En matière d’aide sociale, « la situation se complique », m’a confié Gilles d’Agescy, conseiller consulaire, qui m’a accompagné lors de mon déplacement au Maroc, en janvier. Autrement dit, « les subventions diminuent pour les Sociétés françaises de Bienfaisance, tandis que la population vieillit et augmente », laissant Gilles perplexe, lui qui siège à tous les comités de la SFB de Casablanca, réunissant les services du consulat et les acteurs de terrain.

Gilles d'Agescy, conseiller consulaire Casablanca

Gilles d’Agescy, conseiller consulaire de Casablanca

« Nos vieux ressortissants sont bien souvent abandonnés par leurs familles et je me suis souvent retrouvé seul aux obsèques, avec le jardinier ou la bonne le cas échéant », une situation qu’il gère en qualité de président de nombreuses associations : Légion d’honneur, Souvenir français, Maison des anciens…

« Beaucoup de nos résidents français ont dépassé 80 ans et certains se trainent dans une grande misère, car ils ne se sont jamais inquiétés de leurs vieux jours, soupire Gilles. Ils se retrouvent avec une retraite dérisoire, d’aucuns n’ont rien, même pas de Sécu et refusent de tendre la main, par fierté. » Il existe une solution à Rabat. Il s’agit de la maison de retraite de Souissi, au bénéfice de nos compatriotes âgés, dépendants ou malades.

Sous la responsabilité de l’Association de Bienfaisance, cette maison de retraite médicalisée est une vénérable institution qui a plus de 100 ans, mais qui ne dispose que de 41 lits…

La population vieillissante devient de plus en plus dépendante : il faut même protéger les personnes âgées qui ont de l’argent ! Ce qui n’est pas simple parce que le Maroc ne connait pas la tutelle judiciaire. Alors, « à la SFB de Casablanca, nous passons des contrats de gestion de biens. On délivre de l’argent au fur et à mesure des besoins de la personne, sinon elle se fait abuser par le personnel qui l’entoure »…

Heureusement, « la collaboration est totale et permanente » entre le consulat et les sociétés de bienfaisance, à travers tout le Maroc, m’a affirmé Gilles. Les cas des résidents en difficultés sont examinés en réunion de comité consulaire pour la Protection et l’Action sociale, présidé par le consul général.

Deux fois par an, le CCPAS se réunit pour garantir 500 euros par mois aux Français âgés résidant au Maroc, en complétant leurs revenus s’ils sont inférieurs à ce seuil. Les bénéficiaires doivent être dans le besoin et avoir plus de 65 ans, sachant qu’au Maroc il est interdit de travailler au-delà de 60 ans…

Dépendance, hospitalisation, aide alimentaire, rapatriement… Notre consul général à Rabat, Didier Larroque, rend hommage à la Société de Bienfaisance vers laquelle il se tourne aussi par nécessité financière. D’autant qu’entre 2008 et 2014, il a compté 35% d’inscrits supplémentaires, soit une progression de 35%.

Rabat : Charles Fries, ambassadeur de France au Maroc, Olivier Cadic

Rabat : Charles Fries, ambassadeur de France au Maroc, Olivier Cadic

La collaboration avec les associations relève aussi du sens pratique : si le bureau social du consulat visite les détenus une fois par mois, leur acheter du savon ou des cigarettes relèverait du casse-tête administratif…

A Rabat, la Société française de Bienfaisance reçoit 24.000 euros pour l’ensemble de ses œuvres (40.000€ à Casablanca). Les dons, cotisations et revenus d’activité complètent le budget. Ainsi, Gilles m’a expliqué que la SFB de Casablanca gérait deux écoles primaires, dont les bénéfices servaient à l’action sociale et à se constituer un bas de laine pour ouvrir, un jour, une maison de retraite ! Comme à Rabat, l’idée n’est pas d’exploiter un niveau filon de marché, mais de faire payer au minimum nos compatriotes retraités. « Aux alentours de 800€, par exemple, avec une prise en charge de la CFE, Caisse des Français de l’étranger », illustre notre conseiller consulaire.

J’ai eu le loisir d’évoquer la question de l’aide sociale avec Charles Fries, ambassadeur de France au Maroc, sous l’angle de l’image de notre pays et de la défense de nos valeurs humanistes.