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Paris – Brésil – Diplomatie parlementaire

Le 22 février dernier, j’avais déjà été très honoré de recevoir les insignes de l’Ordre de Rio Branco, au grade de Grand Officier, de la part de Luís Fernando Serra, ambassadeur du Brésil en France.

Afin de célébrer cette distinction, l’ambassadeur a organisé en sa Résidence un déjeuner en mon honneur, entouré d’amis sénateurs, ce 12 octobre, qui ont un intérêt manifeste pour le Brésil et l’Amérique latine.

Je suis reconnaissant à Luís Fernando Serra, pour cette attention et aux collègues qui ont répondu positivement à cette invitation :
Christian Cambon, président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées
Laurent Lafon, président de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication
Nathalie Delattre, vice-présidente du Sénat
Hervé Marseille, président du groupe UC
Pascal Allizard, vice-pdt de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées
Anne-Catherine Loisier, vice-pdte de la commission des Affaires économiques
Michel Canévet
Philippe Dominati
Nicole Duranton
Louis-Jean de Nicolaÿ

Alors que le Brésil s’apprête à voter pour élire son président dans quelques jours, il était opportun d’écouter l’analyse politique du diplomate sur les résultats du premier tour et du renouvellement des autres institutions dont le sénat.

Cette rencontre aura permis de faire un tour d’horizon des coopérations éducative et culturelle entre la France et le Brésil, tout comme de souligner la densité de nos échanges économiques ou de défense. La France est le troisième investisseur au Brésil. Près d’un millier de filiales françaises sont installées au Brésil (dont 38 entreprises du CAC 40).

La CCI France-Brésil a célébré, en 2020, les 120 ans des chambres de Rio et de Sao Paulo.

Nous avons salué à ce titre l’action de l’ambassadeur qui a toujours été un précieux appui pour affermir notre relation bilatérale, en tous domaines.

N’oublions pas que les Brésiliens sont nos voisins, car c’est le pays avec lequel nous avons la plus longue frontière terrestre, en Guyane.

La France peut-elle contribuer au réveil européen dans un XXIe siècle chinois ? (rapport du Sénat – 22/09/2021)

Comment dépasser le « mantra d’une Chine aux trois visages » : partenaire, concurrent et rival systémique pour définir des politiques cohérentes, interroge le rapport d’information du Sénat, intitulé La France peut-elle contribuer au réveil européen dans un XXIe siècle chinois ?

Les cinq auteurs Pascal Allizard, Gisèle Jourda, Édouard Courtial, André Gattolin et Jean-Noël Guérini ont auditionné une cinquantaine de personnes avant de présenter leurs conclusions à notre commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, le 22 octobre dernier.

À quelques semaines de la présidence française de l’Union européenne, ce rapport souligne le rôle déterminant que notre pays peut jouer pour renforcer de l’autonomie stratégique de l’Union européenne tout en maintenant le dialogue avec la Chine.

Un dialogue pour progresser avec elle dans l’enjeu essentiel qu’est la protection de l’environnement ; un dialogue exigeant en termes de défense des droits de l’homme qui vise à la mise en place d’une mission d’évaluation de la situation au Xinjiang ; un dialogue commercial ambitieux ne négligeant aucun point sensible comme l’ouverture du marché chinois, la transparence des marchés publics ou la protection de la propriété intellectuelle.

Le rapport remarquable de mes collègues est sorti concomitamment avec celui de l’Irsem (Institut de recherche stratégique de l’École militaire) nommé Les opérations d’influence chinoises, un moment machiavélien (*).

L’Irsem définit le sharp power comme le recours à la subversion, l’intimidation, et les pressions qui se combinent afin de promouvoir l’autocensure. Aussi, afin de situer la frontière entre l’influence acceptable et l’ingérence inacceptable, on peut se poser la question de la réciprocité. Le parti communiste chinois tolérerait-il que nous fassions en Chine ce qu’il fait chez nous ? C’est précisément parce que nous ne définissons pas de limite que la Chine se croit tout permis.

Le rapport du Sénat doit nous aider à fixer des barrières et des garde-fous au travers de 14 recommandations pour guider la politique française et européenne vis-vis de la Chine.

