Accueil      En circonscription      Sénat      Bilan de mandat      Revue de Presse          Parcours      Contact     
    

En circonscription au Royaume-Uni – Londres – Visite d’État (8-10 juillet 2025)

Ce 600ème déplacement, depuis le début de mon mandat, en compagnie d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni, où je réside depuis 1997, constituera un souvenir exceptionnel et inoubliable.

Très honoré d’avoir fait partie de la délégation officielle qui accompagne la visite d’État du Président de la République et Mme Brigitte Macron au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, en compagnie de mes collègues parlementaires Pieyre-Alexandre Anglade, Vincent Caure et Jean-François Rapin.

Très heureux que les journaux aient titré à l’issue de ce déplacement, “Paris-Londres : le grand rapprochement”.

Abbaye de Westminster

Première séquence pour la délégation officielle qui accompagne le président de la République, le cadre de l’Abbaye de Westminster, lieu de couronnement des rois depuis celui de Guillaume le Conquérant en 1066.

L’abbaye a également vu de nombreux mariages et enterrements royaux. C’est le lieu de sépulture d’une partie des rois et reines d’Angleterre et aussi des hommes et des femmes célèbres, dont William Shakespeare ou Isaac Newton.

Le président de la République et Mme Brigitte Macron ont été accueillis par le révérend Marc Birch, Recteur chanoine de l’abbaye.

La séquence s’est ainsi déroulée :
. Recueillement devant le tombeau du soldat inconnu et dépôt de gerbe
. Présentation par le Recteur des membres du corps collégial
. Intermède musical par le coeur de Westminster
. Prière prononcée par le Recteur
. Visite de l’abbaye
. Signature du livre d’or +d’images & vidéo

Palais de Westminster

Étape très attendue, le discours prononcé par le président de la République Emmanuel Macron au Palais de Westminster.
`
En 2008, j’avais suivi le discours du président Nicolas Sarkozy, un rang derrière les parlementaires, en qualité de conseiller à l’AFE pour le Royaume-Uni.

Autre perspective cette fois, aux côtés d’Emmanuel Macron, avec les ambassadeurs, face aux parlementaires britanniques (Commons et Lords) réunis en séance conjointe pour la circonstance.

À l’issue de son discours, Emmanuel Macron a été salué par une longue standing ovation des parlementaires.

Résumé des propos du président de la République Emmanuel Macron :
1. Renforcement du multilatéralisme et de l’ordre international
• le Président a souligné l’importance d’une coalition franco-britannique solide pour défendre un monde fondé sur les règles, face aux menaces de la Russie et à la montée de régimes autoritaires.
• Il a insisté sur la nécessité pour l’Europe de réduire sa dépendance économique vis-à-vis des États-Unis et de la Chine, en prônant une plus grande autonomie stratégique.
2. Coopération en matière de défense
• Il a annoncé un engagement à consacrer 3,5 % du PIB à la défense en France, tout en renforçant la coopération militaire entre Paris, Londres et l’Otan.
• Il a rappelé que le Royaume Uni et la France sont les deux seules puissances nucléaires en Europe, représentant ensemble 40 % des dépenses militaires du continent, et qu’ensemble ils peuvent bâtir le pilier européen de la défense.
3. Immigrations illégales
• Il a qualifié les traversées de la Manche de “fardeau partagé”, appelant à des résultats concrets via une coopération franco-britannique “humaine, solidaire et ferme” contre les réseaux de passeurs .
4. Soutien à l’Ukraine
• Emmanuel Macron a réaffirmé l’engagement sans faille à soutenir l’Ukraine dans sa résistance face à l’agression russe.
• Il a également évoqué la mise en place prochaine d’une force de sécurité paneuropéenne, discutée avec le Premier ministre Keir Starmer, pour un futur cessez-le-feu.
5. Paix au Moyen-Orient
• Le président a préconisé un cessez-le-feu urgent à Gaza et plaidé pour une solution à deux États en Israël-Palestine comme voie vers la paix.
6. Relance des échanges culturels et académiques
• Il a encouragé le développement des mobilités étudiants/chercheurs/artistes entre le Royaume Uni et la France, dans le sillage du nouvel accord jeunesse UE Royaume Uni.
Depuis le Brexit, cette mobilité est entravée par les Britanniques.
Pourtant ce passage a été particulièrement applaudi par les parlementaires britanniques.
7. Symbolisme culturel : prêt du Tapis de Bayeux
• En geste symbolique, Emmanuel Macron a annoncé le prêt historique du Tapis de Bayeux au British Museum (septembre 2026 – juillet 2027), en échange de la collection de Sutton Hoo.
8. Faire table rase du Brexit
• Il a qualifié le Brexit de “profondément regrettable” tout en soulignant le retour d’une relation retrouvée, grâce à l’orientation pro européenne du gouvernement de Sir Keir Starmer.
• Emmanuel Macron a appelé à ne “pas laisser la Manche s’élargir davantage” comme frontière entre leurs peuples. +d’images

Voir la vidéo du discours

Carlton gardens

À Carlton gardens, là où chaque 18 juin, nous célébrons l’Appel qui a marqué l’histoire de France, nous avons assisté au dépôt conjoint de deux gerbes par le président de la République, Emmanuel Macron, et par le Premier ministre, Keir Starmer, au pied de la statue du général de Gaulle.

Ils étaient accompagnés de Mme Brigitte Macron, et Lady Starmer.

David Lammy, secrétaire d’État aux Affaires étrangères du Commonwealth et du Développement, John Healey, ministre de la Défense et Sébastien Lecornu, ministre des Armées, étaient également présents.

