L’exercice militaire du parti communiste chinois cache la faiblesse de sa diplomatie.
Soutenir Taiwan, c’est défendre la démocratie !

Mes réponses en français à l’interview de la correspondante de l’Agence de presse de Taïwan publiée par Central News Agency le 10/08/2022.

1. Que représente pour vous la visite à Taipei de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis malgré les menaces chinoises ? Comment réagissez-vous à cette visite ?

Les États-Unis souhaitent visiblement renouveler leur soutien explicite à la démocratie taiwanaise.
Cette visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis est bienvenue et très opportune, compte tenu de la situation internationale tendue.

Elle fait suite au déplacement de parlementaires américains en novembre dernier, un mois après la visite de notre délégation présidée par Alain Richard.
Nous avions reçu, à l’époque, une lettre de l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye.

Il s’opposait fermement au déplacement de sénateurs français à Taiwan et menaçait ceux qui s’y rendraient.

La France et le Sénat ne reçoivent pas de consignes du Parti Communiste chinois, pas plus que la présidente du congrès américain, semble-t-il.

L’an dernier, à la suite de sanctions de l’UE contre des Chinois ayant commis des graves atteintes aux droits de l’homme au Xinjiang contre la minorité musulmane Ouïgour, la Chine a sanctionné dix parlementaires européens et des entités de l’Union européenne.

J’ai fait remarquer dans l’hémicycle que le communiqué officiel du ministère chinois des affaires étrangères leur interdisait l’accès à la Chine, Macao et Hong-Kong.
En omettant de citer Taiwan, tout le monde a pu constater la reconnaissance implicite par Pékin de la souveraineté de Taiwan sur son territoire.

À notre arrivée en octobre à Taiwan, les incursions de 150 avions de combat chinois avaient été enregistrés autour de l’île.

Les manœuvres militaires chinoises observées, suite à la venue de Madame Pelosi, démontrent surtout que Pékin cherche à masquer son impuissance diplomatique auprès de sa population face à la montée progressive de la reconnaissance internationale de Taiwan.

Le G7, relayé par le ministère des affaires étrangères français, a communiqué qu’il n’est pas justifié d’utiliser une visite comme prétexte pour réaliser des activités militaires agressives dans le détroit de Taiwan.

Les déplacements internationaux des parlementaires sont des événements normaux et habituels. La Chine doit les respecter.

2. Que signifie la visite du Président du Parlement de Taïwan Monsieur You Shyi-Kun? A l’heure actuelle de la guerre en Ukraine et la relation tendue avec la Chine dû à son alliance avec la Russie, cette visite est-elle encore plus significative ?

Le Président du Parlement de Taïwan Monsieur You Shyi-Kun avait été invité au Sénat par le Président Alain Richard, lors de notre déplacement.

Sa délégation a reçu un accueil au plus haut niveau du Sénat.

Nous avons eu tant de demandes que nous n’avons pas été capables d’accepter tous les sénateurs qui souhaitaient participer au déjeuner avec leurs homologues.

Il faut savoir que le groupe d’amitié France-Taiwan compte désormais 35 sénateurs, soit 1/10ème du Senat !

Nos échanges de vues ont porté sur le développement des relations bilatérales, qui reposent déjà sur les coopérations économiques, culturelles et scientifiques et sur les perspectives politiques de la zone Indopacifique.

Le parallèle entre les menaces de la Chine sur Taiwan avec l’agression de la Russie contre l’Ukraine a été abordé. Comme Hitler voulait faire disparaître l’État tchécoslovaque, Poutine veut annexer l’Ukraine et Xi Jinping cherche à absorber Taiwan.

Ces stratégies expansionnistes des régimes totalitaires n’ont pas de limite.

C’est un motif de préoccupation partagé pour les parlementaires français et taiwanais. J’ai donc rapporté les propos de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, sur l’apport de moyens émanant de notre flotte pour contribuer à garantir la liberté de circulation dans le détroit de Taïwan.

3. La relation Taïwan-Chine n’est pas un jeu à somme nulle. Cependant, la Chine menace et venge tous ceux qui s’expriment pour la démocratie taïwanaise. Pourquoi avez-vous choisi de soutenir Taïwan avec une grande détermination (à laquelle nous vous remercions infiniment) ? Considérez-vous la menace de la Chine ?

En 2020, j’écrivais que « la Chine de Xi-Ji Ping développe un monde néo-totalitaire qui va au-delà de l’imagination d’Orwell.

Mettre à jour son appareil de répression interne et le développement de sa force militaire ; enrayer sa stratégie expansionniste et la mise en place de ses structures de désinformation externe constituent une priorité ».

Taïwan et Hong-Kong apparaissent désormais comme un terrain d’expérimentations pour des méthodes qui pourraient s’étendre à la planète entière…

Taiwan est le contre-exemple de la thèse véhiculée par les régimes autoritaires qui considèrent que la démocratie n’est pas le meilleur système pour le développement humain.

La fraicheur de la démocratie taïwanaise, sa liberté d’expression, la force tranquille de la présidente Tsai Ing-wen qui incarne la résilience d’un peuple de 24 millions d’habitants séduisent. Les déclarations de soutien à Taïwan viennent de tous côtés, telles que celles du G7 le démontrent.

Cette union est salutaire pour l’île, car comme le veut un proverbe chinois, « une baguette est facile à casser, dix baguettes sont dures comme fer ».

Voilà pourquoi j’avais déclaré à Taipei : Taiwan n’est pas seul !

Certains diplomates soucieux de plaire à Pékin disent « moins on parlera de Taïwan, mieux cela vaudra ».
Je pense tout le contraire. Protéger Taiwan, c’est défendre la démocratie et servir la paix dans le monde !

4. Quels sont les projets/collaborations parlementaires entre la France et Taïwan dans un avenir proche ?

Je voudrais tout d’abord exprimer toute notre gratitude à François Wu, l’ambassadeur de Taiwan en France et à toute son équipe pour leur réussite dans le développement de notre relation bilatérale, qui ne cesse de s’étendre.

Lorsque nous nous sommes rendus à Taiwan l’an dernier, Alexandre Levy, compatriote installé sur l’île, nous avait présenté son projet de lycée international franco-taiwanais (LIFT), soutenu par François Wu.

L’accomplissement de cette idée nous est apparue être une priorité.

J’ai indiqué au Président du Parlement de Taïwan Monsieur You Shyi-Kun que je serai dans les prochaines semaines à Taiwan pour soutenir l’ouverture de cette école primaire.

Je solliciterai le soutien du Yuan législatif pour aider à son développement afin de permettre l’ouverture d’une maternelle et un collège, l’année suivante.

 

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