J’ai commencé l’année par mon premier déplacement en Inde, la plus grande démocratie du monde et une puissance destinée à devenir l’une des quatre premières économies mondiales d’ici 20 ans, au moment où sa population devrait dépasser celle de la Chine…
J’ai découvert New Delhi, capitale de ce pays-continent de 1,3 milliard d’habitants et ville la plus polluée de la planète, au moment où elle mettait en place la circulation alternée.
Je remercie chaleureusement Prédibane Siva (à l’image), conseiller à l’AFE pour l’Asie et l’Océanie, conseiller consulaire pour la circonscription de Pondichery, ville d’où il est venu tout spécialement pour m’accompagner lors de mes déplacements à New Delhi.
Prédibane est aussi président de l’UFE Pondichéry qu’il anime en compagnie de Christine, son épouse. Tous deux font preuve d’un dévouement exemplaire au service de nos compatriotes. Leur regard et leur retour d’expérience m’ont été très précieux.
Je suis également reconnaissant Chantal Forler, conseillère consulaire pour la circonscription de New Delhi et établie à Bombay, pour ses conseils avisés dans la préparation de ce déplacement.
Accueil officiel
Rencontre avec François Richier, ambassadeur
“L’Inde c’est le PNB de l’Italie avec la population de l’Afrique !” François Richier, ambassadeur de France en Inde, a le sens de la formule.
Je le remercie de m’avoir exprimé ses points de vue avertis et décapants sur le développement économique de la France en Inde et de m’avoir incité à visiter la société VFS, pour effectuer un benchmark des procédures internationales de demandes de visas (lire ci-après).
Politique
Rencontre avec le sénateur Tarun Vijay
Entretien avec mon homologue Tarun Vijay, membre de la chambre haute (Rajya Sabna) du parlement indien. Il est aussi journaliste, écrivain, photographe et fondateur d’une association de protection de l’enfance.
Reçu à son domicile, j’ai apprécié sa hauteur de vue et sa tolérance, empreintes de spiritualité indoue, sur des sujets qui secouent notre monde contemporain et, d’une façon générale, son érudition. Sur un plan économique, nous avons évoqué la signature imminente d’un contrat de 36 avions Rafale par le gouvernement indien, ainsi que les moyens de développer les investissements français en Inde. Ce dernier point est jugé capital par Tarun Vijay qui souhaite, à l’image du premier ministre indien Narendra Modi, donner une forte impulsion à l’activité économique pour contribuer à l’essor de son pays.
Relations commerciales
Ces vingt dernières années, les progrès de l’Inde ont été impressionnants dans tous les domaines. Son économie se cale progressivement sur les critères internationaux en cherchant à renoncer au protectionnisme et au clientélisme. Le versant lumineux de l’Inde, c’est une matière grise inépuisable. Elle forme des ingénieurs et des informaticiens par centaines de milliers chaque année. La moitié de sa population a moins de 25 ans.
Exporter en Inde
Réunion avec les services économiques de l’ambassade (en partant de la gauche) : Mathieu Jouve-Villard, directeur de Wedge consulting India et CCEF ; Dominique Frachon, directeur investissement (Business France Inde) ; Thibault Fabre, directeur Inde & Asie du Sud (Business France Inde) ; Anne-Laure Desjonqueres, première conseillère et chef du service de presse (Ambassade) ; Prédibane Siva, conseiller AFE Asie et l’Océanie ; Olivier Cadic
Il existe une culture des affaires en Inde et l’ignorer serait faire preuve d’un amateurisme préjudiciable. Thibaut Fabre pointe la nécessité pour nos exportateurs d’être accompagnés, d’autant que la Chambre de commerce France Inde (http://www.ifcci.org.in) et une cinquantaine de conseillers du commerce extérieur (CCEF) sont à leur disposition. Une présence locale est également indispensable. On peut utilement recourir au système du Volontariat international en entreprises (VIE) dont le quota a été augmenté suite à la visite en France l’an dernier du premier ministre de la République de l’Inde. On dénombre déjà une centaine de jeunes (-28 ans) qui sont opérationnels en Inde sous le statut VIE.
