Le 10 juillet, mes collègues Cédric Perrin et Jean-Noël Guerini se sont exprimés devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense, en qualité de co-rapporteurs d’un brillant rapport sur l’innovation de Défense (synthèse).

La problématique que sous-tend sa réflexion est de savoir si notre Loi de programmation militaire (LPM) est à la hauteur de cet enjeu, notamment au regard des crédits alloués et notre organisation administrative : la nouvelle Agence de l’innovation de Défense (AID) est placée sous l’autorité hiérarchique et financière de la Direction générale de l’armement (DGA).

Ayant participé avec ma société d’électronique, il y a près de 30 ans, aux débuts du Comité Richelieu qui rassemblent les PME oeuvrant pour la Défense, j’ai exprimé mon point de vue pour financer l’innovation en ces termes :

“Certains types de forces armées ne peuvent pas souscrire au même processus d’achat que celui qu’on connaissait jusqu’à présent, pour faire face à leurs besoins, comme cela a été souligné par les rapporteurs.

Il faut également parfois penser à faire évoluer nos législations qui entravent par trop l’expérimentation et ainsi l’innovation.

Nous avons tous en tête cette invention extraordinaire, sorte de surf volant, pour laquelle les tests n’avaient pas pu être réalisés en France mais aux États-Unis.

Peut-être faudrait-il ne pas limiter la réflexion au sol national mais penser également aux territoires ultra-marins, tels que La Réunion, qui pourraient offrir des possibilités en termes de tests des outils volants.

Il existe une société qui fabrique des drones à La Réunion et qui était au salon du Bourget sur le stand de l’ONERA, qui peine à se faire connaître et à avoir accès aux services centraux à Paris.

Dans l’innovation, on nous demande d’imaginer l’inimaginable. Je me pose donc des questions lorsque j’entends que l’agence doit planifier et structurer l’innovation… On ne planifie pas l’innovation, cela n’existe pas !

L’innovation arrive lorsqu’elle doit.

Au lieu de planifier l’innovation, il conviendrait d’évaluer ce qui a déjà été fait : il vaudrait mieux confier une enveloppe aux innovateurs puis évaluer ce qu’ils en ont fait plutôt que de planifier l’innovation qu’ils sont supposés mettre en œuvre.

Le directeur de la DGA en 1996 disait aux PME de défense : « nous avancerons aussi vite que le permet la viscosité du système ». Cette difficulté de financement à laquelle se heurte l’innovation n’est pas nouvelle.

Je me demande donc si vous avez auditionné les PME de la défense ?

Qui challenge l’AID ? Qui pense différemment ?”