À l’issue de la minute de silence, de la sonnerie aux morts, et des hymnes nationaux, le président de la République et le Premier ministre ont rencontré des vétérans, salué les élèves du lycée international Winston Churchill et leur directrice Mireille Rabaté, les représentants d’associations françaises et plusieurs élus des Français de l’étranger, dont Patricia Connell, présidente du conseil consulaire, et Marie-Claire Sparrow. +d’images & vidéo

C’est à l’issue de cette séquence, que le président de la République a pris une photo avec moi pour rendre hommage à Jérôme Notin, et son équipe, qui ont mis en œuvre le “17 cyber” (Lire le billet Cybersécurité : 17Cyber, le rêve devenu réalité !)

Château de Windsor – Dîner d’État

Profondément reconnaissant envers Emmanuel Macron de m’avoir inclus dans la délégation française, en compagnie de mes collègues parlementaires, le sénateur Jean-Francois Rapin, et les députés Pieyre Alexandre Anglade et Vincent Caure.

C’était un véritable honneur de représenter tous les Français établis hors de France d’être présenté à Leurs Majestés le Roi et la Reine au château de Windsor.

Côtoyer, lors du banquet d’État, la famille royale et de nombreuses célébrités du monde des affaires ou des artistes, à l’image des chanteurs Mike Jaeger, Elton John, Mika ou la comédienne Kristin Scott-Thomas, en compagnie du couple présidentiel et de nos ministres Jean-Noël Barrot, Sébastien Lecornu et Rachida Dati, donnait l’impression d’être au cœur d’un spectacle captivant.

Dans son discours, avec beaucoup d’humour et d’autodérision, le roi Charles III a cité le général de Gaulle pour justifier nos différences : “Les Anglais sont les Anglais, ce n’est pas leur faute !”

Dans un aparté humoristique, le roi a évoqué Astérix pour souligner les différences culturelles dans un climat de bon esprit et d’entente moderne entre les deux nations : « …Cette relation est fondée non seulement sur la coopération et la fascination mutuelle, mais aussi sur une compétition amicale et, parfois, oserai-je dire, la confusion. L’indomptable Gaulois, Astérix lui-même, et sans doute bien d’autres de ses compatriotes, ont eu le plus grand mal à comprendre notre chère “tasse de thé avec un nuage de lait” prise exactement à cinq heures de l’après‑midi… tout comme nous trouvons impossible de cuire une baguette aussi bien que vos artisans en France ! »

Le chef français Raymond Blanc était chargé de réaliser l’entrée, une “Assiette de légumes d’été, vinaigrette de tomates crues”, et le dessert, un “Parfait glacé au cassis sur un biscuit imbibé de cassis avec une gelée de fleurs de sureau”.

En hommage au chef français, la famille royale a tweeté sa photo en commentant : “L’entente cordiale in the kitchen”.

Impossible de conclure ce post autrement qu’en reprenant les mots du Président à l’issue de son toast : « Long live the United Kingdom of Great Britain and Northern Ireland. Long live France. Long live Franco British friendship. » +d’images

Mots d’ouverture du dîner d’État offert par Leurs Majestés le Roi Charles III et la Reine Camilla (voir la vidéo).

Château de Windsor – Discours du roi / Astérix

Merci à Nicolas Ribollet de m’avoir envoyé cet extrait du discours au moment où le Roi fait référence à “Astérix et ses compatriotes”, et que le cameraman oriente alors l’image sur moi :

Bonjour Olivier, Je me suis mis hier soir un peu par hasard à regarder en direct les discours du Roi et du Président au château de Windsor.
Quelle joie de te voir à l’image au moment même où le roi citait l’un de nos plus grands personnages de BD !
Comme Buckingham Palace laisse rarement la place au hasard, je n’imagine pas juste une coïncidence.
En fait, j’y ai vu un très beau clin d’oeil britannique rendant hommage à ta passion et tes activités dans le domaine de la BD.
Amitiés, Nicolas

Peut-être que le clin d’œil était alors plutôt un hommage aux Français du Royaume-Uni, dont je fais partie depuis 1997 ?


Verbatim :
L’indomptable Gaulois, Astérix lui-même, et sans doute bien d’autres de ses compatriotes, ont eu le plus grand mal à comprendre notre chère “tasse de thé avec un nuage de lait” prise exactement à cinq heures de l’après‑midi… tout comme nous trouvons impossible de cuire une baguette aussi bien que vos artisans en France !” ‎

Imperial College

Environ 250 personnes étaient réunies à l’Imperial College pour assister à la première séquence de la seconde journée de la visite d’État.

Le président de la République a participé à une table ronde intitulée : « IA : de la science à la croissance », avec la participation de Demis Hassabis (co-fondateur DeepMind) ; Arthur Mensch (CEO Mistral AI) et en modérateur, Amanda Wolthuizen (Imperial).

Emmanuel Macron a appelé à une alliance stratégique en IA franco britannique, affirmant que “le partenariat… est critique” pour rattraper les États Unis et la Chine, en mutualisant talents, laboratoires et financements.

L’objectif est d’atteindre une masse critique européenne pour concurrencer les puissances technologiques mondiales.

Cette séquence montre une volonté claire du président Macron de faire de l’IA un moteur de croissance européen, porteur de souveraineté technologique, à travers des partenariats structurés entre la France, le Royaume-Uni et leurs écosystèmes universitaires et industriels.

