“En mission à la tête d’une délégation parlementaire française à Oran, le sénateur des Français établis à l’étranger Olivier Cadic s’est prêté à une interview accordée au Quotidien d’Oran. Un exercice qu’il affectionne. Et dans les deux rôles, cet homme aux multiples facettes ayant travaillé un temps dans le monde de la presse et de la communication. L’occasion donc pour faire un petit tour d’horizon des axes et des thématiques autour desquels s’articule ce séjour officiel de la délégation sénatoriale française dans l’Oranie. Une visite pas comme les autres, doit-on dire.
Faisant partie, certes, du menu ordinaire du programme d’activités du Sénat français à l’étranger, cette énième visite en Algérie – qui a dû être décalée dans l’intervalle pour des raisons en relation avec le Covid – intervient aujourd’hui dans un contexte qui «s’y prête» et qui est «beaucoup plus favorable», et ce au lendemain de la visite d’État effectuée par le Président français Emmanuel Macron en Algérie, fin août, et celle du Premier ministre Élisabeth Borne, début octobre. Dans cet entretien, le sénateur des Français établis hors de France fait le point, à grand trait, sur la teneur des discussions à bâtons rompus qu’il a eues avec nombre de ressortissants français à Oran, mais également des députés algériens et autres élus locaux. Quoi de plus normal quand on sait que, pour les Français hors de France, le Sénat est un lieu si central pour qu’on l’appelle parfois la «Maison des Français à l’étranger».
C’est bien connu, les sénateurs sont pour les Français établis hors de France des interlocuteurs essentiels. Olivier Cadic était tout au long de son séjour dans l’Oranie dans ce rôle-là. Mais pas seulement. Il faisait aussi, de temps à autre, la promotion de la France auprès des autorités publiques algériennes. Une campagne de marketing politique qui ne dit pas son nom au profit des grandes entreprises françaises. Notamment, auprès des walis d’Oran et de Tlemcen, deuxième ville qu’il a visitée durant son séjour. Dans ce segment à cheval entre la mission du diplomate politique et du promoteur du savoir-faire entrepreneurial, le sénateur-entrepreneur, comme il aime à se définir, avait fort à faire.
Car aujourd’hui, Oran, en particulier, intéresse plus que jamais les Français. L’émergence d’un pôle d’industrie automobile y est pour beaucoup. Pôle au sein duquel le terrain est déjà balisé pour le constructeur italien Fiat à la faveur de la signature d’un accord-cadre entre le ministère de l’Industrie et le groupe multinational Stellantis. Ceci alors que non loin du même site, l’usine Renault s’apprête à reprendre son activité à brève échéance. Mais il y a bien plus : deux hyper-zones industrielles à Tafraoui et à Bethioua en attente d’aménagement et au moins trois mini-zones d’activités dédiées pour la startup.
Indéniablement, l’entretien qu’a eu le sénateur Olivier avec le wali d’Oran, Saïd Sayoud, aura été l’un des moments forts de la visite. Et peut-être aussi les plus intéressants, sur le plan concret. L’identité linguistique et la langue identitaire -sujet qui lui tient à cœur- , la francophonie, l’usage de la langue française dans les pays francophones, les écoles françaises à l’étranger et plus en particulier l’enseignement de la langue française et le dispositif bilingue (et parfois trilingue) francophone adopté dans les établissements d’enseignement français installés à l’étranger… autant de sujets évoqués par le sénateur Olivier Cadic, qui porte aussi le costume du président de l’Association nationale des écoles françaises à l’étranger. Petite et légère séquence de grincements de dents d’Olivier Cadic au cours de cet entretien, en l’occurrence lorsqu’il a eu à exprimer son désaccord avec son interlocuteur du jour sur certains «griefs» reprochés à l’investissement français en Algérie, et par une translation sous-entendue dans le reste du monde. D’autant qu’il y avait dans l’assertion avancée et le raisonnement développé en face une sorte d’antagonisme implicite «modèle français/modèle chinois» en matière d’investissement à l’étranger.
