Lire : l’HEBDOLETTRE n°50 – 03 mars 2016
Edito de l’HebdoLettre n°50
L’affaire dite “Air Cocaïne” connait aujourd’hui un rebondissement tragique.
Christophe Naudin a été extradé vers la République dominicaine par les autorités égyptiennes, un mois après avoir été interpellé au Caire.
Rappelons qu’en octobre 2015, il avait recueilli dans les eaux internationales les deux pilotes français, Bruno Odos et Pascal Fauret, placés en liberté conditionnelle en République dominicaine.
Le procès des pilotes fut un simulacre de justice. A Saint Domingue, le sort de Christophe parait scellé d’avance : le procureur dominicain a d’ores et déjà prévenu que son “traitement” serait “exemplaire”.
Je suis sidéré par la décision de l’Egypte. Elle extrade un homme hospitalisé pour troubles cardiaques n’ayant pu suivre son traitement, ni son régime alimentaire en milieu carcéral. En date du 1er mars, le rapport du médecin du Caire – que l’on ne peut soupçonner de complaisance – était alarmant.
Sur un plan juridique, cette extradition est tout aussi incompréhensible. L’Egypte a fait droit à la demande dominicaine sur la base d’un mandat d’arrêt international poursuivant Christophe pour “traite des êtres humains aux fins d’exploitation” et “trafic illicite de migrants” ! Ce serait risible si ce n’était dramatique.
Le 29 février, j’avais accompagné Michèle Naudin, la femme de Christophe, et son avocat Martin Reynaud à l’Elysée. Nous avons été reçus par Jacques Audibert, conseiller diplomatique de François Hollande et Laurent Pic, directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.
Nous avons été réconfortés de voir les plus hautes autorités de l’Etat se mobiliser, dans le prolongement du travail exemplaire du poste diplomatique au Caire, conduit par l’ambassadeur André Parant, et celui du consul général, Olivier Plançon.
L’Egypte a mis Christophe dans l’avion ce matin sans prendre la peine de prévenir les autorités françaises. Un camouflet pour la France et un échec collectif pour tous ceux qui se sont engagés dans ce dossier.
Il faut désormais serrer les rangs, car un autre combat débute. Un combat juridique, tout autant qu’humanitaire, car il faudra s’assurer que Christophe puisse demeurer en vie, malgré sa maladie et en dépit de la volonté de représailles des autorités dominicaines.
Dans cette épreuve, j’ai assuré à Michèle et ses fils Arthur et Victor qu’ils ne seront pas seuls. Découvrir l’HebdoLettre n°50
Christophe Naudin est expert en sécurité aéroportuaire.
Il était en mission depuis cinq jours en Egypte pour sécuriser l’aéroport du Caire, lorsqu’il a été arrêté le 4 février dernier. Il s’agissait d’une mission de confiance commanditée par le ministère de l’Intérieur égyptien, dans un contexte d’attentats terroristes, ravivé par le crash de l’avion russe qui avait décollé de Charm el-Cheikh, le 31 octobre dernier.
Pour effectuer son travail de formation des personnels et d’installation de matériels, Christophe a passé plusieurs fois la frontière égyptienne sans souci, aucun mandat d’arrêt international ne l’a bloqué. Aucune fiche à son nom n’est d’ailleurs répertoriée sur le fichier Interpol, visible sur internet.