Très heureux d’avoir retrouvé le philosophe Théodore Zeldin à cette occasion. Il était venu en octobre 2011 à Ashford pour participer à une conférence en faveur de la création d’un métro transmanche pour rapprocher la France du Royaume-Uni. +d’images

Clara Chappaz et Éric Lombard

Institut français – Diplomatie économique

À l’occasion de la visite d’État du Président de la République au Royaume-Uni, Éric Lombard, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et Clara Chappaz, ministre déléguée en charge de l’Intelligence artificielle et du Numérique ont organisé une réception pour la communauté d’affaires française au Royaume-Uni.

En 2024, 152 projets venus du Royaume-Uni ont permis de créer ou maintenir 4843 emplois.

Le pays est le 3ᵉ investisseur en nombre de projets et le 2ᵉ en emplois générés.

La France enregistre avec le Royaume-Uni son plus important excédent bilatéral en biens, atteignant 10,6Mds€ en 2024, devant tous ses autres partenaires commerciaux. Les exportations françaises ont progressé de 9% depuis 2019, pour atteindre 37,7Mds€.

Dans le domaine du nucléaire civil, EDF annonce un investissement de 1,1 Md£ dans le projet Sizewell C, pour la construction de deux réacteurs EPR au Royaume-Uni.

Très heureux d’avoir retrouvé Pascal Cagni, président de Business France et les membres de la Team France du Royaume-Uni réunis : Henri Baïssas (Business France) ; Pierre Chabrol (conseiller économique à l’ambassade de France) ; Luc Bardin (CCEF), Ralph Crouan (French Tech London), Philippe Chalon (Cercle Outre-Manche) et Sébastien Joly (directeur de la Chambre de commerce franco-britannique). +d’images

Lord-Maire – Guildhall

Le deuxième jour de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni s’est conclu par un banquet d’État à Guildhall, organisé par Alastair King, Lord-Maire de Londres et la City of London Corporation.

Plus de 600 invités ont assisté au banquet, y compris Son Altesse Royale le duc de Gloucester, plusieurs personnalités politiques de haut rang et des chefs d’entreprise du secteur financier et des services professionnels tant au Royaume-Uni qu’en France.

Le hasard du placement m’a offert le privilège d’être face à Julien Clerc, accompagné par son épouse Hélène Gremillon.

Émouvant de retrouver ce lieu où j’avais assisté au banquet d’État, il y a plus de 17 ans en 2008, offert alors au Président Nicolas Sarkozy.

Les temps ont bien changé depuis que le Royaume-Uni est sorti de l’UE.

Le maire de Londres a salué un esprit de coopération renouvelé dans les relations entre le Royaume-Uni et l’UE et appelé à une collaboration plus étroite sur les services financiers.

La cérémonie était à la fois diplomatique et cérémonielle : le chef de l’État a prononcé un discours dans une atmosphère empreinte de solennité et de traditions londoniennes. Emmanuel Macron a notamment critiqué le Brexit d’une manière diplomatique : « Je suis très respectueux de la voix du peuple et du choix de votre pays il y a neuf ans. Mais je dois dire que l’Union européenne était plus forte avec vous, et vous étiez plus forts avec l’Union européenne. »

Après s’être rendu au British Museum, le président a également déclaré qu’après « un projet longuement mûri », la France allait prêter pour la première fois en 900 ans la Tapisserie de Bayeux au British Museum.

Plusieurs ministres français accompagnaient le Président : Sébastien Lecornu (Armées) ; Jean-Noël Barrot (Europe et Affaires étrangères) ; Rachida Dati (Culture) ; Éric Lombard (Économie) ; Benjamin Haddad (Europe) et Clara Chappaz (Numérique) avec laquelle j’ai travaillé sur la transposition de 3 directives européennes (NIS2, DORA, REC) dans le droit français. +d’images

Sénat – Élargissement de l’UE – Bosnie-Herzégovine – Vidéo Q/R (3’50)

La commission des Affaires européennes du Sénat, présidée par Jean-François Rapin, a reçu Olivér Várhelyi, commissaire européen en charge de l’élargissement et de la politique de voisinage, au lendemain de l’adoption du paquet “Élargissement 2023” par la Commission européenne.

La Commission a également adopté un plan de croissance économique pour les Balkans occidentaux, dans le but de faire bénéficier cette zone de certains avantages avant même l’adhésion de ces pays à l’UE.

Cette audition a retenu tout mon intérêt puisque je devais recevoir Mme Zeljka Cvijanovic, coprésidente de Bosnie-Herzégovine quelques instants plus tard, au Sénat.

Considérant ce pays, Olivér Várhelyi a salué les réformes entreprises (intégrité du système judiciaire, lutte contre le blanchiment, accès à l’information, alignement sur la PESC…). Par conséquent, la Commission recommandera “l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Bosnie-Herzégovine dès que le degré nécessaire de conformité avec les critères d’adhésion sera atteint”.

La commission fera donc un nouveau bilan des progrès accomplis en mars 2024.

VERBATIM

Ma question vient prolonger les précédentes interventions. Je suis un fervent partisan de l’adhésion des pays des Balkans occidentaux dans l’Union européenne et pour moi ce n’est pas un élargissement, c’est plutôt une intégration puisqu’ils sont sur le continent.

Dans un quart d’heure, je vais recevoir Mme Zeljka Cvijanovic, membre bosno-serbe de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine. Cela va être l’opportunité de lui exprimer ma difficulté face aux mesures déstabilisatrices prises par M. Dodik dans l’entité de Republika Srpska, de même que son discours sécessionniste, nationaliste et pro-russe qui est inacceptable pour ceux qui sont attachés à l’UE. Il menace aussi gravement la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et son unité. La question serait de vous demander… quelle question vous poseriez à Mme Cvijanovic pour stimuler son action en faveur de l’adhésion et pour convaincre le Conseil d’ici mars 2024 ?

