Ce 2 mai, avec mon collègue Roger Karoutchi, vice-Président du Sénat, nous avons accueilli au palais du Luxembourg un colloque historique sur les Accords d’Abraham, en nos qualités respectives de président du groupe d’amitié France-Israël et de président du groupe d’amitié France-Pays du Golfe au Sénat.

Ce colloque intitulé “Accords d’Abraham : une promesse de paix pour le monde”, a été réalisé en partenariat avec ELNET et le Campus francophone du Collège académique de Netanya.

Nous avons eu l’honneur d’accueillir 25 orateurs, diplomates et experts, ainsi des parlementaires.

Roger Karouchi a ouvert les travaux, tandis que j’ai conclu cette journée, après avoir introduit la première table ronde. >>>

L’événement s’est articulé autour de trois tables rondes :
1/ Chronique d’un rapprochement historique
2/ Contenu et dispositions des Accords d’Abraham (coopération économique, éducation…)
3/ Vers la paix et la prospérité au Moyen-Orient

En effet, le 15 septembre 2020, Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn et les États-Unis signaient des accords de paix conjoints à Washington, suivis, quelques mois plus tard, par le Maroc et le Soudan qui normalisaient à leur tour leurs relations diplomatiques avec l’État hébreu.

Les Accords d’Abraham ouvrent des perspectives importantes dans le Golfe arabo-persique, offrant ainsi la possibilité́ d’une paix durable dans la région, grâce à une coopération et une intégration plus approfondies entre ces pays.

VERBATIM / CONCLUSION

Monsieur le Président,
Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs, chers amis,

Je tiens tout d’abord à excuser Christian Cambon qui m’a demandé de le représenter, et exprimer son profond regret d’avoir été empêché de participer à ce remarquable colloque co-organisé par Elnet et le Collège académique de Netanya.

Sa présence nous manquera doublement : en qualité de Président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, mais aussi de Président du groupe interparlementaire d’amitié entre la France et le Maroc, avec lequel il a eu l’occasion de suivre ce rapprochement notamment à l’occasion de l’accord de sécurité signé par le Royaume chérifien avec Israël.

Je vous transmets également son message de sympathie au nom de notre commission.

Christian Cambon prévoit en effet un déplacement de notre commission en Israël de longue date et plusieurs fois reporté, soit à cause de la pandémie de Covid en 2021, soit à cause du déclenchement de la guerre en Ukraine fin février dernier.

Avec l’accord de la Knesset, cette visite parlementaire à laquelle il attache une grande importance devrait avoir lieu fin juin prochain, avec un représentant de chaque groupe politique.

Puisqu’il me revient l’honneur de conclure ce colloque, je veux tout d’abord saluer la qualité des orateurs et de leurs interventions. Ils ont brillamment mis en valeur le contenu des accords d’Abraham et sa portée qui se veut être une promesse de paix pour le monde.

Quelques thématiques conditionnent l’avenir de la région.

En premier lieu, je voudrais tout particulièrement souligner la dynamique de la normalisation israélo-arabe que les accords d’Abraham rendent possible pour élargir le cercle de la paix déjà conclu avec l’Égypte et la Jordanie.

Les progrès réalisés ces derniers mois dans le dialogue entre Israël et les signataires des accords d’Abraham ne se limitent pas aux symboles ;

ils sont au contraires très concret, j’en veux pour preuve la signature en novembre dernier avec le Maroc d’un accord de coopération sécuritaire, suivie en décembre de la première visite aux Émirats arabes unis d’un Premier ministre israélien et, plus récemment en février dernier, la conclusion d’un accord de défense avec Bahreïn.

Sur le volet de la coopération de défense, que n’aurait pas manqué de signaler le Président Cambon, je rappelle qu’en octobre 2021, la France a envoyé pour la première fois un détachement de Rafale pour participer à l’exercice aérien de grande ampleur « Blue Flag » organisé par Israël avec également les États-Unis, le Royaume-Uni et la Jordanie dans un format de coalition.

Avec le sommet du Néguev organisé fin mars par la diplomatie israélienne, cette dynamique a connu un développement nouveau qu’il convient de saluer.

En effet, alors que la guerre en Ukraine complique les négociations sur le nucléaire iranien et interroge sur l’engagement américain dans la région, réunir autour de la même table le Secrétaire d’État américain avec les ministres des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Maroc et de l’Égypte est très certainement un succès symbolique majeur.

Le problème iranien nous concerne tous : c’est un intérêt partagé sur lequel Israël et les pays arabes ont tout intérêt à coopérer.

Plus largement, la lutte contre le terrorisme, la cybersécurité et la défense sont des priorités à traiter aussi bien dans le format des accords d’Abraham que plus largement avec les voisins arabes d’Israël, mais aussi la France et l’Union européenne.

La participation de la France à la défense aérienne des Émirats Arabes unis suite aux attaques perpétrées sur son sol depuis le Yémen, en est une illustration.

L’évocation du rôle de la France et de l’Union européenne m’amène à évoquer trois points de vigilance :

– toujours sur la question iranienne, la guerre en Ukraine fait que l’une des parties aux négociations, en l’occurrence la Russie, fait aujourd’hui défection. Il s’agit d’un sujet majeur pour la paix et la prospérité au Moyen Orient.

Pour Israël et les pays du Golfe il est donc primordial que l’ensemble des négociateurs fassent front commun : avec les États-Unis, et les autres négociateurs des accords de Vienne sur le nucléaire iranien que sont aussi la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne, sans omettre la Chine en tant que membre du conseil de sécurité.

– Le second point concerne l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine qui est l’une des plus graves violations de l’ordre de sécurité européen depuis des décennies.

Alors que la Russie bafoue le droit international et en particulier la Charte des Nations unies, il est important de voir tous les pays se mobiliser pour soutenir l’Ukraine afin d’imposer la paix et éviter l’escalade susceptible d’affecter à son tour le dialogue et la coopération Israélo-arabe.

– troisième point, brillamment rappelé par notre ambassadeur Xavier Chatel, le retour de la paix dans la région ne peut s’entendre sans que la question palestinienne ne soit traitée.

Sur ce sujet, comme sur tous les autres, il faut privilégier le dialogue et une solution négociée entre Israël et l’Autorité palestinienne.

Il est important de le rappeler car si les accords d’Abraham ont vocation à promouvoir la paix aux frontières d’Israël, la résolution du conflit israélo-palestinien en est une des clés.

Ce colloque a démontré que les accords d’Abraham constituent un réel “game changer “, une approche disruptive.

Alors que de graves menaces pèsent sur le monde, le volontarisme exprimé par les participants pour avancer avec détermination sur un chemin vers la paix nous inspire.

J’espère que le travail réalise aujourd’hui par Elnet et le Collège académique de Netanya vous auront convaincu comme je l’ai été que les accords d’Abraham nous permettent d’envisager l’avenir avec optimisme.

Continuons pour entrainer d’autres pays à se joindre à ces accords !

Je vous remercie de votre attention.