De quoi apporter de l’eau au moulin du sénateur-entrepreneur, qui n’a pas manqué l’occasion pour déconstruire les «préjugés» et les «idées toutes faites» non sans dire -dans les limites des thèmes et de l’espace proposés par cet entretien, s’entend- tout le mal qu’il pensait du modèle chinois”
ENTRETIEN >>>
Le Quotidien d’Oran : Le nombre de Français en Algérie inscrits sur les registres consulaires tourne autour de 42.000 ressortissants. Cependant, ils sont nombreux à disposer de la nationalité française tout en n’étant pas inscrits sur ces registres. Parmi les inscrits, il y a les expatriés des grandes entreprises françaises, soit des cadres envoyés auprès de leurs filiales en Algérie, soit des cadres démarchés par des entreprises algériennes venus pour étoffer leurs équipes de main-d’œuvre. Monsieur Olivier Cadic, en votre qualité de sénateur des Français établis hors de France, pouvez-vous nous dire quelle est l’approche adoptée par la France pour, dans un premier temps, quantifier pour ainsi dire la catégorie des Français non inscrits et, par la suite, faire en sorte que ceux-ci soient réellement sur un même pied d’égalité que les autres en matière de droits ?
Le sénateur Olivier préfère céder d’abord la parole au Consul général de France à Oran, Alexis Andres, pour enchainer sur le même sujet par la suite
Olivier Cadic : Je l’ai dit hier à table pour les binationaux : vous n’êtes pas 50%-50%, vous êtes deux fois 100%. Quand on est Franco-Algérien, on n’est pas 50% Français et 50% Algérien mais plutôt 100% Français et 100% Algérien. En Algérie, un Franco-Algérien n’a ni plus ni moins de droits qu’un Algérien à ce que je sache. C’est pareil en France, un Franco-Algérien a autant de droits que moi. C’est ce que je m’efforçais à expliquer hier à la personne qui me disait qu’elle se trouvait coincée entre deux chaises, en lui rétorquant qu’elle était plutôt dans une position privilégiée ; elle avait tout loisir de s’assoir sur l’une ou l’autre des deux chaises, à sa guise. Je l’ai souvent dit à la tribune du Sénat : la question de la francophonie, c’est fondamentale. Un Français qui ne parle pas français, c’est pour le moins très compliqué. Parce qu’un Français, c’est celui qui peut choisir le président de la République, son député, ses élus… Comment peut-il faire ce choix s’il ne parle pas la langue de ceux qui se présentent à lui aux élections ? Pour moi, à titre personnel, c’en est un grand enjeu. Depuis le début de mandat, et vous pouvez voir sur la plaquette, cette question-là, j’en ai fait mon cheval de bataille. D’ailleurs, je l’ai dit à Jean-Yves Le Drian : la moitié des Français nés aux Etats-Unis ou en Australie, par exemple, ne savent pas parler français. En Amérique latine, les deux tiers des Français natifs de ce continent ont ce même problème de langue. La situation est bien pire dans d’autres régions du monde. Tenez par exemple, pas si loin d’ici, à Annaba, 80% des ressortissants français ne parlent pas français. La problématique existe un peu partout dans les quatre coins du globe, quoiqu’à des proportions différentes. J’ai dit à Le Drian que mon objectif était de voir tous les Français parler français. Et j’ai demandé à l’époque au même ministre (de l’Europe et des Affaires étrangères, Ndlr) qu’est-ce qu’il en pensait. Est-ce qu’il faut le faire ? Il m’a répondu en me disant : ‘Bien-sûr qu’il faut le faire’. Je lui ai alors répliqué : ‘Ben alors vous attendez quoi ?’. Je m’en souviens, quand je suis parti à Dakar il n’y a pas si longtemps, en juin dernier en fait, j’ai fait toute une tournée en compagnie du conseiller culturel sur le thème de la francophonie. Il s’avère qu’au Sénégal, où le français est la langue officielle, 50% des Français nés dans ce pays ne savent pas parler le français. J’ai alors posé la question au Consul général qui m’a, à titre illustratif, raconté l’histoire d’un jeune de 18 ans, qui ne parlait rien d’autre que le wolof (langue nigéro-congolaise, la plus parlée au Sénégal), qui était venu chercher son passeport français pour prendre l’avion vers Paris. Mais enfin que va-t-il faire à Paris s’il ne parle aucun mot du français ?… Au final, la question centrale est de savoir qu’est-ce que nous allons laisser aux générations suivantes. Il y a manifestement une coupure de lien. Si quelqu’un prétend à un passeport français et qu’il ne parle pas français, que va-t-il faire avec ? S’il prévaut de sa nationalité française pour obtenir un passeport français, alors à quoi cela lui servirait-il s’il n’a absolument aucun lien avec la langue et la culture françaises ? Là est la question ! Et donc on est là pour travailler sur cette appartenance, sur ces valeurs
C’est cela qu’on doit partager tous en tant que Français. Pour moi, le côté francophone est un vrai enjeu. Quand on m’a dit qu’il y avait, ici en Algérie, des universités francophones, mais qu’il y’avait en revanche des difficultés dans la langue française chez bon nombre d’étudiants, cela m’a interpellé et préoccupé au plus haut point. Vous avez des jeunes qui ont du talent, ils pourront être de bons médecins ou de bons architectes dans un proche avenir. Mais il va leur manquer le français à tous les coups
C’est donc une responsabilité partagée aussi bien pour la France que pour l’Algérie. On doit leur donner un outil pour réussir leur vie. Leur procurer une corde à leur arc. C’est fondamental de parler français si l’on veut avoir la nationalité française car, entre autres, c’est ce qui fait que l’on puisse choisir en son âme et conscience ses représentants en France
Le Q.O.: Justement, en parlant de la francophonie, qui désigne au sens large du terme l’ensemble des peuples ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou entièrement la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs communications, et plus explicitement de l’usage actuel de la langue française, notamment dans les pays dits francophones, comment avez-vous perçu la décision des pouvoirs publics algériens d’introduire l’anglais dès l’école primaire, à partir de cette année scolaire ?