Mission Brexit – L’avenir politique de l’Irlande – Mon intervention

Au Parlement irlandais, le 17 oct 2022

Le groupe sénatorial de suivi de la “nouvelle relation euro-britannique” avait décidé d’envoyer une délégation en Irlande et au Royaume-Uni, du 16 au 18 octobre, pour observer les conditions d’application de l’Accord de sortie de l’UE, en particulier celles relatives au protocole Nord-Irlandais (compte-rendu).

Avec mes collègues Didier Marie et Jean- François Rapin, respectivement président et vice-président de la commission des Affaires européennes, nous avons rendu compte de cette mission à Dublin et Londres qui nous a conduits à échanger avec les membres du gouvernement, du parlement et les acteurs de la société civile.

Je suis intervenu sur la situation en Irlande et la question complexe de sa réunification politique qui sera, quoiqu’il advienne, un processus politique long et délicat…

VERBATIM

Monsieur le président,
Mes chers collègues,
> Il y a quelques semaines, nous nous sommes rendus avec le président Rapin et notre collègue Didier Marie en Irlande puis au Royaume-Uni pour plusieurs rencontres et entretiens dans le cadre de notre groupe de suivi.
> Les échanges que nous avons eus avec différents interlocuteurs ont témoigné du fait qu’une grande incertitude demeure autour de la relation euro-britannique. Pour autant, cette relation continue de nous concerner directement et concentre de nombreux risques et opportunités qui justifient que nous y accordions une attention particulière.
> Avant que le président Rapin n’évoque les échanges que nous avons eus avec les autorités publiques à Londres et que notre collègue Didier Marie n’évoque la question cruciale du protocole nord-irlandais,
je voudrais évoquer la journée de travail qui a été organisée à Dublin le 17 octobre.
> La première impression qui ressort de nos échanges et de notre voyage est que l’Irlande est un pays à la fois profondément européen et particulièrement dynamique.
> En effet, alors qu’au moment de son entrée dans l’Union européenne au début des années 1970 l’Irlande faisait partie des bénéficiaires des fonds structurels européen, elle est devenue l’un des pays les plus prospères d’Europe.
> Ce nouveau statut est un acquis des deux décennies qui ont suivi la chute du mur de Berlin. Il faut souligner ici qu’entre 1993 et 2006 la partie Sud de l’île d’Irlande a connu une croissance annuelle moyenne de 8% !
> Par conséquent, l’Irlande figure aujourd’hui parmi les moteurs de croissance dans la zone euro et elle est devenue un pays contributeur net au budget de l’Union européenne.
> En concurrence directe avec les Pays-Bas et le Luxembourg pour attirer les sièges sociaux européens d’entreprises internationales, l’Irlande affiche un PIB par habitant qui est désormais le troisième plus élevé de l’Union avec plus de 70 000 € par habitant, c’est-à-dire deux fois plus que le moyenne de l’Union européenne qui est de 28 000 €.
> Le second point sur lequel nous tenons à attirer votre attention est la transformation profonde et souterraine qui se produit actuellement au sein de la société irlandaise.
> Un problème d’identité se fait jour depuis le Brexit. Il a été exprimé par un sénateur rencontré : « Quand je suis au Portugal, on me voit comme un Irlandais, quand je suis à Belfast, on me voit comme un Britannique ! »
Les Unionistes, pourtant attachés à la couronne, se voient eux désormais comme des nord-irlandais et non plus comme des Britanniques.
> Comme vous le savez, l’Irlande a été pendant de longues années meurtrie et endeuillée par les affrontements entre la communauté à majorité catholique qui a fondé l’État irlandais au Sud de l’île et la communauté à majorité protestante de l’Irlande du Nord et de sa capitale, Belfast.
> Or le recensement de la population nord-irlandaise en 2022 a mis au jour un basculement de la majorité confessionnelle de l’Irlande du Nord vers le catholicisme, qui devance légèrement le protestantisme avec 46% de la population contre 44%.
> Sur le plan électoral, on assiste à une montée en puissance progressive mais constante des partis favorables à la réunification de l’île.
> Au sud de l’île, le Sinn Fein a été le parti à recueillir le plus de voix lors des élections législatives de 2020 avec 24,5% des voix, bien que la coalition au pouvoir fasse actuellement obstacle à sa participation à l’exécutif.
> Au Nord de l’île, le scrutin de mai dernier a lui aussi produit un résultat historique avec l’arrivée en tête du Sinn Féin avec 29% des voix.
> Si la formation d’un pouvoir exécutif local en Irlande du Nord est aujourd’hui bloquée par les antagonismes politiques sur lesquels le président Rapin reviendra, cette convergence entre les deux parties de l’île en faveur Sinn Fein est un fait politique majeur.
> Car en effet, la victoire électorale possible du parti Sinn Fein dans les deux parties de l’Irlande ouvre une perspective historique : celle de la réunification politique de l’Irlande.
> Conscients que seul le Sinn Fein porte une vision et un projet pour rassembler les Irlandais, les représentants des partis traditionnels ont brisé un tabou et exprimé ouvertement leur position sur cette question.
> La réunification de l’Irlande est une question complexe qui ne saurait se réduire à une simple option binaire, comme l’ont souligné les acteurs politiques et de la société civile que nous avons rencontré.
> La réunification sera quoiqu’il advienne un processus politique long et délicat. Plusieurs des personnes que nous avons rencontrées ont d’ailleurs dressé un parallèle avec la question du Brexit pour souligner le fait qu’il y avait plusieurs manières de réunifier l’Irlande – confédération, fédération, fusion…- tout comme il y avait plusieurs manières de quitter l’Union européenne.
> Un an avant, personne n’avait anticipé la chute du mur de Berlin ou celle de l’Union Soviétique.
> Il faut donc dès à présent nous interroger sur la forme que pourrait prendre la réunification.
> Si elle a lieu un jour, cela réglerait toutes les difficultés liées à l’application du protocole nord-irlandais.
> Mais il faut garder à l’esprit que quelle que soit la formule politique adoptée elle devra tenir compte du million de personnes de la communauté d’Irlande du Nord qui se sentent toujours attachés à la couronne britannique.