Le marché indien, si ardu soit-il, peut devenir une terre de prédilection. CAP Gemini Inde est ainsi passé de 150 à 100.000 employés entre 2000 et 2015. L’entreprise a déclaré qu’elle n’aurait jamais pu maintenir 20.000 emplois en France, sans sa structure indienne…
Investir en Inde
Ma rencontre avec Nicolas Ribollet, membre du conseil d’administration du réseau CCI France International et président de la CCI France Inde a été des plus intéressantes. En sa qualité de d’associé & responsable du bureau français de Mazars en Inde, il partage son temps entre New Delhi, Paris et Londres.
Nicolas m’a remis un guide pratique “Investir en Inde”, publié par Medef International et Mazars. Cet ouvrage est une mine de renseignements pour déceler des opportunités, secteur par secteur. En outre, il parcourt les montages juridiques possibles pour s’implanter en Inde et offre des conseils interculturels pour comprendre l’environnement indien des affaires.
Responsabilité sociétale en Inde
Mathieu Jouve-Villard, CCEF et directeur de Wedge consulting India, m’a apporté un éclairage social sur l’Inde.
Le “Companies Act 2013” contraint les entreprises indiennes à investir 2% de leurs profits dans des activités philanthropiques (à partir de 800K€ de profit). L’Inde compte 3 millions d’ONG ou d’associations caritatives. En les finançant directement, beaucoup de firmes y trouvent leur compte, par exemple en termes de motivation du personnel ou de communication… C’est cette vision “rentable” de la RSE que le gouvernement indien cherche à valoriser.
En s’installant en Inde, nos entreprises contribuent intentionnellement au progrès social, souligne Mathieu : Carrefour offre des conditions de travail décentes et n’emploie pas d’enfant ; Essilor organise des tournées dans les villages pour satisfaire les personnes âgées en lunettes.
Développement touristique
Visite de VFS Global – Visa Application Center
VFS Global à Delhi se présente comme le plus grand spécialiste au monde de l’externalisation des missions diplomatiques, puisqu’il travaille au service de 48 gouvernements, à travers un réseau de 1901 centres de visa. Autre chiffre époustouflant, VFS a traité 110 millions de demandes de visa depuis sa création en 2001.
De la distribution de formulaires de demande de visa au retour des demandes une fois traitées, ainsi que tous les services connexes, VFS Global offre une gamme de services ultra-sécurisés, qu’il s’agisse de la saisie de données biométriques, de solutions de paiement ou de gestion des données personnelles en général.
Ses locaux de New Delhi sont dimensionnés pour recevoir jusqu’à 4500 personnes par jour. En fonction de leur destination, les demandeurs s’orientent selon des codes couleurs. A noter que 60% des visas sont délivrés sur une période de 4 mois.
Pour l’anecdote, Singapour et Dubaï, deux pays qui n’exigent pas de données biométriques, ont adopté une solution on-line : une application mobile qui collecte votre photo en mode “selfie”, ainsi que vos données de paiement.
Communauté française
Questions de sécurité
Réunion à la résidence de France (en partant de la gauche) : Gaëlle Rivas, responsable du bureau d’aide aux victimes ; Fabrice Grossir, attaché de sécurité intérieure (Ambassade) ; Dimitri Demianenko, consul général ; Anne-Laure Desjonqueres, première conseillère et chef du service de presse (Ambassade) ; Thibault Fabre, directeur Inde & Asie du Sud (Business France Inde) ; Dominique Frachon, directeur investissement (Business France Inde) ; Mathieu Jouve-Villard, directeur de Wedge consulting India ; Prédibane Siva, conseiller AFE Asie et l’Océanie ; Olivier Cadic
Si l’Inde compte un peu moins de 10.000 Français inscrits au consulat, elle accueille 250.000 touristes français par an. Nous avons largement évoqué leur cas, lors de notre réunion autour du consul Dimitri Demianenko.
