Après mon déplacement à Njombé et Douala, je me suis rendu en voiture à Yaoundé où j’ai été accueilli par notre ambassadeur de France, Christophe Guilhou (à l’image), que j’avais rencontré dans son précédent poste à Djibouti.

Pour ma dernière étape au Cameroun, je remercie Christophe Guilhou d’avoir organisé une réception avec des représentants de notre communauté française, parmi lesquels les conseillers des Français de l’étranger Josiane Etounga-Manguele et Thierry Dupleix.

Le Cameroun faisant partie des dix premiers pays sélectionnés par l’AFD pour développer l’initiative Choose Africa Résilience votée lors du PLFR3 en août dernier, l’objectif principal de mon déplacement était d’évaluer la réalité de sa mise en oeuvre du dispositif sur le terrain au profit des TPE/PME locales.

Communauté française

Activités consulaires, questions sociales et sécurité

L’ambassadeur a organisé trois réunions de travail à la Résidence :
– Une réunion de cadrage avec les services de l’ambassade (politique, économique, sécurité, défense, culturel…) en présence des chefs de poste.
– Une table ronde sur la sécurité de la communauté française avec les conseillers des Français de l’étranger, l’attaché de Sécurité intérieure, l’attaché de Défense, l’officier de Sécurité.
– Une dernière table ronde sur les questions sociales, avec les conseillers des Français de l’étranger, l’association de gestion du CMS, les associations de Français.

Au 30 novembre 2020, 5834 compatriotes sont inscrits au registre des Français établis hors de France au Cameroun, dont 2718 dans la circonscription de Yaoundé et 3116 dans celle de Douala. 89% des inscrits de la circonscription consulaire de Yaoundé résident dans la capitale.

Yaoundé recense une forte concentration d’expatriés travaillant pour des entreprises françaises présentes dans la région et de personnes âgées présentes sur place de longue date.

Le service des Affaires sociales est fortement sollicité en raison d’une présence importante de français de passage dans la circonscription et d’une population vieillissante, isolée, indigente et ne disposant pas de couverture médicale.

De nombreux Français décédés sont entreposés dans des morgues, parfois depuis plusieurs années, car leurs familles refusent de payer les frais de conservation et l’enterrement, ce qui conduit à des situations inextricables.

La liste électorale consulaire n’est pas accessible. En effet, la double nationalité n’est pas autorisée au Cameroun. Cette opacité protège ceux qui seraient susceptibles d’être mis en difficulté, de ce fait, mais complique la communication avec les électeurs.

Si le Cameroun est plutôt paisible à vivre par rapport aux pays voisins, il s’affiche dans le top 3 ou 4 en matière de fraude documentaire.

Le point fort du pays est l’éducation : huit Camerounais ont intégré Polytechnique. Ils en forment le premier contingent étranger, après être passés par le système d’éducation camerounais. +d’images

UFE Cameroun-Yaoudé

Déjeuner avec les membres du bureau de l’Union des Français de l’Étranger (UFE) Yaoundé au restaurant The Lodge – Bastos.

Présidée par Annick Brickas, alors en France, j’ai retrouvé les membres du Bureau : Olivier Leloustre et Olivier Brickas, tous deux vice-présidents de l’UFE Cameroun-Yaoundé, Alexis du Verdier de Genouillac, trésorier, et la directrice du restaurant The Lodge.

Disposant tous d’une solide expérience de la vie en Afrique, nous avons évoqué les bons côtés de la vie quotidienne en Afrique centrale et les difficultés rencontrées par les expatriés. L’impossibilité pour eux d’ouvrir un compte bancaire en France constitue un obstacle à lever impérativement.

L’UFE est pleinement engagé dans les actions de solidarité envers la communauté française locale.

Nous avons discuté du programme « Choose Africa resilience » de l’AFD qui prévoit de faciliter le développement des TPE/PME dans une dizaine de pays d’Afrique dont le Cameroun. Je remercie les membres du Bureau qui vont m’aider à suivre les progrès de ce dispositif sur le terrain pour vérifier si les entrepreneurs français peuvent effectivement en bénéficier. +d’images

Enseignement

École primaire Fustel de Coulanges

Visite de l’école primaire qui compte 310 élèves en compagnie de Christophe Guilhou, ambassadeur de France, et de Kristell Dorval, directrice déléguée de l’IFC. Le secondaire accueille 447 élèves.