L’HEBDO DES INDÉPENDANTS N°190 – 20 oct 2022

Lire : l’HEBDO DES INDÉPENDANTS n°190 – 20 oct 2022Logo HebdoLettre bleu - Rond75

Sommaire :

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER & AFFAIRES ÉTRANGÈRES
. Exit, l’exit tax
. « Contribution de solidarité nationale », nouveau rejet
. Fiscalité des non-résidents, petit rappel
. Montréal : on vote ce samedi
. Save You – visio de présentation reportée « sine die »
. Preuve de la nationalité et possession d’état de Français
. Désuétude versus possession d’état

LE CLUB DES INDÉPENDANTS
. Thierry MIALLIER, président du conseil consulaire au Tchad (Mahamat Idriss DÉBY)
. Nicolas HATTON, conseiller des Français au Royaume-Uni, président de The3million. (Liz TRUSS)
. Nadia CHAAYA, présidente des Indépendants à l’AFE, présidente du conseil consulaire d’Arabie saoudite – Sanaa (Chefs d’îlots)
. Serge THOMANN, conseiller des Français – Australie, Papouasie – Nouvelle Guinée. (Julia GILLARD)

LE BLOG D’OLIVIER CADIC
. Cyber-attaques. « Ne payez jamais de rançon ! »
. En circonscription en SUISSE – Genève (13-14 oct. 2022)
Délégation sénatoriale en mission au nom de groupe de suivi de la « nouvelle relation euro-britannique » pour observer les conditions d’application de l’Accord de sortie de l’UE, à Dublin et Londres :
. En circonscription en IRLANDE – Dublin (16-17 oct. 2022)
. En circonscription au ROYAUME-UNI – Londres (18 oct. 2022)

FRANCE
Actualités : Politique & Société

BRÈVES D’AILLEURS

CARNET & NOMINATIONS

Découvrir l’InfoLettre n°190

En circonscription au Royaume-Uni – Londres (18 oct. 2022)

Après une première étape à Dublin, nous nous sommes rendus à Londres, avec mes collègues Jean-François Rapin et Didier Marie, afin de poursuivre notre mission au nom du groupe de suivi de la « nouvelle relation euro-britannique ».

Tous nos remerciements à nos interlocuteurs rencontrés au Foreign Office, au Parlement et à la délégation de l’UE, ainsi qu’aux services de l’ambassade de France, qui nous ont permis de cerner les diverses problématiques liées à la mise en œuvre de l’Accord de retrait du Royaume-Uni.

Diplomatie Parlementaire

Résidence de France

Notre délégation sénatoriale a été accueillie à la Résidence de France pour un petit-déjeuner de cadrage, autour des responsables de notre ambassade et notre consul général :
Gerrit Van Rossum, chargé d’affaires a.i.
Amiral Hervé Hamelin, attaché de défense
Guillaume Lacroix, Premier conseiller
Stanislas Godefroy, conseiller économique,
Samer Melki, consul général

Délégation de l’Union européenne

Dans un second temps, nous sommes allés dans les locaux de la Délégation de l’Union européenne, afin d’échanger avec Nicole Mannion, chargée d’affaires.

La délégation de l’UE présente et explique le politique de l’UE, auprès du gouvernement et du Parlement britanniques et travaille en collaboration avec les ambassades et consulats des 27 États membres de l’UE implantées au Royaume-Uni.

Nicole Mannion nous a apporté son analyse des mutations politiques du pays que je qualifierais « d’agitées » et de ses conséquences sur la bonne application de l’Accord de sortie du Royaume-Uni de l’UE.

En réponse à mes observations suite au refus manifeste du DUP (unionistes) de participer positivement au bon fonctionnement de l’accord du Brexit, Nicole Mannion est convaincue que la solution pour obtenir une bonne application du protocole Nord-irlandais, qui tarde à venir, se trouve à Westminster.

Foreign Office

Ce déplacement m’a offert le plaisir de retrouver Olaf Henricson-Bell, directeur pour l’UE, au ministère des Affaires étrangères britannique, que j’ai côtoyé pendant 4 ans lorsqu’il était en poste à Paris durant la période qui a suivi le référendum du Brexit.

Les différents domaines définis dans l’Accord de retrait (finance, pêche, transports, sécurité, droits des citoyens…) ont été abordés.

En réponse à mes interrogations concernant le Data protection Act (DPA) qui pourrait s’écarter du RGPD européen, Olaf Henricson-Bell m’a assuré que la réforme du DPA ne doit pas menacer l’Adequacy agreement, et restera compatible avec la RGPD.

La visite promise du Foreign office prévue après notre entretien a été empêchée par une alerte incendie. Cela nous aura permis de découvrir que le ministère était une véritable ruche.

