(g. à d.) Olivier Cadic ; Jean-Hugues Simon-Michel, ambassadeur de France au Guatemala ; Alain Kahn, conseiller consulaire Guatemala et Salvador
Dernier pays sur ma feuille de route, le Guatemala. Alain Kahn m’a accompagné pour parachever mon passionnant déplacement en Amérique centrale (Mexique, Costa Rica, Honduras, Salvador).
Son Excellence Jean-Hugues Simon-Michel m’a remarquablement accueilli. Je lui suis extrêmement reconnaissant car il s’est également révélé être un guide précieux auprès des autorités politiques locales et de notre communauté établie dans ce pays jeune (70% des 16 millions d’habitants ont moins de 30 ans) et émergent : les transferts d’argent des émigrés guatémaltèques représentent 10% du PIB !
Mes diverses rencontres avec les autorités guatémaltèques m’ont offert l’opportunité de les sensibiliser à l’intérêt d’agir pour sortir le Guatemala de la courte liste des ETNC (Etats et territoires non coopératifs) en matière fiscale.
Politique
Carlos Ramiro Martinez, vice-ministre des Relations extérieures
(g. à d.) Alain Kahn, conseiller consulaire Guatemala et Salvador ; Olivier Cadic ; Carlos Ramiro Martinez, vice-ministre des Relations extérieures ; Jean-Hugues Simon-Michel, ambassadeur de France au Guatemala
Représentant permanent du Guatemala devant les Nations-Unies pendant 6 ans, puis ambassadeur au Paraguay et en Argentine, Carlos Ramiro Martinez est le ministre en charge des Relations extérieures de son pays. J’ai pris avantage de cette rencontre pour le remercier de l’implication du Guatemala pour contribuer au succès de la COP21 et le féliciter pour l’action exemplaire de son pays en matière de lutte contre la corruption.
Pour appuyer l’action de notre ambassadeur dans le domaine économique, nous avons mis en valeur des entreprises françaises susceptibles de contribuer à des projets d’infrastructure localement.
En matière fiscale, nous avons évoqué l’absence d’accord permettant la levée du secret bancaire à des fins d’échanges internationaux. J’ai déploré la lenteur des enquêtes concernant deux dossiers d’homicides qui ont frappé des compatriotes en lui demandant d’insister auprès des autorités judiciaires afin que tout soit entrepris pour retrouver les coupables.
Diplomate chevronné qui ne pratique pas la langue de bois, le ministre m’a répondu avec franchise sur les sujets les plus sensibles.
Au Congrès / Felipe Alejos Lorenzana, vice-président du Congrès
Le 14 janvier 2016, Jimmy Morales, ancien acteur de télévision, a été investi en tant que 50ème président de la République du Guatemala. Le nouveau président doit composer avec un congrès où il ne compte que très peu d’appuis : son parti n’a obtenu que 11 députés sur 158 sièges…
Le vice-président du Congrès, Felipe Alejos Lorenzana, qui m’a accueilli est un jeune député brillant promis à un bel avenir. Le parti Todos dont il est membre propose une synthèse entre la social-démocratie et le libéralisme.
Felipe Alejos Lorenzana s’est montré curieux de découvrir notre système de représentation parlementaire des Français à l’étranger. 2 des 16 millions de ses compatriotes vivent en dehors du Guatemala. Nous avons également évoqué les relations France-Guatemala et le travail législatif en cours au congrès.
L’attente du peuple est grande vis-à-vis de sa classe politique, car le pays demeure pauvre et inégalitaire. Même avec un taux de croissance de 4% (2015), plus de la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté.
Les débats en cours portent sur la réforme de la loi électorale qui prévoit l’interdiction de changer de parti en cours de mandat ou encore sur quelques dispositifs de la loi sur la jeunesse, comme le droit à l’éducation sexuelle et l’accès à la contraception.
Sensible à l’intérêt des médias guatémaltèques désireux de recueillir mes impressions dès la sortie du Congrès, j’ai mis en avant l’action exemplaire de notre ambassadeur.