La France peut-elle contribuer au réveil européen dans un XXIe siècle chinois ?
Rapport d’information n° 846 (2020-2021) de Pascal Allizard, Gisèle Jourda, Édouard Courtial, André Gattolin et Jean-Noël Guérini, fait au nom la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, déposé le 22 septembre 2021
Disponible au format PDF
Synthèse du rapport

(*) Extrait : C’est un « moment machiavélien » au sens où le Parti-État semble désormais estimer que, comme l’écrivait Machiavel dans Le Prince, « il est plus sûr d’être craint que d’être aimé ». Ce qui correspond à une « russianisation » des opérations d’influence chinoises.

Turquie – Droits de l’Homme – Délégation de parlementaires turcs

Le 20 octobre, une délégation du groupe d’amitié France-Turquie, présidé par mon collègue Jean-Claude Requier et dont je suis membre, a été reçue par  l’ambassadeur de Turquie en France, Ali Onaner, à l’occasion d’une visite d’une délégation de parlementaires turcs à Paris.

Étaient présents les sénateurs Loïc Hervé, Jean-Yves Leconte et Pascal Allizard.

La délégation de parlementaires turcs émanait de la sous-commission d’enquête et de recherche sur le racisme et l’islamophobie émergents dans les pays européens qui dépend de la Commission d’enquête sur les droits de l’homme de la Grande Assemblée Nationale de Turquie. Elle était ainsi composée de :

. Hakan ÇAVUŞOĞLU, Député de la ville de Bursa, Président de la sous-commission, AK Parti
. Mahmut Atilla KAYA, Député de la ville d’İzmir, AK Parti
. Mahmut TANAL, Député de la ville d’İstanbul, CHP
. Mehmet Bülent KARATAŞ, Député de la ville d’İstanbul, MHP
. Ahmet YILDIZ, Expert Législatif
. Rıza Furkan ÇÖZME, Expert Législatif
. Kenan ARPACIOĞLU, Expert Législatif

Je suis intervenu pour rappeler le profond attachement de la France à la liberté religieuse. Ce fut l’opportunité d’évoquer les persécutions envers la communauté ouighoure en Chine en raison de ses croyances religieuses.

J’ai ajouté que les persécutions touchaient toutes les confessions en Chine, en témoigne le cas du pasteur Wang Yi.

J’ai proposé à la délégation turque de signer une tribune conjointe entre nos deux délégations pour réclamer à la Chine le respect de la liberté religieuse pour toutes les confessions. Le président de la délégation, Hakan Çavusoglu, m’a répondu qu’il partageait mon point de vue et qu’il approuvait la démarche proposée.

PLFR3 (1/6) – Photonis : appel au gouvernement pour soutenir notre Base industrielle et technologique de Défense (BITD) – vidéo (2mn)

Si rien n’est fait avant le 31 juillet, une pépite technologique française passera sous pavillon américain.

Le discours du gouvernement est constant : il faut protéger nos technologies sensibles qui sont le gage de notre souveraineté, a fortiori en matière d’industrie de Défense.

Un cas concret s’est présenté il y a quelques mois, celui de Photonis, leader français de la vision nocturne, convoité par une entreprise américaine prête à surpayer l’acquisition pour acquérir cette technologie.

Ce 19 juillet, je suis intervenu sur ce sujet lors des débats sur le projet de loi de finances rectificative (PLFR3). J’ai rappelé que mes demandes de rendez-vous auprès du ministre Bruno Le Maire, afin d’évoquer une solution alternative française existante, sont restées lettre morte.

Précédemment, le 3 juillet dernier, j’avais interrogé Agnès Pannier-Runacher sur ce point, tandis qu’elle était auditionnée devant notre Délégation aux entreprises en qualité de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances.

Puis, le 8 juillet, notre commission des Affaires étrangères et de la Défense s’est réunie pour la présentation du rapport “L’industrie de défense dans l’oeil du cyclone”, réalisé par mes collègues Pascal Allizard et Michel Boutant sur le financement de la BITD (Base industrielle et technologique de défense).

Nous avons évoqué la situation de Photonis et j’ai conclu par cette question : l’absence de décision vaut-elle acceptation par Bercy ou non ? (compte-rendu).

Nos entreprises peinent à suivre les technologies émergentes qui exigent des investissements colossaux. Il serait invraisemblable que la conservation des technologies maitrisées ne constitue pas un enjeu national.

Routes de la soie : peut-on croire au gagnant-gagnant avec la Chine ?