Parlement

Reçus à Westminster par Stephen Crabb, président du Groupe d’amitié parlementaire Royaume-Uni-France, dans un contexte politique très perturbé.

Restera ? Restera pas ? La première ministre Liz Truss a perdu toute crédibilité. La question est donc plutôt : combien de temps peut-elle se maintenir et quel processus adopter pour lui trouver un successeur ?

Lors du déjeuner, notre délégation a engagé le dialogue avec les parlementaires britanniques, députés et Lords :
Stephen Crabb (député – conservateur)
Ben Lake (député – nationaliste gallois)
Douglas Chapman (député – nationaliste écossais
Paul Murphy of Torfaen (Lord – travailliste)
John Anderson, Viscount Waverley (Lord – crossbencher)
Baroness Barbara Janke (Lord – libérale-démocrate
Don Touhig (Lord – travailliste)

Constat partagé sur la nécessité de renouveler nos rencontres régulièrement pour surmonter les effets du Brexit sur notre relation bilatérale.

Cet entretien s’est poursuivi par la rencontre de deux personnalités de premier plan : Lady Anelay, présidente de la commission des Affaires étrangères et de la Défense et Lord Kinnoull président de la commission Europe de la chambre des Lords.

En réponse à ma question sur les enjeux cyber, Lady Anelay a évoqué l’évolution du rapport à la Chine pour le Royaume-Uni qui, en un an, est passé du statut de rival systémique à celui de menace sur la sécurité nationale.

En circonscription en Irlande – Dublin (16-17 oct. 2022)

Quatre ans après le déplacement de la délégation Brexit du Sénat (*) à Dublin, Belfast et Londres, je suis revenu pour une mission de deux jours à Dublin et Londres, en compagnie de mes collègues Jean-François Rapin et Didier Marie, respectivement président et vice-président de la commission des Affaires européennes.

En effet, le groupe sénatorial de suivi de la “nouvelle relation euro-britannique” a décidé d’envoyer une délégation à Dublin pour observer les conditions d’application de l’Accord de sortie de l’UE, en particulier celles relatives au protocole Nord-Irlandais.

Pour ce faire, notre délégation a rencontré les membres du gouvernement, du parlement et les acteurs de la société civile.

Ce déplacement nous a permis de constater l’excellence de notre relation bilatérale avec l’Irlande et des échanges commerciaux qui se sont beaucoup étoffés depuis le Brexit.

Pour mon 7ème déplacement en Irlande, je n’ai pas manqué de rencontrer Laurence Helaili-Chapuis, présidente du conseil consulaire pour l’Irlande et conseillère à l’AFE pour l’Europe du Nord. Je la remercie d’avoir organisé, un dimanche, des rencontres auprès de notre communauté en Irlande avec la participation de Saida Khemira, conseillère des Français de l’étranger.

Diplomatie parlementaire (Mission Brexit)

Parlement

Accompagnés par Vincent Guerend, ambassadeur en Irlande et Julien Bouchez, deuxième conseiller, nous avons eu une réunion au Parlement avec le groupe d’amitié parlementaire France-Irlande, présidé par Richard Bruton, député – FineGael, la commission des Affaires européennes, la commission des Affaires étrangères et Défense, la commission sur l’Application de l’accord du Vendredi Saint.

Cette première étape nous a permis d’évoquer leur perception des effets produits sur l’Irlande, suite au Brexit et leur avis sur le retard concernant l’application du protocole Nord-irlandais, prévu dans l’accord de sortie du Royaume-Uni.

Pour la première fois, des parlementaires irlandais ont partagé leur vision sur ce que pourrait représenter un accord de réunification avec l’Irlande du nord. Les modalités imaginées variaient en fonction des interlocuteurs démontrant que la réflexion commence à s’engager, sans que la solution apparaisse évidente. +d’images

Ministère des Affaires étrangères

Réunion au ministère irlandais des Affaires étrangères pour évaluer l’impact du Brexit sur l’île d’Irlande, afin de mesurer l’état actuel de l’application du protocole Nord-Irlandais et son impact sur le terrain au niveau douanier et des transports.

Les défis à venir restent nombreux pour garantir l’étanchéité des frontières, car il n’y a pas de moyens pour contrôler les camions qui arrivent depuis le nord de l’île.

Compte tenu du nombre de personnes qui s’interrogent sur l’opportunité de concrétiser la réunification de l’île afin de régler le problème du protocole Nord-Irlandais, j’ai demandé à nos interlocuteurs si les différents scénarios qui pouvaient aboutir à une sortie de l’Irlande du nord de l’UE ont été étudiés.

Beaucoup voient la réunification de l’Irlande comme une fusion à l’allemande.

Compte tenu des réalités de terrain, des démarches plus progressives, fédérales ou confédérales peuvent également être réfléchies.

Karl Gardner, directeur duBrexit, DFA
Paul Sherlock, Directeur,Relations Nord/Sud, DFA
Florence Carey, Directricegénérale de la division des douanes, Irish Revenue Commissioners
Eddie Burke, DirecteurDivision Internationale /UE, Dept of Transport
Colm Hawkes, Unité Brexit, DFA

Société civile

L’application du protocole Nord-Irlandais reste le point de l’accord de sortie de l’UE qui semble le plus difficile à mettre en œuvre pour les Britanniques.

L’ambassadeur de France en Irlande, Vincent Guerend, a organisé deux échanges avec des acteurs de la société civile pour évoquer les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, vues depuis Dublin.