Fabrice Grossir a mis en avant la progression préoccupante des affaires de pédophilie impliquant nos compatriotes, à la faveur du développement touristique. On compte 15 affaires en 2015, contre 2 dossiers seulement en 2012 (je reviendrai spécifiquement sur cette question dans un prochain billet).
Cette préoccupation vient s’ajouter au traditionnel trafic de drogue et au nouveau marché de la fraude aux médicaments. En effet, l’Inde est devenue le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde.
Autre sujet d’inquiétude en Inde, le nombre de viols et d’agressions sexuelles a connu une recrudescence à trois chiffres, ces trois dernières années.
La situation est telle qu’un poste d’aide aux victimes a été créé au sein de l’ambassade à l’initiative de notre ambassadeur. Ce poste est tenu bénévolement par Gaëlle Rivas, juriste pénaliste. Elle assure une permanence chaque semaine pour soutenir les Français qui ont subi un préjudice (physique, matériel, psychologique). Il n’est pas nécessaire qu’une plainte ait été déposée.
Cette initiative va faire l’objet d’un bilan qui mérite d’être largement partagé. Je me suis entretenu avec Christophe Bouchard, directeur des Français à l’étranger, à ce sujet pour l’inciter à l’expérimenter dans d’autres pays où nos compatriotes sont menacés par la criminalité. Je proposerai à la délégation aux droits des femmes du Sénat d’auditionner Gaëlle à son retour en France, cet été.
Je veux enfin remercier les personnes de l’ambassade pour leur obligeance : Françoise Gruson, consul adjointe, chef du service des visas ; Benjamin Weisz , deuxième conseiller, Atul Srivastav, responsable des Affaires sociales et Thierry Morel.
Enseignement
Visite du lycée français de Delhi
Jean-Pierre Faou, proviseur, m’a permis de découvrir lycée français de Delhi, en compagnie de Jean Yves Coquelin, adjoint du conseiller de coopération d’action culturelle.
Une fois n’est pas coutume, cette école française du réseau AEFE ne doit pas faire face à une inflation de la demande, mais plutôt à une baisse continue des inscriptions. En l’espace de trois rentrées scolaires, les effectifs sont passés de 500 à 400 élèves. Cette tendance est également observée chez les écoles britanniques et allemandes de Delhi. En cause, la qualité de l’air est difficilement respirable. Le lycée a équipé chaque classe d’un purificateur d’atmosphère.
Les rangs clairsemés ont des conséquences sur le niveau des frais de scolarité. Ils devraient augmenter de 30% à la rentrée 2016-17. Ils sont actuellement de 4000 euros pour les maternelles et de 7000 euros en secondaire.
Le comité de gestion parental, présidé par Nicolas Sokoloff, mérite tous nos encouragements. Sa vision responsable et ses décisions courageuses en matière de maîtrise des coûts méritent d’être accompagnés. Pour aider l’établissement à traverser cette période délicate, l’Etat français pourrait suspendre temporairement la perception du loyer.
Culture française
Visite de l’Alliance française de Delhi
(g. à d.) Jean Yves Coquelin, conseiller culturel adjoint ; Pierre-Yves Meunier, directeur adjoint et directeur des cours de l’AF Delhi ; Olivier Cadic ; Jawahar Lal Sarin, président de l’AF ; Prédibane Siva, conseiller AFE Asie et l’Océanie
Fait d’importance, l’Alliance est propriétaire d’un site magnifique, idéalement situé au coeur de la ville. L’enseignement du français poursuit sa croissance de manière encourageante, puisque le cap des 500.000 heures vendues a été franchi cette année.
La médiathèque française dispose du plus grand fonds de documents français, en libre-accès, de toute l’Inde, constitué de 30.000 références (romans, BD, films, magazines…). Près de 80.000 visiteurs ont franchi les portes de la médiathèque, lors du dernier exercice. L’Alliance représente une fenêtre grande ouverte sur la France, à l’attention d’un public composé d’indiens à plus de 80% !