Ce 16 octobre, l’ambassadeur de Turquie en France, Ismail Hakki Musa, a été auditionné devant notre commission des Affaires étrangères, de La Défense et des forces armées.

Selon l’ambassadeur, « l’Union européenne a sous-traité la lutte contre le terrorisme de Daech à l’organisation terroriste YPG qu’ils combattent ».

Nos alliés kurdes qui nous ont aidé à vaincre Daech sont donc considérés par les Turcs comme de simples organisations terroristes. D’ailleurs le qualificatif de Kurde n’existe pas. Les Turcs veulent sauver les « Syriens locaux ».

Après avoir entendu les propos liminaires de l’ambassadeur, je suis intervenu en ces termes au nom du groupe Union centriste :

“Ils sont tombés sans trop savoir pourquoi…
Hommes, femmes et enfants qui ne voulaient que vivre,
Avec des gestes lourds comme des hommes ivres
Mutilés, massacrés les yeux ouverts d’effroi…”
a un jour, écrit le poète.

Aujourd’hui, par les mêmes chemins de hasard, les mêmes sentiers qui virent il y a cent-quatre ans passer les colonnes d’Arméniens déportés, fuyant le génocide, les troupes turques viennent de pénétrer en Syrie.
Depuis sept jours, en violation de la Charte des Nations unies qu’elle a signée, de la Convention européenne des droits de l’Homme qu’elle a paraphée, sans consulter ses alliés de l’Organisation de l’Atlantique Nord, la Turquie a envahi un État membre des Nations Unies.

Plus grave, dans les zones conquises par l’armée turque et ses alliés, on rapporte qu’ont commencé des exécutions sommaires et des massacres de civils.

Imaginez un camp de réfugiés regroupant des dizaines de milliers de personnes qui se trouvent, du jour au lendemain, sans administration parce que le personnel est parti et sans approvisionnement parce que les routes sont coupées par les combats… c’est un désastre annoncé… », témoigne aujourd’hui un humanitaire occidental dans Le Monde.

Monsieur l’ambassadeur, l’Europe a appris avec inquiétude votre offensive et l’occupation militaire d’une portion du territoire national syrien par vos troupes.

Nous pensons que La Turquie, qui est un grand pays, ne peut poursuivre dans cette voie.

J’entends vos commentaires et vos arguments indiquant que votre entreprise solitaire vise une organisation terroriste comme vous le qualifiez…

Mais avez-vous une estimation du nombre de victimes et du nombre de réfugiés qui résulteront de votre intervention au Nord de la Syrie ?

Réponse de M. L’ambassadeur :

« Nous faisons le maximum pour que les civils soient le moins affectés possible. »

« Les ONG diffusent des statistiques indiquant que cela pourrait créer 30.000 à 50.000 réfugiés. »

No comment !