Déjeuner à la résidence de France :
Pat Hynes (GlencreeCenter for Peace and Reconciliation) ;
Noel Treanor (Evêque de Belfast) ;
Danny McCoy (IrishBusiness and Employers Confederation – IBEC) ;
John Downing (IrishTimes)

Réunion à l’ambassade avec le Brexit Institute :
Ian Cooper (chargé de recherche à l’Institut du Brexit de l’Université de la ville de Dublin -DCU)
Christy Ann Petit (professeure de droit européen à la DCU School of Law and Government et au Brexit Institute)

La relation bilatérale entre la France et l’Irlande apparaît renforcée depuis la mise en application du Brexit.

Les liaisons directes par bateau avec le continent pour éviter le passage des biens au travers du Royaume-Uni ont plus que doublé.

Sinn Fein

Entretien avec Martina Anderson, référente Europe du Sinn Fein.

Ce parti républicain a désormais le vent en poupe et fait de la réunification de l’Irlande son objectif prioritaire pour faire revenir l’Irlande du Nord dans l’UE.

Ancienne activiste de l’armée républicaine irlandaise provisoire, Martina Anderson est devenue parlementaire nord-irlandaise, puis députée européenne jusqu’à la sortie du Royaume-Uni.

Elle souhaite qu’une réflexion collective soit engagée en Irlande pour faire émerger un consensus sur la manière d’unifier les deux parties de l’île.

Communauté française

Consuls honoraires

Laurence Helaili-Chapuis a initié une réunion en présence de Saida Khemira, conseillère des Français de l’étranger et Monika Lewitowicz, vice-consule à Dublin, avec les trois consuls honoraires d’Irlande :
Catherine Gagneux (Galway);
Josselin Le Gall (Cork) ;
Loïc Guyon (Limerick)

Laurence ne manque jamais une occasion de rappeler l’abnégation dont ils ont fait preuve pour porter assistance et réconfort à nos compatriotes en difficulté durant la période du Covid.

Je leur suis sincèrement reconnaissant d’avoir fait le déplacement à Dublin, un dimanche, afin de m’éclairer sur leur action auprès de nos compatriotes et des autorités locales.

Leurs suggestions pour améliorer l’efficacité du service rendu sont précieuses.

Je relaierai leur souhait d’être associés aux états généraux de la diplomatie.

Cet entretien m’offre l’opportunité de saluer l’engagement bénévole et les multiples mérites des 475 consuls honoraires de notre réseau mondial. Nous leur devons tant.

Rencontre en deux temps organisée par Laurence Helaili auprès de la communauté française, en présence de Saida Khemira, conseillère des Français de l’étranger pour l’Irlande.

Communauté d’affaires

Mathieu Gorge, président des CCEF Irlande m’a transmis un remarquable rapport concernant l’impact du Brexit sur l’économie irlandaise qui met en valeur toutes les opportunités au pays du Trèfle.

French Tech, conseillers au commerce extérieur, acteurs de la bioeconomie, distribution de produits français sur un marché qui peine à offrir une variété de produits du fait du Brexit…

Leurs idées sont nombreuses et sont à l’image de la dynamique irlandaise.

Droit des femmes / vie quotidienne

Dialogue sur les évolutions récentes du droit des femmes : suivi de grossesse et accès à la contraception depuis le Repeal. Témoignages de femmes, victimes collatérales des lois anti-IVG dans le cadre d’une grossesse à risque.

Des échanges passionnants qui m’ont permis de comprendre que le réseau sanitaire irlandais conserve des faiblesses qui engendrent de réelles frustrations pour nos compatriotes.

Puis, par un jeu de questions/réponses, nous avons abordé les questions qui concernent les Français d’Irlande : inflation, pouvoir d’achat, accès aux documents d’identité…

Merci à Laurence d’avoir organisé ces débats et à tous les participants d’avoir pris sur leur dimanche pour venir à ma rencontre.

 

(*) délégation composée pour moitié de sénateurs membres de la commission des Affaires étrangères et de la Défense et, pour l’autre moitié, de membres de la commission aux Affaires européennes

Débat sur l’accord de commerce et de coopération entre le RU et l’UE (vidéo 4’35)

« Certains observent que les relations commerciales après le Brexit sont comme un oignon : à chaque fois que vous enlevez une couche, vous en découvrez une autre, et elle vous fait pleurer un peu plus. »

Comment forger le cadre d’une relation future avec le Royaume-Uni ? Le 3 mars, à la demande de la commission des Affaires étrangères de la Défense, présidée par Christian Cambon et de la commission des Affaires européennes, présidée par Jean-François Rapin le Sénat a débattu sur l’accord de commerce et de coopération entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Je suis intervenu au nom du groupe Union centriste en commençant par saluer le travail émérite de Michel Barnier et la fermeté de convictions de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes.

A l’heure où l’on redécouvre la lourdeur des démarches TVA et les frais de douane, j’ai évoqué le climat des affaires sous divers aspects : la compétitivité des PME françaises, les services financiers (qui ne font pas partie de l’accord), les risques de concurrence déloyale, l’attractivité de l’UE ou encore la mobilité des étudiants stagiaires.

Réponses clés de Clément Beaune :

“Les conditions de concurrence équitables valent pour tous les secteurs économiques (…) C’est fondamental pour que l’accès au marché unique que nous avons donné aux Britanniques ne se traduise pas par une stratégie de dumping, qu’on appelle parfois Singapour-sur-Tamise. Si la tentation existait, nous avons les moyens de la contrer”.

“Il faut que nous mettions en place un système de suivi concret et d’alerte par les entreprises, par les opérateurs économiques qui puissent signaler toute difficulté, tout écart, toute divergence dans l’application de cet accord et le respect des normes”.

