Etudier l’influence scientifique et culturelle française est l’immense défi relevé par Philippe Lane, tant le sujet pousse loin ses ramifications, se perd en disparités et suscite des querelles de clocher. Il commence son exploration à partir de la Révolution française pour se demander si l’année 2011 ne sonnerait pas un nouveau départ de notre action à l’étranger, dans un ouvrage intitulé “Présence française dans le monde”, préfacé par Xavier Darcos et accessible à tous.

Philippe Lane aime rappeler que la diplomatie culturelle a été inventée par la France dès le 18ème siècle. Photo souvenir d’un moment privilégié lors de la garden party à la Maison française d’Oxford, centre de recherche français en sciences humaines et sociales

Philippe Lane est l’attaché de coopération universitaire auprès de l’ambassade de France au Royaume-Uni. J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec lui pour évoquer la consistance et la portée de notre influence internationale, parfois son bouillonnement, mais aussi ses déficiences, sans parler des renoncements mal assumés derrière les actions de pure façade. L’enthousiasme de Philippe pour la diplomatie des arts et du progrès s’équilibre avec une pensée intègre et étayée que je vous laisse découvrir dans son remarquable ouvrage.

A l’heure où nos comptes publics forment un trou béant, on sent heureusement poindre des initiatives citoyennes qui ne déméritent pas vis à vis de la puissance publique en termes d’audience et d’attractivité, les réseaux sociaux opérant à fond. Le privé prend graduellement le relais, mis en confiance par un faisceau d’initiatives fructueuses dans tous les domaines et dans de nombreux pays (lire : “French radio London propage la chanson française” du 25 juin 2011)

Ceci dit, j’en conviens parfaitement avec Philippe Lane : le plus efficace consiste tout de même à faire travailler le public avec le privé vers des perspectives identiques afin que la France préserve son influence mondiale. Il serait dommage de ne pas capitaliser sur notre réseau d’un millier d’Alliances françaises ou encore nos 400 lycées français !

Notre diplomatie d’influence dépend donc de la concordance de notre politique étrangère avec les ambitions et les désirs des acteurs de terrain, par exemple en développant une approche intersectorielle, privilégiant les partenariats auprès de régions, villes, entreprises, fondations, etc.

Le livre démontre qu’une restructuration est clairement à l’oeuvre, comme l’illustre la création de l’Institut français, nouvelle agence culturelle. Quels sont les priorités actuelles ? Peut-on être optimiste ? Philippe Lane double toujours son travail d’explication par un effort d’anticipation, notamment en nous présentant les principaux programmes et les grandes institutions de l’action culturelle et scientifique extérieure de la France

Pour vaste que soit son thème, l’auteur a eu l’intelligence et le courage de le relier à des phénomènes à priori hors champ, tel que les régulations économiques et financières ou bien la santé. Le monde est global et plein d’interactions, la réflexion doit l’être aussi.

“Présence française dans le monde – L’action culturelle et scientifique” de Philippe Lane – Préface de Xavier Darcos, Collection “Les études de la Documentation française” – 128 pages – 14,50€ : couverture, sommaire, bon de commande (fichier pdf).