Déclaration liminaire de l’ANEFE (Association nationale pour l’enseignement français à l’étranger) présentée par son secrétaire général, Michel Monsauret à l’ouverture du conseil d’administration de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger), ce 18 décembre 2025 :
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d’administration,
Depuis notre précédent Conseil d’administration, l’ANEFE a poursuivi ses échanges institutionnels. Le président de l’ANEFE a rencontré la Direction générale de la mondialisation le 9 décembre 2025, puis Madame la Ministre déléguée chargée de la Francophonie et des Français de l’étranger le 17 décembre 2025.
Ces rencontres ont confirmé la gravité des inquiétudes qui pèsent aujourd’hui sur le modèle économique de l’AEFE et, plus largement, sur l’avenir du réseau d’enseignement français à l’étranger.
À la lumière de ces échanges, l’ANEFE souhaite rappeler les trois points fondamentaux que j’ai déjà partagés avec vous lors du précédent Conseil d’administration.
1 / Préserver les établissements et ne pas leur transférer des difficultés qui ne sont pas les leurs
Le budget soumis aujourd’hui repose sur des prélèvements massifs qui fragilisent directement les établissements et les familles.
Nous constatons : 11 millions d’euros dits « exceptionnels » prélevés sur les établissements conventionnés ; 10 millions d’euros supplémentaires, sans justification claire quant aux services rendus ; 21 millions d’euros supportés par les familles des EGD, alors même que le prélèvement de 6 % devait initialement couvrir exclusivement les pensions civiles et l’immobilier.
Dans le même temps, la masse salariale augmente de 15 millions d’euros entre 2025 et 2026, passant de 890 à 905 millions d’euros, alors que 87 postes de détachés disparaissent. Cette contradiction nourrit une incompréhension profonde.
L’ANEFE ne peut accepter que l’AEFE reporte sur les établissements les conséquences de ses propres contraintes budgétaires. Nombre d’entre eux sont engagés dans des emprunts garantis par l’État, dont l’ANEFE assure la gestion. Alourdir leurs charges financières accroît mécaniquement les risques de défaut, exposant l’ANEFE puis, in fine, l’État.
À ce titre, l’ANEFE souhaite disposer d’informations précises sur le nombre de dossiers d’emprunts traités par l’AEFE pour les établissements concernés et sur les montants effectivement accordés.
2 / Appliquer le principe du « juste coût / juste prix »
L’ANEFE réaffirme la nécessité d’une politique fondée sur l’équité, la transparence et la cohérence économique.
Aujourd’hui, les prélèvements imposés aux établissements et aux familles ne permettent pas d’identifier clairement le lien entre le coût réel des services rendus et leur facturation. Cette situation crée des distorsions importantes entre établissements et une perte de visibilité pour les familles.
L’AEFE doit s’engager dans une réforme visant à définir précisément le coût réel de ses missions, appliquer une facturation strictement proportionnée à ces coûts et garantir une visibilité pluriannuelle sur l’évolution des charges.
Sans cette clarification, les hausses de frais de scolarité deviennent insoutenables et affaiblissent durablement l’attractivité du réseau.
3 / Préserver l’ambition stratégique : doubler le nombre d’élèves d’ici 2030
Ce budget compromet directement l’objectif stratégique fixé par le Président de la République : le doublement des effectifs d’élèves à l’horizon 2030.
Comment alors atteindre cet objectif en asphyxiant financièrement les établissements existants, en décourageant les projets d’homologation et en réduisant les capacités d’investissement pédagogique et immobilier ?
Alors que d’autres modèles éducatifs internationaux se développent fortement sans peser sur leurs finances publiques, la France ne peut renoncer à son ambition éducative et culturelle à l’étranger.
Depuis plus de cinquante ans, l’ANEFE accompagne et sécurise le développement du réseau. Elle sera particulièrement vigilante à ce que les choix budgétaires de l’AEFE servent la croissance du réseau et non sa fragilisation.
Les parents d’élèves, pas plus que les contribuables, ne peuvent être appelés à éponger des dépenses non maîtrisées de l’AEFE. La soutenabilité du modèle ne peut reposer indéfiniment sur des hausses de prélèvements qui fragilisent les établissements et pèsent lourdement sur les familles.
Plutôt que de chercher à augmenter les recettes par des contributions toujours plus élevées, l’heure est venue d’ajuster rigoureusement les dépenses au regard des ressources réellement disponibles.
Dans ces conditions, nous déplorons le projet de budget présenté ce jour.











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