“Nous souhaitons que soit proposé un mécanisme législatif de l’Union européenne pour que nous organisions nos procédures de réaction et de rétorsion, par des droits de douane par exemple, en cas de divergence. Nous n’avons pas encore ces mécanismes à l’intérieur de l’UE, mais nous devons les avoir dans l’année qui vient”.

“En matière financière, le risque de stratégie de déréglementation existe et nous devons conduire encore dans les prochains mois une évaluation (…) et ne donner d’accès à notre marché que produit par produit, segment financier par segment financier si nous avons des garanties sur une réglementation financière aussi protectrice que la nôtre du côté britannique, ce qui ne semble pas être à ce stade le cas.”

“J’ai regretté que dans cet accord ne figure pas de coopération en matière étudiante”

En conclusion :

“Le Brexit a réveillé l’Europe, nous avons démontré dans cette négociation notre capacité à défendre notre unité ; notre capacité à imaginer : je suis convaincu, par exemple, que le plan de relance européen qui a été acté il y a neuf mois n’aurait jamais été possible sans le Brexit”.

Intervention de Clément Beaune (vidéo)

VERBATIM DE MON INTERVENTION

Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

Le 24 décembre dernier, l’Union européenne et le Royaume-Uni sont parvenus à un accord de commerce et de coopération.

Le groupe Union Centriste s’en réjouit. Il vient compléter l’accord de retrait entré en vigueur le 31 janvier 2020.

Nous saluons les efforts du gouvernement pour protéger nos intérêts. Je vous remercie, monsieur le Ministre, pour la fermeté dont vous avez fait preuve sur le sujet à chacune de vos interventions.

Je souhaite également souligner la qualité de l’action de Michel Barnier. Son sens du collectif a permis aux Vingt-Sept de rester souder de bout en bout de la négociation. Face aux tergiversations britanniques qui ont toujours peiné à fixer l’objectif à atteindre, Michel Barnier leur a souvent répété : “L’horloge tourne !”

En effet, ce sont les Britanniques qui nous ont imposé le 31 décembre 2020, comme date butoir pour la négociation d’un accord.

Boris Johnson a annoncé la conclusion d’un traité à la veille de Noël et n’a laissé que trois jours ouvrables avant sa date d’instauration.

Les entrepreneurs ne remercient pas le Premier Ministre britannique.

Allô Johnson … we have a problem !

“Personne ne sait comment faire et nous découvrons des problèmes partout !” m’a confié hier un expert-comptable britannique qui s’occupe de dizaines de PME. À titre d’exemple, nous avons vu apparaître côté britannique des frais de douane applicables aux envois dont la valeur dépasse £130.

Beaucoup d’entreprises n’ont pas anticipé de se retrouver devant une telle lourdeur des démarches TVA. Ainsi, certaines ont payé la TVA à deux reprises. Elles m’ont dit avoir cessé de commander en ligne pour se fournir depuis l’Union européenne, car elles ne maîtrisent plus leurs coûts d’approvisionnement…

Comment le gouvernement prévoit-il de mesurer l’impact de l’accord sur les PME françaises ?

Avez-vous prévu des mesures d’accompagnement spécifiques afin de leur éviter une perte de compétitivité outre-Manche ?

Autre difficulté, nos entreprises établies en Grande-Bretagne ne peuvent plus accueillir de jeunes étudiants stagiaires provenant de France.

Il en va de même pour les familles qui veulent employer nos jeunes au pair.

Un dispositif dans le système d’immigration britannique permet un accord réciproque sur la mobilité des jeunes qui pourrait constituer une opportunité pour nos compatriotes et s’appliquer aux VIE.

Avez-vous entrepris une démarche bilatérale dans ce domaine comme l’ont fait d’autres pays européens ?

Les services financiers ne font pas partie de l’accord alors que l’industrie des services financiers pèse très lourd : 7 % du PIB au Royaume-Uni.

Les entreprises britanniques du secteur ont délocalisé au moins 7.500 emplois du Royaume-Uni vers Paris, Francfort, Dublin ou Amsterdam.

Comment les places financières européennes comptent elles pérenniser les avantages acquis grâce à la migration des activités d’Investment Bank de certaines grandes banques internationales ?

Comment peuvent-elles fidéliser ces hauts cadres dirigeants fortement impactés par la fiscalité européenne ?

Dans ce secteur dématérialisé qu’est la finance, le Brexit fait d’autant plus peur qu’il semble être une opportunité de s’affranchir des règles européennes.

Comment éviter que la rupture de cadre et d’équivalence entre Londres et l’Europe ne donne lieu à une concurrence déloyale ?

Les grands groupes financiers ont mis leurs œufs dans différents paniers et implanté leurs activités dans différents pays européens, notamment par crainte de voir un autre pays sortir à son tour de l’Union européenne.

Comment donner confiance aux grands groupes financiers de la solidité et de la pérennité de l’Union Européenne ?

Nous ne sommes pas au bout du chemin.

L’accord de commerce et de coopération laisse de nombreux points sectoriels à négocier.

Certains observent que les relations commerciales après le Brexit sont comme un oignon. Chaque fois que vous enlevez une couche, vous en découvrez une autre, et elle vous fait pleurer un peu plus.

La combinaison Brexit-Covid rend la situation très difficile à supporter pour ceux qui vivent à cheval sur les deux pays.

A quelle date le Royaume-Uni et la France prévoient-ils de supprimer la raison impérieuse pour pouvoir passer d’un pays à l’autre ?

Je vous remercie