Au Parlacen / José Antonio Alvarado Correa, pdt du Parlacen
Né en 1991, le Parlement centroaméricain (Parlacen) est constitué de députés élus des états suivants : Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua, Panama et République Dominicaine (20 députés par état). Son objectif est de réaliser l’intégration centraméricaine, afin qu’elle devienne une région de paix, de démocratie et de développement. Le Parlacen propose en ce sens des législations et des projets de traités.
J’ai rencontré son président, José Antonio Alvarado Correa, puisque le siège principal de ce regroupement régional parlementaire se trouve à Guatemala City. Avant de devenir député au Parlacen, soulignons qu’il a été successivement ministre de l’Intérieur, de l’Education, de la Défense et de la Santé de son pays, le Nicaragua.
Lors de ma visite, j’ai aussi eu le plaisir de rencontrer Julio César Grijalva, vice-président du Bureau et Mauricio Diaz, secrétaire du Bureau.
Relations commerciales
Rencontre avec Ezrra Israel Orozco, vice-ministre de l’Economie, chargé des PME
En charge des PME, le vice-ministre de l’Economie, Ezrra Israel Orozco, m’a présenté sa politique en faveur de l’entrepreneuriat qui doit notamment s’incarner dans la relance des échanges entre le Guatemala et l’Union européenne. En effet, en vertu d’un accord d’association entré en vigueur le 1er décembre 2013, les droits de douane ont été, selon les produits, supprimés ou en voie de diminution progressive.
Dans le cadre juridique stable de cet accord d’association, le ministre espère que les grandes marques françaises se projetteront en nombre sur le marché guatémaltèque (comme l’ont déjà fait Lactalis ou Vins & Spiritueux) ou viendront s’installer sur place, notamment à travers des franchises, suivant ainsi l’exemple de Célio, Naf-Naf, Habitat, Roche-Bobois… sur les deux dernières années.
La France est déjà le 5ème partenaire européen du Guatemala avec des échanges de 138M€ en 2015, année où les exportations françaises ont augmenté de 11%, tandis que les exportations guatémaltèques progressaient de 41%. Espérons que ce mouvement s’amplifie encore.
Lors de mon déplacement, j’ai eu une conversation plus axée sur les entrepreneurs français locaux avec Emmanuel Seidner, directeur général de la “Camara de Francia”.
Une trentaine d’entreprises françaises sont implantées sous forme de filiales commerciales dans les biens de consommation, les télécommunications, la pharmacie ou les services.
Par ailleurs, quelques chefs d’entreprises moyennes ou petites sont impliqués dans les secteurs du commerce, de l’hôtellerie-restauration et la confection.
Communauté française
Services consulaires
(g. à d.) Jean-Hugues Simon-Michel, ambassadeur de France ; Marie-José Chaduteau-Haro, consule-adjoint et Olivier Cadic
J’en avais parlé dans mes précédents billets, l’évolution de la carte consulaire décidée par le MAEDI impacte l’Amérique centrale : en juillet 2014, les 299 Français inscrits au Honduras ont été rattachés au Guatemala, précédant les 712 Français inscrits de Salvador et Belize qui y seront rattachés à l’été 2017.
L’ambassade du Guatemala dispose de locaux très spacieux qui accueillent la section consulaire. Un renfort d’effectifs est anticipé. L’avenir dira si cette rationalisation de l’organisation consulaire s’avère être une formule qui n’handicape pas nos compatriotes établis au Salvador et au Honduras.
Réception à la Résidence
Afin de favoriser les échanges avec Alain Kahn et moi, notre ambassadeur nous a organisé une rencontre auprès de membres de notre communauté, dont 860 membres sont inscrits au Registre (60% sont double-nationaux). Les trois-quarts d’entre-eux résident dans la capitale. On évalue à 200 environ les Français non-inscrits (essentiellement les très anciens expatriés et les jeunes).
En nombre, la communauté française arrive loin derrière la communauté espagnole (10.300), allemande (près de 9000) et italienne (plus de 7000). Cependant, 30.000 touristes français visitent chaque année le Guatemala.