Olivier Cadic : C’est une décision souveraine
Le Q.O.: Bien évidemment qu’elle l’est. Telle n’est pas la question. Pour dire franchement les choses, en fervent défenseur de la francophonie et -cela va de soi- de la langue française, que vous êtes, et par ailleurs sénateur des Français établis hors de France et aussi président de l’Association nationale des écoles françaises à l’étranger, ne percevriez-vous pas cette décision comme étant un début, on ne peut plus clair, de supplantation du français par l’anglais en Algérie et, par là même, un signe de détachement graduel de ce grand pays francophone de la francophonie et, par effet d’entraînement, de la culture française ?
Olivier Cadic : Franchement et honnêtement, c’est l’avenir qui nous dira si c’est une décision pertinente ou si elle ne l’est pas. En tout cas, pour la mise en œuvre d’une telle décision il faut avoir d’abord et surtout les enseignants (de la langue anglaise). C’est un vrai engagement. Si c’est une visée politique politicienne, l’avenir nous dira si c’était juste ou pas de s’y engager
Là, aujourd’hui, le fait d’avoir des universités francophones et de voir que cela correspond… Vous avez bien des enseignants pour enseigner le français. C’est une question de cohérence. Moi, personnellement, je crois beaucoup à la francophonie en Algérie. Après, c’est vrai que l’anglais est indiscutablement la première langue internationale. Donc, le fait que le gouvernement algérien se préoccupe de faire apprendre l’anglais à ses enfants, dans l’absolu cela me semble pertinent. Mais il faut bien entendu avoir la capacité de mettre en place le corps enseignant. Moi je crois beaucoup à l’enseignement bilingue, voire trilingue
Là, justement, je viens de voir le Lycée international franco-taïwanais (lors de la visite d’une délégation de sénateurs français effectuée au Taïwan début septembre dernier). On y apprend en trois langues : le français, l’anglais et la langue taïwanaise. C’est cela le concept de la double culture franco-taïwanaise. C’en est l’objectif même. Les enfants sont plus forts s’ils apprennent en deux langues simultanément, c’est prouvé aujourd’hui. A Londres, on a voulu créer un deuxième collège en plus du premier annexé au Lycée international français de Charles de Gaulle. Et bien, nous avons ouvert ainsi en 2011 le Collège français bilingue de Londres (CFBL) où on enseigne toutes les matières en deux langues, le français et l’anglais. C’est une première
Les enfants sont donc totalement bilingues. C’est très drôle, je m’en souviens, lors d’une visioconférence à l’occasion du 10ème anniversaire du CFBL, il y avait cet élève de 10 ans, en classe sixième, qui me posait la question de savoir qu’est-ce que j’en pensais à propos de l’enseignement bilingue. Je lui ai répondu : ‘Toi qui as 10 ans, le même âge de l’école bilingue que j’ai voulue, tu me poses la question sur ce que j’en pense’. Et ben je lui ai répondu : ‘La réponse est en toi. C’est toi qui es ma plus belle récompense’. Et c’est ça la magie de la politique de faire les choses concrètes. Alors je dis que s’il y a une politique de faire apprendre l’anglais, pour moi c’est une chose positive. Dans l’idée, c’est ce qu’on fait, nous, au Lycée international franco-taïwanais par exemple… Dans quelques années, vous aurez en Algérie plein de jeunes Algériens qui maîtriseront et l’arabe et le français et l’anglais
Le Q.O.: Il y a eu par le passé un moment d’énorme recul de l’investissement français, pour ne pas dire un quasi-désinvestissement, en Algérie. Entre-temps, l’Algérie s’est tournée vers d’autres partenaires comme l’Italie et la Turquie, sans oublier la Chine. Toutefois, ces derniers temps, et notamment depuis la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie fin août dernier, suivie près d’un mois et demi plus tard par celle du Premier ministre Elisabeth Borne, il y a visiblement une volonté partagée pour intensifier la coopération bilatérale, spécialement dans le domaine économique, et ce sur fond d’un «partenariat renouvelé». Néanmoins, vous ne croyez pas Monsieur le sénateur que c’est aux entreprises françaises de démonter maintenant qu’elles veulent et peuvent apporter une valeur ajoutée en Algérie. Notamment à travers le transfert d’expertise et de savoir-faire, la diffusion technologique vers les agents économiques du territoire d’accueil (les employés de la filiale, les employés des fournisseurs locaux de la filiale, etc.), la possibilité de mobilité et d’extension sur d’autres territoires locaux, etc