Ce lycée en gestion directe de l’AEFE est un des 4 établissements homologués du Cameroun avec l’école « Le Flamboyant » (Yaoundé) ; les Boukarous (Maroua) et le Tinguelin (Garoua).

L’école a engagé des travaux pour un budget de 400.000 euros afin de disposer de classes toutes neuves. Heureux d’avoir pu observer l’aboutissement d’un effort justement récompensé dont les enfants peuvent bénéficier.

La crise du Covid a fait perdre 10% des effectifs à l’établissement.

Les parents camerounais prennent les études de leurs enfants très au sérieux. Ils font confiance dans leur système local et cherchent parfois à scolariser leurs enfants dans l’enseignement français, mais uniquement à partir de la classe de seconde pour augmenter leurs chances d’accéder à des études supérieures en France.

L’école cherche désormais à monter un programme de mécénat pour financer son activité numérique. +d’images

Spectacle de Noël

Les maternelles de l’école primaire Fustel de Coulanges à Yaoundé ont donné leur représentation. Comme les parents n’avaient pas la permission d’y assister pour des raisons sanitaires, ce sont les élèves du primaire qui ont assuré l’auditoire : vidéo (40s)

Collège François Vogt

Non prévue à l’agenda initial, j’avais décidé d’ajouter la visite du collège Francois-Xavier Vogt, un établissement d’enseignement secondaire camerounais dirigé par des religieux et situé à Yaoundé. Je souhaitais rendre hommage à l’équipe éducative qui permet au collège camerounais d’afficher un des plus forts taux de réussite au baccalauréat du pays et de bénéficier d’une très belle notoriété qui porte jusque dans l’Hexagone. D’anciens élèves réussissent un parcours spectaculaire dans l’enseignement supérieur en France se distinguant même à Polytechnique. Le Collège Vogt a formé des milliers de jeunes camerounais qui occupent des hautes responsabilités dans divers secteurs de la vie économique, culturelle et politique. 

Je n’imaginais pas que cette visite sonnerait la fin de mon déplacement au Cameroun. Je vous recommande donc de visiter comme moi virtuellement le site collège Vogt;

En effet, après avoir été magistralement accueilli par l’orchestre du collège et échangé durant 20 minutes avec le principal de l’établissement, j’ai dû me résigner à repartir sans visiter le collège afin de consulter un médecin au plus vite (voir ci-dessous: Santé).

Culture

Institut Français

Visite de l’Institut français de Yaoundé avec Kristell Dorval, directrice déléguée de l’IFC.

Fort d’un budget de 3,3 millions d’euros, autofinancé à 85%, l’IF va mener des travaux de rénovation sur ses fonds propres en 2021 et se lancer dans un projet de médiathèque mobile.

L’IFC forme 340 enseignants au français par an.

J’ai visité la médiathèque et la salle de spectacles à la faveur d’un événement de Campus France pour les élèves désireux de faire leurs études supérieures en France.

Un très bel Institut situé au cœur de Yaoundé. +d’images

Musée ethnographique

Visite du musée ethnographique des peuples de la forêt de l’Afrique centrale, en compagnie de Kristell Dorval, directrice déléguée de l’IFC.

Nous avons été accueillis par la Dr Thérèse Fouda, sa fondatrice, passionnée des arts et de la culture des peuples de la forêt.

Ce musée est le fruit de plus de 30 ans de recherche et de collecte minutieuse d’objets en collaboration avec des artistes, chercheurs et muséologues, tous spécialistes des peuples de la forêt d’Afrique centrale.

Le musée dévoile l’écriture béni riche de 32 signes. On peut également découvrir un calendrier lunaire et une montre utilisée dans la civilisation des peuples de la forêt. Le musée abrite aussi la reproduction d’une case dédiée aux femmes et d’une autre dédiée aux hommes, exemples de bâtisses traditionnelles. +d’images

Social

Serge Betsen Academy

À la Serge Betsen Academy, j’ai passé un moment exceptionnel à découvrir l’univers où grandissent une trentaine d’enfants aussi joyeux qu’épanouis (à l’image).

Récompensé en qualité de meilleur joueur de rugby au monde en 2002, Serge Betsen, ancien international français au palmarès prestigieux, est installé au Royaume-Uni.