Soirée UFE Guatemala
Chaleureuse soirée qui s’est tenue chez Didier Castagné (à ma droite au premier plan), un brillant entrepreneur installé de longue date dans le pays.
L’UFE Guatemala, présidée par Jacques Rambert (tout à droite sur la photo), se démène dans tous les sens contre le fait que nos compatriotes fiscalement domiciliées dans ce pays se voient appliquer en France un taux d’imposition de 75% sur toutes les plus-values mobilières et immobilières réalisées en France.
Les Français sont victimes des “dommages collatéraux” de l’inscription du Guatemala sur la liste française des ETNC (Etats et territoires non coopératifs). Ainsi, lorsque des retraités s’y installent et demandent le versement de leur assurance-vie, ils apprennent que l’Etat leur retient 75% des intérêts accumulés sur toute une vie de travail en France…
Enseignement
Visite du lycée français Jules Verne
Le lycée français Jules Verne du Guatemala fête ses 50 ans !
Deux chiffres caractérisent l’établissement d’excellence du proviseur Richard Bringuier : 100% de réussite au bac et 90% de mentions !
L’établissement accueille presque un millier d’élèves, dont 10% de Français. J’ai demandé à Marie-José Chaduteau-Haro, consule-adjoint, des données sur les jeunes Français inscrits non-scolarisés à Jules Verne.
Le total des enfants encore scolarisables sur l’ensemble du pays est de 104. Le nombre d’enfants scolarisables vivant dans la capitale et ses alentours est de 52. Ils sont encore 21 dans ce cas à vivre à La Antigua.
“Cela montre qu’il y a presqu’autant d’enfants français non scolarisés à Jules Verne que d’enfants qui le sont. C’est un problème”, a commenté notre ambassadeur, Jean-Hugues Simon-Michel. “En ce qui concerne Antigua, le chiffre est significatif aussi et il faut rapidement mettre en place un programme Flam”, a-t-il suggéré.
J’ai proposé d’impliquer l’Alliance française qui pourrait créer un partenariat avec une association Flam locale ou bien ouvrir elle-même ce programme dédié aux enfants, le samedi.
A titre d’exemple, au Royaume-Uni, nous avons désormais plus de 40 écoles flam qui reçoivent plus de 3000 enfants chaque week-end, soit autant que le lycée Charles de Gaulle de Londres.
(à l’image) J’ai eu l’honneur de signer le livre d’or du lycée
Culture française
Visite de l’Alliance française
Fondée en 1920, l’Alliance Française de Guatemala est presque centenaire ! Depuis 2011, cet organisme est la tête de pont du réseau AF en Amérique centrale, lequel compte dix sièges dans six pays. En 2005, l’Alliance Française a été décorée par le gouvernement guatémaltèque de l’Ordre du Quetzal, au rang de Grand-croix.
En tant que centre d’enseignement de la langue française, l’Alliance reçoit chaque année près de 1500 étudiants dans ses murs et dans différents établissements extérieurs.
Sur un plan pédagogique, Marc Sagaert (tout à gauche de l’image), directeur général de l’AF, m’a parlé de son projet d’informatisation, puisque seulement 8 salles de cours sur 24 sont équipées de matériel permanent.
Visite du Cemca
Hébergé par l’AF, le Centre d’études mexicaines et centraméricaines (Cemca) fait partie du réseau des Instituts français à l’étranger (IFRE). Il dépend du MAEDI et du CNRS.
Le CEMCA est une plate-forme scientifique de référence au Mexique et dans la zone centraméricaine, bien connue des universités, centres de recherche et chercheurs locaux, qui facilite le travail des chercheurs français et de leurs institutions. C’est aussi un bel outil et un espace de médiation pour établir et renforcer des liens entre chercheurs et institutions de recherche locales et françaises, que ce soit pour monter des projets, les pérenniser ou pour publier des résultats de recherche.
Sébastien Hardy, responsable de l’antenne Amérique centrale, coordonne depuis le Guatemala ses activités avec celles des services culturels et de coopération scientifique et universitaire de nos ambassades.