Les Français ont opté pour « le changement » il y a bientôt deux ans. Tout comme leurs compatriotes restés en métropole, Les Français de l’étranger en ressentent douloureusement les effets.
La réforme des bourses décidée par le gouvernement a conduit à une chute de 42% du montant des bourses versé en 2013 aux parents des élèves du lycée Charles de Gaulle de Londres ! On sait que cette politique restrictive va s’amplifier en 2014.
La réforme des bourses va éconduire les familles économiquement fragiles du système de l’AEFE, Agence pour l’enseignement français à l’étranger. La Gauche instaure clairement la sélection par l’argent. Je pose la question : est-il normal qu’une institution dotée de plus de 500 millions d’euros de subventions ne s’attache pas à garantir la mixité sociale au sein de ses établissements?!
En effet, en 2011, la subvention du ministère des Affaires étrangères destinée à l’AEFE s’élevait à 420,8M€, tandis que l’aide à la scolarité s’établissait à 119M€. Le total du budget consacré à l’enseignement à l’étranger représentait donc 539,8M€.
Au Royaume-Uni, une vague d’indignation enfle parmi les parents d’élèves qui ont besoin d’une bourse pour financer, tout ou partie, des frais de scolarité de leurs enfants. Mais cette vague d’amertume s’étend à presque tous les parents après l’annonce d’une hausse annuelle d’environ 8% des frais de scolarité. Le coût est d’autant plus rude pour le budget familial que vous avez plusieurs enfants scolarisés.
Quelle est la finalité poursuivie par le gouvernement à l’horizon des deux prochaines années ?
La réponse se trouve, en filigrane, dans le projet de loi de finances 2014 (PAP 2014 Action extérieure de l’Etat – page 100), où l’on peut lire : « les prévisions pour 2014 et 2015 sont établies pour rapprocher les écolages versés par les familles du coût réel complet de la scolarisation des élèves dans les EGD (Etablissement en gestion directe) »
En termes clairs, les parents d’élèves vont, à terme, assumer l’intégralité des coûts de la scolarité française à l’étranger. Ils en assument déjà 60%.
Cette politique se traduira par un accroissement substantiel des frais de scolarité au lycée Charles de Gaulle.
En effet, en page 14 du même document, nous découvrons que la subvention destinée à l’AEFE sera de 416,5M€, tandis que l’aide à la scolarité s’élèvera à 118,8M€, soit un total de 535,3M€ en 2014. Pour information, le budget était de 539,8M€ en 2011.
L’engagement de l’Etat en 2014 est donc inférieur à celui de 2011 !
Mais, dans le même temps, les frais ont augmenté de plus de 38% au lycée Charles de Gaulle !
L’Etat fait supporter aux parents d’élèves non seulement 100% de l’augmentation des coûts du lycée, mais également 100% des coûts de son administration centrale !
Afin que les parents puissent déterminer s’ils seront en mesure de supporter financièrement une scolarisation de leurs enfants au lycée dans la durée (soit 12 années, du cours préparatoire à la terminale), j’ai demandé au proviseur Olivier Rauch de nous indiquer son anticipation du taux annuel d’augmentation pour les cinq prochaines années.
Actuellement, l’AEFE n’offre aucune visibilité à moyen ou long terme. L’Agence est incapable de se projeter au-delà de trois ans, ne pouvant garantir la part de subvention consacrée aux salaires des enseignants d’une année sur l’autre… Par conséquent, Olivier Rauch m’a honnêtement répondu qu’il était tout à fait illusoire de réaliser une anticipation sur cinq ans.
La réforme des bourses, alliée à une volonté de faire assumer l’intégralité des coûts de scolarité à l’étranger par les familles, va accentuer le phénomène de retrait d’enfants issus des classes moyennes.
La démarche du gouvernement est paradoxale : subventionner largement une organisation étatique en charge de gérer un réseau d’écoles… financé à terme exclusivement par les familles !
Nul besoin d’être prospectiviste pour comprendre que cette politique affligeante et partiale éradiquera, à terme, la mixité sociale au sein des établissements du réseau AEFE.
L’attitude du gouvernement socialiste porte gravement atteinte à l’idée que je me fais du pacte républicain !
C’est pourquoi j’ai demandé, lors de la dernière réunion du plan Ecole et du conseil d’établissement du lycée, qu’un indicateur soit mis en place pour mesurer la mixité sociale au sein des établissements de l’AEFE.
Photo Flickr de Pekka Nikrus