Mardi prochain, le budget de l’AEFE, Agence de l’enseignement français à l’étranger, sera soumis à son conseil d’administration.

Le nœud coulant des finances publiques ne laissera d’autre choix à l’Agence que de voter un budget de circonstance.

« Nous mettrons un terme au sous-financement de l’AEFE », péroraient les Socialistes de l’étranger dans leur programme présidentiel. Le retour à la réalité est brutal. La subvention de l’Etat n’augmentera que de 1% (5,5 millions d’euros) pour atteindre 425 millions d’euros. Dans le même temps, l’Etat fait peser une nouvelle charge de 13 millions d’euros pour financer la part patronale sur les retraites.

Du reste, le sénateur socialiste Richard Jung reconnaît lui-même que « L’Agence devra donc de nouveau augmenter ses ressources propres pour faire face à ses charges. » Ce sera donc aux parents d’élèves de payer la différence. Et ils subiront la double peine, puisque le  budget de l’aide à la scolarité sera réduit de plus de 12% (110.5M€ au lieu de 125.5M€ en 2012).

En ce qui concerne le Royaume-Uni, le projet de budget de l’AEFE se traduira ainsi : l’Etat qui prenait en charge 58% du salaire des enseignants du lycée Charles de Gaulle réduira sa part à 50% d’ici à deux ans. La différence sera à la charge des parents d’élèves. Forcément.

Cette décision est en flagrante contradiction avec le projet socialiste qui promettait que  « la part de l’Etat dans le financement des établissements, en baisse chaque année, sera maintenue à son niveau actuel et un plan quinquennal permettra d’établir les besoins en financement de chaque établissement pour assurer leur pérennité, leur qualité et leur sécurité. »

Par conséquent, il s’avère clairement que l’AEFE devra désormais naviguer à vue et limiter sa vision à gérer l’existant, avec un soutien de l’Etat qui déclinera d’une année sur l’autre. Chaque élève de l’AEFE coûte aujourd’hui 2 210 euros à l’Etat ; il ne devra plus coûter que 2150 euros en 2015.

Il serait temps de reconnaître que l’Etat ne peut plus financer le développement d’un réseau qui compte déjà 485 établissements d’enseignement français à l’étranger, en dépit d’une demande croissante.

Alors, quel avenir pour l’enseignement français à l’étranger ? Osons d’abord répondre cette question : « Pourquoi avons-nous besoin d’un enseignement français à l’étranger ?» avant de nous demander comment le faire fonctionner.

En faisant de l’AEFE, l’alpha et l’oméga du développement de l’enseignement français à l’étranger, le risque est désormais élevé de voir le rayonnement de la France décliner au profit d’autres systèmes éducatifs en plein essor.

D’ailleurs, le développement de filières bilingues, intégrées au système éducatif du pays partenaire piétine. Pour 2013, il est prévu 1 695 000 élèves inscrits en section bilingue, soit le même nombre qu’en 2010. Ce résultat justifierait une vraie remise en cause de notre stratégie dans ce domaine.

Nos finances publiques agonisent, les parents d’élèves sont mis à contribution permanente sans pouvoir planifier l’évolution des tarifs et, surtout, de nombreux enfants restent à jamais les oubliés du dispositif, faute de solution alternative au manque de place, à leur éloignement géographique ou à l’inflation du prix de la scolarité.

Les caciques du « tout Etat » ont les rênes bien en main. Pourtant, tôt ou tard, il faudra redéfinir la mission de l’AEFE, la concentrer uniquement sur des actions que l’Etat peut financer sur le long terme et confier la gestion des établissements à des partenaires dont c’est la vocation.

Photo Flickr de Sebastian Kobs