Le vote par internet pour le second tour des législatives s’est achevé ce mardi 12 juin à midi heure de Paris. C’est officiel : le premier parti des Français de l’étranger est… le parti des électeurs internautes.

La démocratie française est entrée de plain-pied dans le XXIème siècle par le vote électronique. Rarement dans l’Histoire un usage séculaire n’aura si joyeusement volé en éclat : 57% des électeurs du premier tour des législatives ont voté par internet ! 42% à l’urne et 2% par correspondance (lire aussi : “Législatives : succès pour le vote électronique” du 01 juin 2012).

Nous devons cette première mondiale au succès d’un projet entièrement piloté par l’administration qui impliquait également une société d’audit, contractée conformément aux recommandations de la CNIL, et le groupement Atos-Scytl, prestataires contractés sur appel d’offre.

Les médias ont-ils salué à sa juste valeur ce plébiscite ? Ont-ils pris la mesure de cette prouesse technique ? Ont-ils souligné avec quelle spontanéité les Français hors de France se sont appropriés cette nouvelle marque de progrès ? Loin de là ! Ils ont préféré monter en épingle le cas de certains compatriotes qui n’ont pu voter derrière leur ordinateur.

C’est parfaitement leur droit, remarquez bien, de tendre le micro aux internautes déçus, mais c’est fatigant qu’on nous serve constamment de la soupe à la grimace. D’un côté, des médias qui ricanent, de l’autre des blogs qui dupliquent des rumeurs ridicules et, pour couronner le tout, une association de Gauche qui réclame des têtes sur l’air des lampions.

Que s’est-il passé pour soulever tant d’indignité ?

24 heures après le lancement parfaitement réussi du vote électronique, précisément dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 mai, l’application Java qui sert au cryptage du vote est passée de la version 1.6 à la version 1.7. Cette modification de l’éditeur a bloqué le vote de ceux qui avaient téléchargé cette nouvelle version ou de ceux dont l’ordinateur avait fait la mise à jour automatiquement.

Et pour cause, le système a été conçu pour l’applet 1.6 et pas pour autre chose. Il n’y a pas eu de bug. Et donc rien à “réparer”, l’applet 1.6 ayant parfaitement rempli son rôle d’isoloir numérique. Que ce soit enfin dit. (Lire aussi : “Quelles sécurités pour le vote par internet ?” du 24 février 2012)

Que vouliez-vous que fit l’Administration ? Réalise-t-on une mise à jour du logiciel de pilotage d’un avion en plein vol ? Et surtout sans aucun test de validation préalable ? Opération hautement aléatoire, mais aussi très lourde puisqu’il aurait fallu informatiquement “déceler” la machine du BVE, Bureau de vote électronique, explique François Saint Paul, directeur de la DFAE (Direction des Français à l´étranger).

En passant, le BVE est situé à Vendôme (45m de Paris en TGV) et non pas en Espagne, comme on a pu le lire ici et là au motif que la société espagnole Scytl a développé le logiciel de vote sécurisé.

Sur son site, l’association démocratique des Français de l’étranger (ADFE) a été prompte à jeter l’anathème sur les prestataires engagés par le Quai d’Orsay car ils “auraient dû prévoir la mise à jour de Java”. Et voilà, s’il y a un problème, le bouc émissaire, c’est évidemment la société privée. Si des responsabilités devaient être recherchées, elles seraient forcément partagées sur un  projet d’une telle ampleur. Ces déclarations ne paraissent vraiment pas opportunes à ce stade.

Justement, l’Administration avait anticipé tout type de problème en ouvrant le vote internet toute la semaine précédant le vote à l’urne, lui, accessible à tous y compris à ceux qui auraient eu un souci sur leur ordinateur. L’électeur confronté à la difficulté pouvait également se connecter depuis un autre ordinateur (non à jour de l’applet 7.0).

Nous avons tant de sujets d’auto-flagellation qu’il n’est pas nécessaire d’en inventer. Bien sûr que tout n’a pas été parfait. Nous avons tous eu de multiples retours qui le démontrent. Comme toujours, lorsque la pression sera retombée, nous pourrons faire un bilan complet et chercher les améliorations à apporter au dispositif. Mais, aujourd’hui, il me parait légitime et responsable de féliciter chaleureusement François Saint Paul, ainsi que le directeur des systèmes d’information, Nicolas Chapuis, et toutes ses équipes.

Aujourd’hui, nous pouvons être fiers de ce qui a été accompli.

Photo Flickr de Mike Licht, NotionsCapital.com