Olivier Cadic : Je ne fais pas la même lecture ni la même observation. Je suis venu à Alger en 2021 et j’ai visité Sanofi (le plus grand complexe pharmaceutique d’Afrique du groupe français Sanofi) qui fabrique, distribue des médicaments et en exporte une partie vers des pays d’Afrique. Or c’est exactement la stratégie souhaitée par l’Algérie comme cela m’a été clairement expliqué par le wali d’Oran tout à l’heure. Voilà l’industrie automobile qui arrive à Oran et qui veut se relancer sur de bonnes bases. Il y a déjà l’usine Renault et ils sont maintenant en train de discuter avec Fiat et Stellantis en vue de mettre toute la chaîne de valeur automobile. Mais qu’est-ce qu’est en fin de compte l’industrie automobile si ce n’est de l’assemblage ? Ce n’est pas Fiat ou Renault qui font toutes les pièces. C’est une complexité compte tenu du nombre de parties prenantes à l’origine de milliers de composants intégrés dans un seul véhicule et compte tenu du degré de conformité aux normes de qualité les plus élevés requis… Vous me parlez de pays qui récoltent localement les fruits des investissements chinois. Je vous invite à faire le bilan de telles expériences et si cela a apporté réellement quelque chose de positif pour les pays réceptifs. Moi, j’ai assez d’expérience en la matière et je peux vous dire que j’ai confiance en la capacité de la France à partager ses modèles avec ses partenaires. Elle a démontré que ses entreprises ne viennent pas dans les pays pour uniquement transférer des devises mais y laissent des choses bénéfiques et durables. Elles partagent. Certes, il y a des compétiteurs, on n’est pas tout seul. Nous n’avons pas l’arrogance de prétendre que nous sommes les meilleurs.
On est dans la compétition, en espérant que la compétition soit loyale. Mais parfois, on l’a vu dans certains pays, la concurrence est déloyale. C’est d’ailleurs la grande question qui a récemment focalisé les débats lors du rassemblement mondial des conseilleurs du commerce extérieur à Nice et Monaco (évènement organisé du 19 au 21 octobre dernier sous le thème : ‘Le bouleversement du monde, nouvelles clés pour nos entreprises’). Et je l’ai dit d’ailleurs par rapport à certains investissements où on a vu que pour les infrastructures, par exemple, réalisées dans certains pays d’Afrique, ce n’est pas du tout loyal. On met en place une autoroute et on dit en même temps au gouvernement du pays : c’est moi qui l’exploite et c’est moi qui m’occupe de la concession et de tout ce qui va avec, sous condition de m’en assurer le trafic automobile (pour rentabiliser l’investissement). Alors je dis qu’à la sortie, c’est la double peine
Non seulement le pays concerné se retrouve endetté pour l’infrastructure autoroutière mais, en plus, il se voit imposer des dispositifs contraignants pour optimiser le flux automobile sur la desserte sous peine de devoir remettre les crédits ou l’infra en cas de refus de paiement de péage par les usagers. Il n’y a pas si longtemps, j’ai dit lors d’une séance plénière au Sénat que ‘win-win’ pour les Chinois, ça veut dire que je gagne deux fois. La première fois quand ils construisent, la deuxième fois quand ils exploitent. Et moi je dis qu’il n’y a pas de raison que je sois diplomate : je le constate, je le dénonce. En revanche, je suis très fier des réalisations des entreprises françaises aux quatre coins du monde et j’en fais la promotion. Lors de notre entretien, le wali d’Oran m’a longuement parlé du marché de la nouvelle route du port gagné par les Turcs (par le biais du groupe Makyol qui s’est fait confier en 2014 la réalisation d’une méga-infrastructure autoroutière de près de 100 millions d’euros, qui longe le rivage par enrochement sur mer et se fraye un long tunnel en falaise avec plein d’autres ouvrages d’art de haute technicité, ayant pour but principal de contourner vers l’extra-muros le trafic lié au transport routier de marchandises généré par le port commercial d’Oran)
