une décennie pour le remettre en état.
Les élus consulaires des Français d’Algérie, Radya Rahal (Alger) et Ahmed Henni (Oran), avaient déposé un dossier pour obtenir une partie de ma réserve parlementaire d’alors pour contribuer à l’effort de restauration.
Si la foi déplace les montagnes, j’ai pu observer qu’elle est également capable de rendre sa majesté à un site restauré dans son esprit initial.
Observée au travers d’un petit trou dans une palissade, j’ai retrouvé une chapelle transfigurée.
Grâce au dessin d’un frère de la communauté chrétienne de Taizé et au talent de deux artistes oranaises, le blanc immaculé de la chapelle s’est animé d’un festival de formes et de couleurs.
« C’est par les couleurs de Santa Cruz que ce lieu embrasse un passé chahuté et ouvre un avenir réconcilié » conclut Mgr Vesco dans l’ouvrage consacré au sanctuaire. +d’images
Devoir de mémoire
Cimetières de Petit Lac & Tamazouët
Ce 1er novembre, je me suis rendu sur le site des cimetières de Petit Lac et Tamazouët, où nous avons été accueillis par Jean Jacques Lion, président du collectif de sauvegarde des cimetières de l’Oranie et par Abdelkader Ouarad, délégué à Oran.
En compagnie d’Alexis Andres, consul général de France à Oran, Ahmed Henni, président du conseil consulaire d’Oran, Mehdi J Belatreche, conseiller des FDE et Robert Mateo, représentant de Yolande Mateo, conseillère des FDE, nous avons déposé une gerbe devant l’un des monuments du souvenir.
Comme de nombreux Français pendant la Toussaint, nous nous sommes recueillis en mémoire de tous les Français morts pour la France et de nos proches.
Nos élus des Français de l’étranger ont tenu à m’emmener devant la tombe du père Thierry Becker, un prêtre polyglotte, disparu l’an dernier, que « tous les Français d’Oran aimaient », m’a confié Ahmed Henni.
Jean-Jacques Lion m’a expliqué les travaux d’aménagement du cimetière chrétien de Tamazouët, dont la surface de 18 hectares a été ramenée à 10 hectares. Pour y parvenir, une opération a rassemblé les restes de plus de 10.000 tombes à Oran dans un ossuaire de regroupement, récemment repeint en blanc.
Un carré de 360 tombes a été rénové grâce au financement conjoint de l’association et de la région Sud Paca.
« Leur dignité sera notre fierté » est la devise de l’association.
Nous nous sommes rendus ensemble au cimetière du Petit lac créé le 9/3/66 pour regrouper toutes les dépouilles des soldats tombés pendant la guerre d’Algérie. 3500 militaires tombés dans les différents conflits reposent dans cet endroit qui suscite l’émotion dès que l’on y pénètre.
Nous avons aussi visité la chapelle rénovée et rouverte depuis le 16 juin 2019 qui abrite une exposition intitulée « l’Algérie et la grande guerre. » +d’images