Serge n’est pas seulement un sportif hors du commun, c’est également une personnalité exceptionnelle qui a décidé de consacrer son énergie à la création une structure d’accompagnement des enfants défavorisés au Cameroun.

Peu de temps après mon élection au Sénat, j’avais invité Serge au palais du Luxembourg et promis de visiter l’un de ses centres dès que je me rendrais au Cameroun.

Accueilli par Nadège, Christelle et Josué, j’ai visité le centre Jardin d’Eden, un des 5 centres SBA qui a ouvert ses portes en 2011. Je les remercie de m’avoir fait un joyeux accueil avec les enfants.

Situé au cœur de Yaoundé, ce centre est destiné aux enfants de 3 à 10 ans (enfants scolarisés du CP au CM2) dont la famille est en situation précaire. Il accueille 30 enfants, chaque enfant bénéficiant d’activités diverses grâce à deux intervenants et une responsable de centre, Nadège Noa.

Depuis 2004, la SBA est venue en aide à plus de 6500 enfants défavorisés en utilisant l’enseignement du rugby comme vecteur de développement pour offrir un accès à une éducation de qualité et un suivi de santé. +d’images

Politique

Personnalités camerounaises

Pour ma dernière soirée au Cameroun, Christophe Guilhou, ambassadeur de France, avait organisé un dîner à la résidence de France avec des personnalités camerounaises pour me permettre de découvrir les débats qui animent la vie politique locale.

Le profil des participants était riche et varié :
Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité Sociale et secrétaire général du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) ; Alphonse Nafack, DG Afriland First Bank ; Hon Cabral Libii, député à la tête du PCRN (Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale) ; Rebecca Enonchong, entrepreneure, fondatrice et directrice de AppsTech et Françoise Ellong, réalisatrice.

Les élections régionales se sont déroulées en décembre 2020 au scrutin universel indirect ont vu la victoire massive du RPDC, parti du président Paul Biya au pouvoir depuis 1982.

La présence du ministre Owona face à l’honorable Cabral Libii, candidat à la présidentielle de 2018 ayant obtenu 6,18% des voix face au président Biya, tout comme la liberté de ton de Rebecca Enonchong, m’ont permis d’observer que le débat politique camerounais pouvait être animé et sans concession, mais toujours respectueux.

Je leur suis reconnaissant d’avoir pris le temps de venir échanger avec moi et d’avoir contribué à me faire apprécier leur pays. +d’images

Santé

Centre médical International (CMI)
Clap de fin : quand le plan ne se déroule pas comme prévu.

Ma dernière journée à Yaoundé devait être consacrée à la diplomatie parlementaire avec des rencontres au Parlement.

Bien que me sentant très affaibli le matin, j’ai tenté de respecter mes engagements. Mais à bout de forces lors de la visite du collège Vogt, j’ai été contraint de consulter un médecin d’urgence au CMI.  

Pour la gestion des dossiers sanitaires complexes, la section consulaire s’appuie sur le Centre médico-social de Yaoundé géré par l’Association d’Entraide Médicale des Français du Cameroun (AEMFC), présidée par Jacques Biau.

Le médecin chef est un expatrié, contractuel Paris, tandis que le médecin adjoint, un infirmier, une secrétaire médicale, un chauffeur et un agent d’entretien sont employés par l’association.

En 2019, le centre faisait état de 2112 consultations annuelles, dont 61% en faveur des Français.

Le CMS de Yaoundé a reçu une subvention de 20.000 euros en 2020 destinée à l’achat de matériel médical. L’an dernier, l’AEMFC a obtenu une aide STAFE de 14763 euros, qui lui a permis de réaménager et de moderniser une partie du CMS, dont j’ai bien involontairement contrôlé la bonne exécution.

J’ai en effet pu bénéficier de la qualité des nouvelles installations du CMS, de l’efficacité des systèmes de perfusion et de la réactivité des laboratoires d’analyses. Arrivé déshydraté au CMS et très affaibli, je dois au professionnalisme du docteur urgentiste Michel Joubert et de l’infirmier René d’avoir fait tomber la fièvre et de m’avoir remis sur pied en quelques heures, afin de me permettre de prendre l’avion de Paris le soir même.

Je leur en suis profondément reconnaissant. Deux semaines plus tard, je me sens parfaitement rétabli.

Je suis heureux pour nos compatriotes du Cameroun que ce centre soit partie prenante du plan sanitaire d’urgence du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. +d’images