Ben c’est ça, c’est la vie ! S’ils ont eu ce projet, c’est parce qu’ils étaient les meilleurs parmi les postulants. Il n’y a rien à redire là-dessus. Il faut accepter la concurrence, on ne gagne pas à tous les coups. Et si pour l’automobile ce seront les Italiens qui gagneront, tant mieux pour eux, ce sont de vrais compétiteurs et des Européens en plus. Maintenant si Renault revient en force et ramène avec elle des fournisseurs ça sera encore mieux. Si Oran veut effectivement avoir une porte d’entrée, elle aura sa place sur le marché de l’industrie automobile. Et elle se muera en exportatrice vers l’Afrique. Ça ne m’empêchera pas de contribuer à ce dynamisme parce qu’il y a aussi à Oran une communauté française. Il y a dans cette ville des entrepreneurs qui aiment faire des partenariats avec des compagnies françaises. On veut tous travailler ensemble.
Le Q.O.: Le wali d’Oran vous a-t-il soufflé un mot à l’oreille s’agissant de Peugeot ?
Olivier Cadic : Non. Il m’a cité Renault, Fiat et Stellantis. Mais il ne faut pas oublier que ce dernier groupe multinational (fondé en janvier 2021 et issu de la fusion du groupe français PSA Peugeot-Citroën et de Fiat Chrysler Automobiles) exploite et commercialise plusieurs marques, dont Peugeot et Citroën. Le wali m’a dit qu’il aimait les projets, mais qu’il aimait encore davantage les concrétiser. Il reste très prudent. On sent que c’est un homme d’expérience. Il écoute bien ce qu’on lui propose. Il était en discussion avec des responsables (du groupe Stellantis : Ndlr) qui lui ont proposé 4.000 emplois directs et 3.000 emplois indirects. Lui, il est là en tout cas pour concrétiser ce qui va le mieux pour son pays et sa ville. Il a si bien plaidé les atouts dont dispose désormais l’Algérie et, plus en particulier, la ville d’Oran. Personnellement, il m’a convaincu de l’intérêt d’y investir. J’ai pris acte et j’en ferai part à nos entreprises françaises. Et comme me l’avait dit le jour d’avant le wali de Tlemcen, on veut côté algérien faire des investissements avec les Français et il faut qu’il y ait des établissements d’enseignement français à côté. Ça va avec, l’un appelle l’autre. Moi je crois beaucoup au futur d’Oran. C’est une ville qui a prouvé qu’elle avait un business model qui fonctionne
Le Q.O.: En dehors des affaires, votre séjour à Oran ?
Olivier Cadic : Je sors de la maison natale d’Yves Saint-Laurent. J’y étais avec l’architecte et j’ai beaucoup apprécié le travail de restauration qui a été fait. J’en sors avec beaucoup d’émotions. Ce qu’il a recréé et partagé, extraordinaire ! Il a ressuscité l’âme du jeune génie
A mon sens, cette œuvre, il n’y a pas plus beau témoignage positif de ce que va être le futur d’Oran. C’est aussi un symbole positif de la relation entre la France et l’Algérie que le mécène a fait émerger du passé pour en faire un trait d’union avec le futur. Je suis sûr qu’il y aura de plus en plus de touristes de France, d’Europe et d’ailleurs à venir voir cette maison-musée du grand créateur qu’est Yves Saint-Laurent.
Tout à l’heure, j’étais avec le Consul général et il me montrait le gymnase où le mythique champion du monde de la boxe, Marcel Cerdan, présenta sa ceinture devant le public. Là aussi, ce que j’ai vu me donne énormément de confiance pour l’avenir d’Oran. Et si vous voulez une parole de conclusion pour cet entretien, je dirai que je vais repartir avec pleine de confiance pour l’avenir de la relation entre l’Algérie et la France. Car, oui, maintenant, on peut dire qu’on est reparti sur la bonne voie.