Deuxième étape de mon déplacement en Amérique du sud : le Costa Rica (lire aussi : En circonscription au Mexique (Mexico, Valle de Bravo, Guadalajara – 12 au 18 février 2016). Ce petit pays de 4,8 millions d’habitants fait souvent figure de paradis tropical à la végétation luxuriante. Il se place aussi dans le peloton de tête des pays les “plus heureux” dans les classements internationaux. Sans armée depuis 1948 (ils en sont très fiers), le Costa Rica est la plus ancienne démocratie d’Amérique latine.
Notre ambassadeur, Jean-Baptiste Chauvin (à l’image), m’a brossé un portrait plus nuancé à l’occasion de nos réunions et visites effectuées en commun. Je le remercie de sa disponibilité et de la qualité de son programme.
Relations commerciales
La Chambre de commerce, dirigée par Nathalie Beaume (à l’image), est localisée au sein de l’ambassade. Créé en 1997, cette association anime la communauté d’affaires française et favorise nos échanges commerciaux.
Cet organisme reçoit souvent des demandes de Français qui rêvent de marier affaires et exotisme. Ils devront composer avec un marché étroit et qui demande beaucoup de patience. Ceux qui font le pas repartent souvent au bout d’un an ou deux, après avoir brûlé leur cash.
Le secteur touristique fait exception, nous a dit Alexandre Barbellion, vice-président de la CCI. Le tourisme européen croît en effet de 20% par an. Sur place les Français sont très actifs avec une cinquantaine d’hôtels ou restaurants et une vingtaine d’agences de tourisme. Déjà les guides francophones sont débordés…
Le secteur médical n’est pas à plaindre non plus : il est notre premier débouché commercial (prothèses…). L’arrivée d’Essilor venu acheter le plus grand lunetier costaricien a marqué les esprits. A relever également des perspectives en matière d’infrastructures (eau, tramway…).
L’ensemble des filiales française au Costa Rica représente un CA de 800M€ pour des effectifs dépassant 3000 employés.
Avec Philippe d’Eaubonne, président de l’UFE Costa Rica, nous avons visité la Boutique French Paradox, crée par Nicolas Dreyfus (en médaillon ci-dessous), pour marquer notre soutien à la diffusion des produits agro-alimentaires français, en particulier nos meilleures bouteilles.
Jeune entrepreneur, Nicolas montre qu’une approche du marché par la voie de l’excellence et du community management, associée à l’image de marque de la France est un cocktail gagnant.
Pour accompagner nos entrepreneurs, je salue l’implication des membres du conseil d’administration de la Chambre, d’autant que le pays est réputé difficile pour réussir en affaires et son administration peu réactive.
Ils mettent en avant que le pays dispose d’un bon capital humain, un tempérament optimiste et justifie d’une stabilité politique. La sécurité juridique du Costa Rica a également été mise en avant et le fait que le Nicaragua lui sert de “tampon” face au trafic de drogue.
Enseignement français
A peine arrivé à San José, j’ai visité du lycée franco-costaricien, établissement conventionné AEFE de 920 élèves, dont 110 Français. 78% des élèves sont costariciens.
La maitrise des langues est ici une priorité. Adhérant à l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie), le Costa Rica est le seul pays d’Amérique latine qui impose l’apprentissage du Français jusqu’en 5ème. Le français et l’anglais sont mis sur le même niveau.
Initiative originale, le proviseur Jérôme Péméja m’a organisé un échange direct avec des élèves d’une classe de 6ème. Le dialogue s’est déroulé sur un ton spontané et s’est révélé enrichissant pour moi. J’espère avoir réussi cet examen de passage.
L’établissement réalise de gros efforts pour améliorer chaque année ses installations. Éric Ponçon, vice-président du comité de gestion, m’a exposé le projet immobilier destiné à rénover le lycée. Ce projet est porté par l’association des parents d’élèves et requiert encore des solutions juridiques et politiques pour sa réalisation.
Culture française
Alliance française de San José
Depuis 1965, l’Alliance française occupe une charmante bâtisse construite en 1895 et située dans le quartier historique de Barrio Amon de San José. Propriétaire des lieux depuis 1989, l’AF a réalisé une importante rénovation en 1994 pour permettre à cette maison de recevoir annuellement 1200 étudiants en cours de français, 7000 visiteurs dans sa médiathèque et 10.000 spectateurs pour ses activités culturelles. Mais le combat contre les termites, l’humidité et l’usure du temps est permanent.
Une superbe exposition photographique est installée sur les grilles qui entoure l’Alliance. Ces images en lien avec la COP 21 donnent un petit air de jardin du Luxembourg, dont les grilles servent aussi à l’accrochage d’expos photos. Une très belle initiative du directeur de l’AF, Pierre Mateo.
