Loin de moi l’idée de jeter l’opprobre sur l’Administration consulaire. Sur le terrain, elle fait ce qu’elle peut et son zèle pallie d’ordinaire la faiblesse de ses moyens. Il n’empêche que la gestion des passeports des Français de l’étranger provoque de véritables souffrances humaines. Je reçois ponctuellement l’expression de cette douleur doublée d’un sentiment d’injustice ou d’incompréhension. Pourquoi est-ce si compliqué, si laborieux de renouveler un passeport au XXIème siècle ? Je ne vous parle pas ici des Français qui ont choisi un lieu de vie exotique, à l’abri du tumulte du monde. Non, je vous parle de mes compatriotes du Royaume-Uni !

Meyer Habib à la tribune de l’Assemblée nationale : «Pour les citoyens français de l’étranger, un passeport n’est pas un luxe, c’est une nécessité» (6/11/2013)

Je voudrais partager les deux derniers témoignages que j’ai reçus. Ils illustrent tout le bien-fondé du combat de Meyer Habib, notre député UDI des Français de l’étranger, au faveur d’un « choc de simplification », notamment au sujet des passeports. Meyer a encore interpellé le ministre des Affaires étrangères, il y a quelques jours, dans le cadre du vote des crédits pour les « missions extérieures de l’Etat » (lire : 06112013 – Prise de parole de Meyer Habib Mission Action Extérieur de l’Etat).

Mon premier témoignage est celui de Michel, 79 ans, en attente d’une opération du genou depuis trois mois, qui me demande s’il ne serait pas possible de renouveler ses documents d’identité « par correspondance tout comme le passeport britannique» ? En raison du même souci de motricité, Michel déplore de ne pouvoir se rendre au consulat pour les élections. En effet, les Européennes se tiendront seulement à l’urne…

Le second témoignage est celui de Nancy qui m’a écrit pour pointer le triste sort des résidents français de Jersey et de Guernesey parce que contrairement aux consuls honoraires allemands, nos consuls honoraires ne bénéficient pas d’une machine pour saisir les empreintes biométriques. C’est pourquoi, début novembre, Nancy a dû se rendre à Londres pour renouveler son passeport français en me précisant utilement le coût d’une telle démarche : £290 pour le vol et £190 pour l’hôtel et les frais.

Notre habitante de Guernesey n’en fut pas quitte pour autant avec l’Administration, puisqu’elle n’a pas pu justifier que son mariage avec un ressortissant britannique avait été enregistré en France ! Une obligation légale qu’elle ignorait puisque cette formalité est survenue après son précédent renouvellement de passeport en 2006. Au comble du stress, elle m’avoue avoir éclaté en sanglots. Nancy me demande mon soutien, envisageant même de renoncer à sa nationalité française si elle devait traverser de nouveau un tel tunnel d’anxiété. Voilà où nous en sommes.

« Agissez dès aujourd’hui, monsieur le ministre. La France en a besoin. », s’est insurgé Meyer Habib.

Si produire un passeport prend 11 jours, notre député rectifie qu’il faut parfois « deux mois pour obtenir le rendez-vous au consulat permettant d’enclencher le processus ». Alors, malheur à l’étudiant français qui habite à Ithaca, dans l’État de New York, cite-t-il, car il lui faudra 12 heures aller-retour pour rejoindre Manhattan. Même temps de trajet pour un Français habitant Eilat qui doit se rendre au Consulat à Tel Aviv, complète-t-il.

Quelle aventure pour un simple renouvellement. Quel coût aussi. Tout cela à l’époque internet ! L’Etat doit prendre conscience que « pour les citoyens français de l’étranger, un passeport n’est pas un luxe, c’est une nécessité », ponctue Meyer Habib.

Le groupe UDI n’a donc pas voté le budget proposé pour la mission « Action extérieure de l’État ». Il faut en revenir à la réalité des besoins de nos compatriotes à l’étranger pour construire le budget qui les concerne !

Pour visionner l’intervention de Meyer Habib, député des Français de l’étranger, à l’Assemblée nationale, le 6 novembre 2013, au sujet du budget de l’Action extérieure de l’état.