L’expression “routes de la soie” frappe notre imaginaire collectif et c’était bien l’intention du président Xi Jinping lorsqu’il a lancé, en 2013, ce projet de relier la Chine à l’Europe et à l’Afrique orientale, en développant des lignes de communication routières, ferroviaires, maritimes et électroniques.

En octobre 2017, la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées a constitué un groupe de travail consacré à ces nouvelles routes de la soie. Le 30 mai dernier, notre commission a entendu les conclusions de ce groupe de travail, coprésidé par mes collègues Gisèle Jourda et Pascal Allizard (à l’image).

Leurs observations et recommandations figurent dans un rapport intitulé : Pour la France, les nouvelles routes de la soie : simple label économique ou nouvel ordre mondial ?. La question se pose âprement puisqu’aujourd’hui 80 % des trains arrivés chargés de produits chinois en France en repartent vides…

Il faut reconnaitre à la Chine l’art de la patience et la vertu du travail à long terme. Les routes ne s’achèveront qu’en 2049, pour le centenaire de la fondation de la République populaire de Chine.

Il est légitime que la Chine veuille s’affirmer comme une grande puissance mondiale, mais elle trace son chemin largement à l’écart des règles du jeu occidentales, fondées sur la réciprocité des échanges, la transparence commerciale et la probité juridique. Ne parlons même pas de valeurs démocratiques ou de libertés publiques.

Alors, la France peut-elle s’engager sous sa propre bannière sur les routes de la soie ? Je ne le crois pas. Seule l’Union Européenne a la taille critique pour contrebalancer l’émergence de cette puissance aux aspirations dominatrices.

Je suis intervenu en ces termes :

Extrait du rapport (p.138) M. Olivier Cadic. – Les nouvelles routes de la soie vont faire de la Chine la première puissance mondiale du XXIe siècle. Je ne suis pas sûr que la Chine se soucie d’ailleurs réellement d’obtenir le remboursement de ses prêts. On pourrait presque assimiler ces prêts à de nouvelles formes de « subprime » international : pour rembourser les pays devront céder leurs infrastructures ou une partie de leur territoire. La Chine est un pays indépendant qui assure son indépendance en cherchant à rendre les autres pays dépendants d’elle-même.

Certains investissements sont d’ailleurs remboursés. C’est le cas dans l’Union européenne. L’Europe finance de grands travaux opérés par des entreprises chinoises avec des personnels chinois, je le vois notamment au Monténégro ou en Serbie.

En Nouvelle-Zélande, l’année dernière, 350 diplomates chinois étaient déployés à Wellington. C’est par l’apprentissage du chinois que la Chine étend là son influence. Des enseignants de langue chinois sont mis à disposition des écoles gratuitement.

Les routes « cyber » de la soie et le développement de champions nationaux tels qu’Alibaba posent également des questions. La Chine paraît construire un monde orwellien au service d’une unité chinoise dans un espace clos par une « muraille de Chine cyber ».

Je suis, à titre personnel, très réservé sur la recommandation tendant à ce que la France entre dans ces nouvelles routes de la soie. Le fondement de l’Union européenne est son union commerciale qui en a fait la première puissance commerciale du monde. Et la Chine, vous l’avez évoqué, cherche à diviser l’Union européenne et d’une manière générale les organisations multilatérales, en mettant en place des accords bilatéraux. Je trouve donc compliqué de recommander d’engager un approfondissement de notre relation bilatérale avec la Chine dans le cadre des nouvelles routes de la soie. Nous sommes trop petits pour faire face à cette organisation.

Vous avez évoqué le groupe Quad, sans mentionner le concept de «bouclier de la liberté». Il me semble que ce qui est en jeu c’est un monde orwellien face à un monde démocratique. Le Japon, l’Inde, l’Australie et les États-Unis sont des pays démocratiques qui appliquent les règles de protection commerciale auxquelles nous sommes habitués. Le géant Alibaba attire toute l’industrie cosmétique et on peut se demander quel sera l’avenir des brevets des molécules cosmétiques. Il nous faut avoir une stratégie pour défendre l’Union européenne qui est un espace de droit.

Source : “Pour la France, les nouvelles routes de la soie : simple label économique ou nouvel ordre mondial ?” Rapport d’information fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées par le groupe de travail sur les nouvelles routes de la soie par Pascal Allizard, Gisèle Jourda, co-présidents ; Édouard Courtial et Jean-Noël Guérini, sénateurs

Crédit photo : Par Lommes — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=58884083