Le comité de direction de l’Alliance est présidé depuis cinq ans par Désirée Segovia que j’ai rencontrée en présence de notre ambassadeur Jean-Baptiste Chauvin.
La plupart des élèves sont jeunes, il faut donc une activité culturelle attractive. C’est pourquoi “il se passe toujours quelque chose à l’Alliance française” sur deux sites, bientôt trois. Par exemple, j’ai aimé l’idée de Meet up, où des entrepreneurs viennent raconter leur expérience. Récemment, un fromager a expliqué comment il avait acquis son savoir-faire en France.
A San José, la concurrence est vive en termes d’affluence et de revenus liés, mais l’AF dispose d’un atout : l’organisation des examens pour les professeurs de français costariciens. Le ministère exige en effet que les profs justifient du DELF niveau B2 (Diplôme d’études en langue française).
Communauté française
Réunion de travail avec l’ambassadeur
Mes échanges avec Jean-Baptiste Chauvin, ambassadeur de France au Costa Rica, furent très instructifs. Sans négliger les attraits certains du pays, à commencer par une croissance correcte, le diplomate s’est gardé de toute idéalisation. Les défis sont nombreux et variés : la hausse du coût de la vie, les risques naturels, un parc automobile démesuré ou une délinquance structurelle.
Nous avons développé ce dernier point. Depuis 2013, on note une progression de 73% des vols de passeport sous la menace conduisant à l’établissement d’un passeport d’urgence. La procédure pénale est plutôt permissive, ce qui n’est pas de nature à rassurer les 50.000 touristes français (données 2015).
Nous avons aussi évoqué quatre dossiers impliquant nos compatriotes. Le dernier en date concerne quatre Françaises victimes de vol de véhicule, séquestration et viol de l’une d’entre elles.
Réunion avec les conseillers consulaires
Nous avons fait un point sur la situation de notre communauté avec les élus locaux : Maurice Manaut, Denis Glock et Malika Rabia.
Je remercie Gonzague Caudard, vice-consul, du temps qu’il m’a accordé pour discuter notamment des conséquences pratiques pour nos compatriotes de la fermeture prévisible de certains consulats de France en Amérique Latine. On risque d’arriver à des situations ubuesques, se sont inquiétés les conseillers consulaires, en cas de perte de passeport ou de demande de visa.
Ils ont souligné l’incohérence de la réforme de la représentation des Français de l’étranger : le Honduras dépend des conseillers consulaires du Costa Rica, alors que le consulat du Honduras a été transféré au Guatemala, pays qui ne dépend pas d’eux.
Au 18 février 2016, 2576 Français étaient inscrits au registre de l’ambassade. Ce chiffre progresse de 5% par an en moyenne. A noter que 25% des inscrits ont plus de 18 ans et 17% plus de 60 ans. La hausse du coût de la vie gâche aujourd’hui la vie de nos retraités.
Notre ambassadeur m’a permis d’échanger avec la communauté française qui se regroupe à plus de 60% dans la capitale San José et ses alentours. Elle apprécie beaucoup un pays pionnier du développement durable, démocratiquement stable et attaché aux droits de l’homme.
Notre communauté se compose principalement de couples avec enfants ayant des revenus intermédiaires. C’est pourquoi nos échanges ont souvent porté sur coût de la scolarité, relativement élevé (4000€ annuels).
On ne s’étonne donc pas que le pourcentage des élèves boursiers soit élevé au Costa Rica. En 2015, 74 élèves ont obtenu les bourses AEFE, dont 18 à 100%, pour un montant total de 240k€ (rappelons que le lycée compte 110 élèves français).
J’ai eu le plaisir de rencontrer avec Adelino Braz, directeur de l’IFAC, Institut français Amérique Centrale, qui a une compétence élargie aux sept pays d’Amérique centrale. Il travaille toujours en essayant de cofinancer et mutualiser les actions initiées sur toute cette zone.
(g à d) : Jean-Claude Goron, Olivier Cadic, Philippe d’Eaubonne et Maurice Manaut.
Philippe d’Eaubonne, président de l’UFE Costa Rica, a réuni les adhérents à son domicile. La soirée s’est déroulée en présence de Jean-Baptiste Chauvin, ambassadeur de France, accompagné de son épouse, et de Maurice Manaut, conseiller consulaire.
J’ai eu l’opportunité de saluer l’action de Philippe durant ses douze années de présidence, avec le soutien actif de Nicole, son épouse. Philippe a passé le témoin, ce soir là, à Jean-Claude Goron, entrepreneur à l’origine de la success-story Class-croute.
Merci à tous pour leur chaleureux accueil.