Signe tangible de l’intimité entre le Royaume-Uni et la France, David Cameron s’est rendu à Paris pour la huitième fois en deux ans !

Le dernier sommet franco-britannique avait déjà été qualifié d’historique dans les médias puisqu’il avait abouti à la signature d’un traité de coopération nucléaire pour une durée de 50 ans (lire : “Traité de défense commune entre la France et le Royaume-Uni” du 05 novembre 2010). Le 17 février dernier, les participants au nouveau sommet apprenaient officiellement la conclusion de divers contrats, dont l’accord passé entre Areva et le britannique Rolls-Royce concernant “la fabrication de composants pour de nouvelles centrales nucléaires” qui nous rapproche d’avantage de la construction des EPR (Réacteurs pressurisés européens) sur le sol anglais. Je félicite au passage Vincent de Rivaz, président d’EDF Energy pour avoir eu le privilège d’un long entretien privé avec le Premier ministre britannique à cette occasion. Le succès d’EDF Energy doit avoir valeur d’exemple pour le plus grand profit de notre commerce extérieur.

Dans les chiffres, notre coopération économique est au beau fixe, “la France est le premier bénéficiaire des investissements britanniques en Europe et réciproquement”, souligne David Cameron. Je rappellerai aussi que 1.600 entreprises françaises sont installées outre-Manche qui emploient 450.000 salariés (lire : “Bernard Emié réunit les consuls honoraires pour évoquer les relations franco-britanniques” du 26 octobre 2011). Cependant, c’est en matière économique que nos divergences affleurent puisque “David Cameron est très attaché au marché unique”, tandis que nous, “nous sommes attachés à ce que la zone euro puisse décider plus rapidement”, résume habilement Nicolas Sarkozy en conférence de presse.

Les deux chefs de gouvernement travaillent évidemment pour harmoniser leurs positions sur ces questions européennes, en espérant aboutir au même partage de vues que sur les sujets de politique étrangère et de défense. Il est manifeste que la crise libyenne aura agi comme un catalyseur permettant à nos deux nations, qui pèsent ensemble la moitié des dépenses militaires de l’OTAN, d’avoir tenu leur rang et fait respecter leurs valeurs aux yeux du monde. Après avoir salué le leadership du président français au cours des événements qui ont fait tomber Kadhafi, David Cameron a conclu que nous n’avons “jamais eu une coopération aussi étroite depuis la Deuxième Guerre Mondiale” !

Au delà de fabriquer des drones ensemble, comme c’est prévu, cette convergence militaro-diplomatique nous appelle à parler d’une même voix, au nom de la liberté, et de plus en plus fort. Il y a partout des briques chaudes : Iran, Afghanistan ou bien le “scandale syrien” parce que “c’est un scandale qu’un dictateur puisse massacrer son peuple”, s’emporte Nicolas Sarkozy devant l’assistance.

Pressions, sanctions, assistance humanitaire, les deux dirigeants avouent que c’est bien “insuffisant” face au drame humain. Jeter l’anathème sur tel ou tel pays paralysant l’action des Nations Unies ne peut occulter le fait que la “révolution syrienne” ne réussira que si elle est “portée de l’intérieur”, prévient David Cameron, en appelant l’opposition actuelle en Syrie à faire “l’effort de rassemblement, d’organisation, pour que nous puissions davantage les soutenir”.

Chacun se félicite de la force du lien franco-britannique, mais il ne saurait se départir de la personnalité exceptionnelle de ses deux représentants. « La force d’une relation, c’est lorsque l’on peut avoir des désaccords mais finalement parvenir à travailler ensemble sur tous les sujets sur lesquels nous sommes d’accord », résume à juste titre David Cameron. Pour sa part, le président français a dévoilé qu’il n’était pas nécessaire de discuter longtemps avec son homologue pour saisir son point de vue : «c’est commode de travailler avec un homme courageux, parce que l’on sait où sont ses lignes rouges».

Je souhaite à ce formidable binôme de fonctionner encore longtemps.

Lien vers la conférence de presse en vidéo sur le site de l’Elysée (25m)